On peut convoquer De Gaulles. Pour la bonne cause. Mais il serait peut-être plus judicieux, ici, d'évoquer Bourguiba. Que la majorité des Tunisiens, ou du moins, une bonne partie parmi eux, n'ont pas besoin de convoquer. Parce qu'il est toujours présent dans leur mémoire. Et qu'il guide avec assurance, leurs pas, lorsqu'ils vacillent. Bourguiba qui est parti, il y a 20 ans. Un jour comme hier. Dans le silence. Mais ce silence était, déjà, assourdissant. Et aujourd'hui il pourrait exploser. Mais, n'est-ce pas, l'on ne peut pas comparer l'incomparable. Pourquoi le Président Saïed, s'est-il cru, obligé, dimanche, de participer au chargement des aides, destinées à des classes défavorisées de la société ? Et qu'est-ce qu'il voulait prouver, en faisant cela, qui plus est, face à la caméra, lorsque tous ceux qui ont voté pour lui, en attendaient autre chose ? Autre chose qui a, à voir, avec l'essentiel. Et l'essentiel, ce n'est certainement de charger des cartons, quand bien même ils seraient remplis de victuailles, pour qu'ils soient acheminés vers ceux qui ont certes du mal aujourd'hui, à assurer leur pitance, parce que, s'ils avaient à choisir, ils demanderaient plutôt au Chef de l'Etat, de se pencher sur des « dossiers » plus conséquents, qui puissent, réellement, impacter sur leur quotidien. Et pas d'une manière ponctuelle. Parce que, en définitive, s'ils se sentent démunis aujourd'hui, et que pareils « paquetages » leur sont, hélas, nécessaires, pour la survie, ils savent pertinemment, au fond d'eux-mêmes, que ce ne sera pas conçu pour durer. Et que ça ne ravalera pas leur colère. Un geste de trop ? Kaïs Saïed devrait, à notre humble avis, beaucoup s'inspirer de Bourguiba, pour pouvoir mener sa « barque ». Et il pourra lui pardonner, dans la foulée, de ne pas, avoir, comme lui, pris la décision, de s'adresser toujours en arabe littéraire, à son « peuple », s'il arrive à comprendre, qu'il y a un message qui passe, lorsque l'autre rebondit sur un mur, qui n'a pas d'oreilles, lorsque celui qui parle, oublie à qui il est en train de parler. Nous ne doutons pas une seule seconde, des bonnes intentions du Président. Mais il faudrait que des conseillers, bien intentionnés, lui expliquent qu'être populiste, ce n'est pas être populaire. Et qu'il devrait se placer plus haut. « … là où il n'y a pas d'encombrements ».