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" Bourguiba et la question religieuse "
MEMOIRE COLLECTIVE
Publié dans Le Temps le 28 - 12 - 2007

Tel est le titre d'un ouvrage en langue arabe, réalisé par Amel Moussa, femme de lettres, poétesse et journaliste par lequel elle présente, suivant une démarche académique et une analyse cartésienne, une étude de l'attitude de Bourguiba face à la question religieuse en Tunisie, que ce soit en tant que militant lors de la colonisation ou en tant que chef d'Etat à l'aube de l'indépendance.
En effet, la question religieuse a toujours été liée à l'identité du pays, la Tunisie ayant été considérée depuis les conquêtes islamiques comme une terre d'asile pour les musulmans.
En 1830, beaucoup d'Algériens, menacés par l'occupation française étaient venus s'installer en Tunisie.
Ce fut également la question religieuse qui anima les premières révoltes en Tunisie contre l'occupant.
Les chefs de tribus, tels que Ali Ben Khélifa, agissaient, en Tunisie tout comme en Algérie pour la même cause qui était la défense des musulmans contre l'offensive de l'occupant étranger et ennemi de l'Islam.
De même qu'en 1910, ceux qui emboîtèrent le pas au mouvement " Jeunes Tunisiens " étaient des " zeitouniens " dont les fondateurs du parti du Destour avec à leur tête Abdelaziz Thaâlbi.
Ce fut lui qui préconisa la méthode de contestation et surtout de dénonciation des abus du colonialisme, après que ses prédécesseurs, dans ce même mouvement, eussent commencé par des moyens plus pacifiques préférant plutôt le dialogue, en caressant l'espoir de voir des améliorations dans les relations du colonisateur avec le peuple.
Abdelaziz Thaâlbi dénonça de prime abord dans son ouvrage " La Tunisie Martyre " la spoliation des droits d'un pays souverain, qui avait un territoire, une constitution et un peuple avec une identité arabo -musulmane depuis des siècles.
La délégation qui présenta des revendications à Naceur Bey quelques années plus tard, étaient composée, entre autres, de dignitaires religieux, dont le Cheikh Sadok Ennaïfar.
A titre de riposte par le colonisateur, le congrès eucharistique en mai 1930 organisé en Tunisie, et plus précisément à l'Eglise Saint Louis à Carthage, par réminiscence aux croisades où Louis IX avait péri de la peste à Tunis, avait pour but de contre -carrer cette action nationaliste et militante dont les acteurs étaient à la base des zeitouniens.
L'implantation des religieux catholiques, et des missionnaires avait contribué pour une large part à raffermir le colonialisme en Tunisie.
Le Cardinal Lavigerie, dont la statue était érigée juste à l'entrée de la rue de la mosquée de la Ezzeitouna (anciennement la rue de l'église durant l'ère coloniale) était parmi ceux des missionnaires qui encourageaient le colonialisme.
Bourguiba avait vécu toute cette ambiance et était bien conscient d'une telle situation.
Fraîchement débarqué de Paris, avec les idées progressistes de l'époque, il s'affronta, au sein du parti du Destour, auquel il adhéra, aux zeitouniens conservateurs.
En fait, c'était les croyances figées et obscurantistes qu'il rejetait.
Amel Moussa, fit judicieusement remarquer que Bourguiba préconisait la méthode scientiste fondée sur des analyses objectives et des prémices tangibles.
Elle expliquera à juste titre que Bourguiba impressionné par la personnalité de Kamel Attaturk il essaya donc d'agir de même, à l'aube de l'indépendance.
Il avait d'abord commencé par le statut de la femme, avec l'élaboration d'un code auquel ont prit part des dignitaires zeitouniens tels que les cheikhs Abdelaziz Djaït et Fadhel Ben Achour.
Ce fut par ce code que la femme a pu recouvrer ses droits à côté de l'homme.
La bigamie fut interdite et les droits de l'enfant et de la famille en général protégés.
Puis ce fut la question du jeûne qui a été abordée par Bourguiba de la manière la plus directe et la plus crue.
L'auteur de cet ouvrage notera à juste titre que Bourguiba a essayé d'obtenir auprès de certains dignitaires religieux une " fetwa " permettant en ce qui concerne le jeûne, d'exempter parmi les travailleurs ceux qui sont appelés à fournir de gros efforts physiques, ou même intellectuels.
Cependant, il s'opposa à une réticence de la part de tous les cheïkhs de la Ezzeïtouna qui étaient catégoriques sur la question.
Alors qu'il put justifier l'interdiction de la bigamie par des versets coraniques.
Le Cheikh Djaït a refusé de cautionner cette transgression à l'un des cinq piliers de l'Islam.
Le Cheïkh Ben Achour, qui fut longtemps à la tête de la mosquée Ezzeïtouna, se déroba à la question par une réponse " normande " en déclarant qu'elle nécessite une mûre réflexion.
Comme l'a fait remarquer l'auteur du présent ouvrage, ce fut pour Bourguiba l'occasion de se déchaîner sur ces cheikhs n'hésitant pas à qualifier leur attitude de manque de courage et de franchise et à dénoncer publiquement certains de leurs actes durant l'ère coloniale, dénotant une certaine allégeance avec l'occupant.
Dans un de ses discours il prit le temps en effet de lire une " fetwa " du cheïkh Ben Achour en faveur de la naturalisation, pour la commenter par les critiques les plus violentes et les plus acerbes.
Cette question du jeûne suscita des remous dans certaines régions de Tunisie, dont notamment à Kairouan où le cheïkh Abderrahmane Khélif a été sévèrement réprimandé.
Amel Moussa ne manqua pas également de préciser que Ben Youssef, qui pourtant avait la même formation que Bourguiba, voire la même démarche intellectuelle, chercha à trouver appui auprès des zeitouniens lors de son différend avec celui-ci.
La question religieuse a finalement été et restera toujours au cœur des événements.
C'est le message que l'auteur a voulu transmettre à travers cet ouvrage intéressant et toujours d'actualité.


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