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Que de mystifications hors-propos !!!
Publié dans Le Temps le 12 - 08 - 2020

Explosion sur les réseaux sociaux, reprise illico par certains médias. Le chef de gouvernement désigné Hichem Méchichi est « allé voir » Rached Ghannouchi chez lui. Quelques heures seulement après un entretien téléphonique entre le Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le Président de la République Kaïs Saïed. Selon la Présidence de la République, l'entretien a porté sur le projet de résolution en cours d'examen au Conseil de Sécurité de l'ONU, à propos du renouvellement de l'embargo sur les armes pour l'Iran. Un sujet qui relève exclusivement de la compétence du chef de l'Etat, d'autant plus que la Tunisie occupe le siège de membre non permanent audit conseil.
Une histoire d'envergure internationale impliquant le secrétaire d'Etat américain et le chef de l'Etat tunisien. Dans la logique islamiste, ne manque à ce trépied que la personnalité et le charisme de Rached Ghannouchi, l'empreinte indélébile des Frères musulmans en Tunisie et dans la région. Du côté des « mouches » du parti Ennahdha et des médias qui lui sont inféodés, cette activité présidentielle devrait prendre la bénédiction de Ghannouchi, afin de parfaire sa légitimité. Car l'idée sur laquelle travaille Ennahdha, désormais, consiste en l'installation d'un climat d'incertitude, voire de peur, pour une Tunisie qui s'apprête à vivre la politique sans le génie nahdhaoui. Celui immaculé de Rached Ghannouchi.
Partant, il était tout à fait aisé d'introduire l'entretien que Hichem Méchichi aurait eu avec Ghannouchi (chez ce dernier) dans cette activité présidentielle, où le consommateur doit se résoudre à admettre les dimensions régionales et internationales du personnage de Ghannouchi, nonobstant les 97 voix qui avaient signé son départ de la présidence de l'ARP, voici quelques jours. Un personnage surplombant le chef de l'Etat lui-même, sans parler des autres institutions constitutionnelles rompues à cette activité diplomatique, sans oublier l'imposant Conseil National de la Sécurité.
Un cadavre, mal dans son inertie
Quelques heures après, le Conseil de la Choura d'Ennahdha, via son président Harouni, se répand en termes à peine voilés, afin de multiplier les menaces contre l'option prise par le chef de l'Etat en faveur d'un gouvernement Méchichi où les partis politiques n'auront plus de voix au chapitre. En des termes assez nerveux, Harouni dit que le Choura est résolument pour un gouvernement partisan, qui devrait être formé en respectant les quotas des partis au sein de l'ARP actuelle. Cette même ARP qui s'apprête à rendre l'âme d'un jour à l'autre.
Ceci dit, Ennahdha se présente désormais comme étant le seul parti à contester publiquement les options présidentielles, dont celle portant sur la formation du gouvernement. Méchichi a été désigné afin, justement, de former un gouvernement qui soit dégagé de l'emprise mafieuse des partis politiques ayant semé la gabegie dans la vie politique tunisienne depuis les élections de 2019.
Certaines pages du parti Ennahdha ont glissé que durant l'entretien téléphonique avec Kaïs Saïed, Pompeo aurait exprimé son mécontentement quant à « l'exclusion » d'Ennahdha des concertations en cours, en préparation à son « exclusion » du prochain cabinet ministériel de Méchichi.
Pourtant les choses sont simples, d'un point de vue purement protocolaire. A ce titre, l'entretien Méchichi-Ghannouchi s'est déroulé en dehors de Dar Dhiafa, lieu officiel des concertations. Il s'agit donc d'une activité officieuse n'ayant aucun poids ou incidence sur le cours normal des tractations officielles du chef du gouvernement désigné. Lui conférer un quelconque caractère solennel relève d'une volonté de manipulation politicarde de mauvais goût.
De l'autre bord, des gens se sont inquiétés de l'éventualité d'un revirement sur l'option déjà affichée, de former un gouvernement de compétences non politiciennes, et non partisanes. Là encore, les mécontents n'ont pas raison. Car Méchichi n'a certes pas décidé seul d'aller voir Ghannouchi chez lui, sans l'injonction ou l'aval préalable de Kaïs Saïed, le maitre d'œuvre de ce chantier. Mais, Méchichi a mis fin à toutes les supputations, en déclarant dans sa conférence de presse qu'il a opté pour un gouvernement d'indépendants.
Des interprétations culottées
Dire que l'entretien est dérivé de la communication téléphonique entre le secrétaire d'Etat américain et le Président de la République relève tout simplement de l'anecdote, voire d'une ignorance primitive des normes diplomatiques. Les islamistes propagent de longs articles selon lesquels Pompeo aurait fait part à Kaïs Saïed de son inquiétude quant à « l'exclusion » d'Ennahdha des concertations de Méchichi et des audiences présidentielles. Sa marginalisation en somme. Par voie de conséquence, Saïed aurait fait machine arrière, et en aurait fait part à Ghannouchi par le truchement du chef de gouvernement désigné, Méchichi.
Un secrétaire d'Etat, un ministre des Affaires étrangères, américain en sus, intervient par téléphone auprès d'un chef d'Etat, pour lui donner des consignes sur des questions de politique intérieure tunisienne. Le chef de l'Etat le gobe sans broncher, et charge son dauphin d'aller presque « s'excuser » auprès de Ghannouchi. Franchement, il faut une bonne dose de shit pour le croire ! D'autant plus que cette version a été pratiquement réduite en cendre par la prise de position passionnée du choura d'Ennahdha.
Admettons que Pompeo ait eu l'indélicatesse de parler « Ennahdha » avec le Président de la République. Il n'aurait en aucun cas recommandé de privilège ni pour Ghannouchi, et encore moins pour Ennahdha. Selon les normes diplomatiques, ceci s'apparente à une « ingérence dans les affaires intérieures d'un pays tiers ». Un délit international inadmissible, du moins par les textes actuels régissant les rapports entre Etats.
On peut broder à l'infini sur ce genre d'allégations mystificatrices, mais qui ne correspondent à aucune réalité sur le terrain. Sauf une ! Et c'est celle qui peut être la plus plausible, par expérience. A la veille des dernières municipales, Rached Ghannouchi a pris l'avion pour Bruxelles, où il a eu un entretien « informel » avec la ministre européenne des Affaires étrangères, Madame Mogherini. Ghannouchi était accompagné de sa fille et de son gendre, Rafik Bouchlaka. L'entretien s'est déroulé dans une salle qui n'a rien à envier à un vestibule. Le message de l'Union Européenne était clair et concis : Tous les instituts américains et européens s'accordent à vous donner de 6,5 à 8% des suffrages lors des prochaines municipales. En cas de manipulation ou de mauvaise tête, M Trump, et l'Europe avec, vous mettront sur la liste des groupes terroristes. Dans ce cas, tous les membres dirigeants de votre parti seront interdits de fouler les territoires américains et européens. Les résultats des municipales avaient confirmé ce pronostic fatal. Les 20% d'Ennahdha correspondaient à 6,8% de la masse inscrite. Tout le reste ne fut que de la littérature destinée aux cheptels.
Méchichi était-il allé transmettre un message similaire à Ghannouchi ? Une mise en garde, dans des gants de velours, et dans les limites du protocole. Cela parait plus plausible que les diatribes creuses véhiculées çà et là, à travers des médias qui semblent, au bout d'une décennie, n'avoir pas compris comment fonctionne la machine de mystification islamiste.


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