Le sport en général, et le football en particulier, a des liens de plus en plus étroits avec l'ensemble de la société, comme on peut s'en rendre compte chaque fois qu'on se rend dans un stade. Il joue aussi un rôle éducatif de plus en plus affirmé et fournit la « bonne passion », dont nous avons besoin dans la vie moderne. Le sport en général et le football en particulier, a une fonction éminente, puisqu'il contribue à l'apprentissage des règles communes, du respect de l'autre, de la maîtrise de soi. Bref, c'est un formidable outil pédagogique, en même temps qu'une source de plaisir. Son attrait, son caractère d'activité de proximité en même temps que son extension « planétaire », lui confèrent un rôle sociétal de premier ordre. Ce n'est plus un supplément d'âme, mais une activité essentielle au progrès, un outil de formation de l'individu, comme du citoyen. Hélas, notre monde sportif, et celui du sport-roi, n'en n'est pas épargné, connaît plus que jamais dérives et difficultés. Violence physique et verbale en compétition, sur les enceintes, et aux environs des arènes ; tricheries, dopages, paris clandestins, transactions commerciales sur de jeunes sportifs mineurs... Pour ne citer que les manifestations les plus insupportables, celles qui portent préjudice à l'éthique du sport et portent atteinte à l'intégrité du sportif, et qui viennent d'être consolidées par un nouveau tropisme qui a vu le jour, le week-end dernier à Sfax, à l'occasion de ce fameux match CSS-EST qui figurera dans nos annales. Non pas par la qualité du football, non pas par le score qui l'a sanctionné mais, hélas, par cette tristement et désormais célèbre décision de sommer les joueurs sfaxiens d'abandonner le terrain et le jeu à quelques poignées de minutes du triple coup de sifflet final. Qui a tort et qui a raison dans cette affaire ? Il n'est pas de notre rôle de fouiller dans les consciences, les actes, les défaillances de chacun, mais notre vœu extrême est que soient strictement appliqués les textes, après enquête de la tutelle. Le gâchis n'en reste pas moins effroyable et, quelque soit la solution promise, que des têtes sautent ou qu'elles restent, ce qui était noble et grand au CSS ne le sera plus. Oser dire, et sans le moindre scrupule, qu'on compte se baser sur une brèche pour appuyer sa réserve n'est que la preuve par neuf qu'aux yeux de ces gens, tous les moyens sont bons pour arriver à une fin.
Et la solidarité ? Ceux-là mêmes qui sont hués avant le match ont réussi, via des systèmes d'agissements et des comportements étudiés bien à l'avance, sont sortis, au grand dam de la morale, sous les applaudissements. Ils ont réussi à remuer des foules et ont sûrement rallumé la flamme de la haine et du chauvinisme chez les uns et chez les autres. Et c'est très grave ! Le sport n'est après tout qu'un moyen de rapprochement, et de solidarité... On l'a beau crié, des milliers de fois, certains n'y croient toujours pas, sinon comment se sont-ils sentis vexés par le geste symbolique fait par Hamdi Meddeb à l'endroit de Haj Messaoud, à qui on souhaite toujours un prompt rétablissement ? Notre cher pays fête le 8 décembre de chaque année la Journée Nationale de la Solidarité dont il s'est inspiré quelque temps après les Nations Unies. Le geste de Hamdi Meddeb rentre dans ce cadre, bien ancré chez tout tunisien, et ce n'est sûrement pas, connaissant l'homme, de l'exhibitionnisme pour qu'on en soit si affligé. Notre crainte est ailleurs. Elle est dans cette escalade d'argent des transferts et dans ce croissant fanatisme qui détourne certains responsables de leurs vrais rôle et fonction, quitte à sortir de la légalité sportive, quitte à s'accrocher aux futilités et mesquineries, ces prétendus refuges juridiques et vices de forme. Où va notre football ? Pour le moment, le football et ses beaux sentiments, à Sfax où le week-end dernier on a franchi la ligne blanche, ont menti à tous ceux qui croyaient en lui. Le football, d'après la charte du sportif, est, entre autres, synonyme de fête, d'appartenance à une même collectivité et de respect des valeurs humaines qui doivent prévaloir sur tous les enjeux, économiques compris. La fête a été gâchée et des attitudes pareilles, inexplicables, ne font qu'attiser le feu de la rancœur, quant au respect on l'a bien remarqué dans les diverses séquences télévisées. En conclusion, ce que nous voulons c'est freiner, sinon éradiquer, ces dérives. Dommage pour les uns, tant mieux pour le sport en général et le football en particulier !