Progressant au rythme d'une centaine de mètres par jour, le "mur de Trump" qui sépare les Etats-Unis du Mexique, ressemble encore à une passoire loin de dissuader les migrants. A voir la douzaine d'ouvriers au visage couvert qui travaillent pourtant jour et nuit à Puerta Palomas, au milieu des 3.142 km de frontière, il semble difficile de croire qu'aboutira le projet tonitruant du président républicain qui doit quitter la Maison Blanche dans 45 jours. D'autant que son successeur démocrate Joe Biden a fait savoir que s'il ne démolira pas ce qui a été érigé, il ne poursuivra pas les travaux. Dans la poussière du désert et le vent glacial, la construction se poursuit 24 heures sur 24. A ce rythme, selon le service américain des douanes et de la protection des frontières (CBP), seuls 5,5 km de mur devraient être construits d'ici le 19 janvier, dernier jour du mandat de Trump. "Nous avançons de 120 mètres chaque jour. On ne nous a pas dit d'arrêter. Avec tout ce qui a déjà été dépensé, comment peut-on laisser ce travail inachevé ?", s'étonne un ouvrier avant d'être contraint de se taire par son contremaître. Une grue déplace une grille d'acier qui est ensuite déposée dans une étroite tranchée de 2,4 mètres de profondeur. Prochaine étape : la pose d'énormes barres d'acier de près de dix mètres de haut qui sera effectuée par la prochaine équipe. Le segment de Puerto Palomas fait partie d'une section de 92 kilomètres de mur dans le secteur d'El Paso, au Texas, plaque tournante de nombreux migrants, selon le CBP. De facto, sous la présidence Trump, 661,4 km de mur ont été érigés sur les 1.187,7 km initialement prévus, selon des données du CBP. Sa promesse électorale de fortifier la frontière sud des Etats-Unis est donc loin d'avoir été tenue. Et seuls 94,8 kilomètres de mur ont été édifiés sur une portion de frontière entièrement ouverte. La plus grande partie des autres segments a été renforcée. Coût total: 14,9 millions de dollars. La hauteur du mur ne dissuade cependant pas les migrants bien que beaucoup aient vu leurs rêves de passer aux Etats-Unis s'effondrer à cause de lui. Joe Biden "semble être une personne très humaine, non pas que Trump ne le soit pas, mais il ne nous aime pas", estime Elienai Lopes, un Brésilien de 27 ans qui a tenté à quatre reprises de traverser la frontière.