Elle défraie la chronique ces derniers temps notre Amel Methlouti nationale. Le Washington post lui réserve un espace pour s'exprimer sur la révolution de 2011 dont elle était l'égérie, alors que France culture s'interroge sur sa vision du confinement. Sans oublier RFI et bien d'autres médias internationaux et non des moindres qui ont beaucoup de considération pour l'artiste respectable et respectueuse qu'elle est. Depuis quelques jours le site de référence pop classe Amel Methlouthi comme étant la ‘' voix la plus fiable'', elle qui revient avec son dernier titre ‘'Everywhere we looked was burning'' et quelques mois auparavant pendant le confinement, elle sort son album ‘'The Tunis diaries''. Le confinement était pour Amel un temps de répit qui lui a permis de se retrouver et de retrouver les siens, mais aussi un temps libre synonyme de créativité et de productivité. L'artiste a assuré plusieurs live sur internet pour donner du plaisir à des internautes cloitrés entre les murs de la solitude et de la peur pendant le premier confinement. Pendant ces temps-là, elle a rassemblé des artistes et plusieurs personnalités pour chanter son titre phare de 2011 ‘'Kelmti Horra'' ( Ma parole est libre) qui lui a valu un plébiscite international et l'honneur de chanter devant un parterre princier à Oslo au lendemain de la révolution. Un texte émouvant Depuis quelques jours et depuis New York, l'artiste a un écrit un texte émouvant pour France culture, digne de son nom et de son parcours artistique consacré aux combats pour la liberté et les droits humains. « Notre vie était-elle normale ? » s'interroge l'artiste dans un écrit vibrant considéré par la rédaction de France culture comme étant « un texte aux réflexions aussi existentielles qu'intemporelles. » « Depuis ma fenêtre sur west 4th street au sud de Manhattan, j'entends la rue qui grouille de monde. Je vois des gens qui essaient de rattraper les milliers d'heures passées dedans, coincés chez eux, qui leur ont été volées ces derniers mois. » dit-elle. Et l'artiste d'ajouter « J'ai longtemps réfléchi à ce que nous devrions envisager le moment venu, si nous pouvions reprendre une vie normale. Mais notre vie était-elle normale ? Que l'on soit artiste, boulanger, employé de bureau, travailleurs et travailleuses de par le monde, notre vie était toute déterminée. Condamnés ou plutôt damnés à courir, contre la montre, du lever jusqu'au coucher. Y compris nos vacances étaient devenues stressantes. Pendant le confinement, j'ai repris des conversations longtemps oubliées, j'ai reparlé quotidiennement avec des relations longtemps délaissées. J'ai joué avec ma fille par plaisir des centaines de fois. J'ai discuté avec mon père, sur des milliers de sujets intéressants et profonds. J'ai rejoué de vieilles mélodies par amour et non pour préparer un projet ou un concert. J'ai arrêté de me demander ce que j'allais devenir et si j'avais assez avancé dans ma vie. Pourquoi avons-nous accepté de se faire voler nos plaisirs simples et tellement humains ? Pourquoi nous sommes-nous résignés à devenir des machines à efficacité et de rendement ? À se considérer le nombril du monde tout en se tuant à petit feu ? Tout d'un coup, tout s'est arrêté, la course, la compétition et nous avons ouvert les yeux. Une autre manière de vivre, réellement vivre, était-elle possible ? Une vie où nous avons le temps d'être humble, d'avoir de l'empathie, du temps pour nos familles, nos amis ? » Amel Methlouthi a été également sollicitée par le Washington post pour s'exprimer sur la révolution de 2011. Sans fard ni paroles superflues, l'artiste a expliqué ce qui peut être traduit comme un message d'espoir aux Tunisiens et au reste du monde. Selon elle, la révolution finira par donner ses fruits même si l'évolution des choses ne semble pas se montrer encourageante pour l'instant. Gardons l'espoir. M.B.G.