p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Jameleddine EL HAJJI p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"L'article de la journaliste américaine Claire Parker dans le Washington Post, portant sur l'«évolution» de la révolution tunisienne selon le point de vue du dernier Frère musulman du printemps arabe, Rached Ghannouchi, a fini par convaincre quant à une campagne «payée en dollars sonnants et trébuchants» que le parti Ennahdha tente de sa propre initiative, au moment où ni l'administration américaine, ni l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis n'a réagi. Une sorte d'offensive unilatérale clairement destinée au nouveau gouvernement américain de Monsieur Biden, fraichement élu, et dont le programme annoncé n'est plus aussi tranquillisant pour les islamistes, comparé à l'Eden que son prédécesseur démocrate Barak Obama avait drainé en 2011 devant les islamistes de la région Afrique du Nord-Moyen Orient. Les nouvelles idées de Biden et de son administration ne traduisent en aucun cas une démission de la gageure défendue par l'administration américaine depuis les événements du 11 septembre 2001. Le mandat Obama a permis simplement de veiller à mettre en œuvre, en le lançant simplement, le plan du « nouveau Moyen-Orient », sur la base d'une participation des Frères musulmans du monde arabe à un processus démocratique, auquel l'administration américaine se réserve le droit d'en évaluer chaque étape sur le terrain. Les expériences de l'Egypte, de la Syrie, de la Libye et du Yémen, accumulées durant la décennie 2011/2020, présentent un bilan que les Américains apprécieront sans état d'âme. L'intérêt des Etats Unis se présente comme étant plus complexe que les acrobaties que le parti Ennahdha, et Rached Ghannouchi et ses proches, ont entrepris depuis quelques mois à l'égard de Washington, au prix d'une série de défis et dépassements des règles du jeu politique, au mépris des textes de la Constitution et des lois régissant cette nouvelle démocratie. Camoufler son bilan décennal : Est-ce de bon conseil ? Le bilan de cette décennie est sans appel : Catastrophique sur tous les tableaux, et émaillé de plusieurs actes de violence politique, dont aucun mouvement ou parti politique tunisien autre que le parti Ennahdha n'ont revendiqué la paternité. Rien que ce point résonne mal à Washington. A quoi s'ajoute une « épopée/razzia » de dépouillement de l'économie qui vient de se solder par la notation de Moody's, reléguant l'économie tunisienne en queue de peloton. Les démonstrations de force du parti islamiste Ennahdha semblent avoir sonné mal chez les Américains. D'où la petite phrase de Ghannouchi au Washington Post, reconnaissant pour la première fois en termes clairs «une partie» de la responsabilité du parti islamiste dans cet enchainement infernal auquel le pays a été soumis depuis 2011. A Tunis, cette phrase sonne autrement. Cet aveu, bien qu'enduit de termes destinés à la consommation interne des islamistes tunisiens, comme « l'intégrisme laïc » que Ghannouchi semble opposer à l'intégrisme islamique, ou intégrisme (version originale), est perçu comme étant une concession « précieuse » que le chef d'Ennahdha a lâché non seulement aux Américains, mais surtout à l'adresse de la classe politique tunisienne, avec en premier lieu le Président de la République Kaïs Saïed, lequel semble camper sur ses positions sur le très problématique «dialogue national» que le parti Ennahdha diligente de toutes forces, avec le sentiment que le temps jour désormais contre Ghannouchi, son parti et sa « majorité » alambiquée. En plus des menaces qui pèsent sur son «avenir» à la tête de l'ARP (Assemblée des représentants du peuple), et au sein même de son propre parti, Ghannouchi n'est plus à l'aise, et on sent qu'il pédale dans un mouchoir de poche. Les Américains lui diront sans doute : What else ? Au moment où la scène politique tunisienne, et de larges franges de la société lui assèneront : Et après ? Puisque toute volonté de croire est une raison de douter, force est de questionner Ghannouchi sur l'évaluation qu'il se fait avec son parti, de la place qui les attend au sein de la prochaine configuration politique en gestation. C'est ce qu'il s'est employé à dissimuler exprès à sa «free-lancer » du Washington Post. En aucun moment de la publication le chef du parti Ennahdha n'a fait, ne serait-ce qu'une allusion à l'érosion de sa crédibilité personnelle, et donc de sa popularité au sein de son parti et auprès de la classe politique, ni de celles de son parti, érosion et reculs dont lui seul, et ses proches vont bientôt, à la moindre échéance électorale, porter le chapeau. Une faiblesse dure à maquiller Actuellement le problème d'Ennahdha n'est plus de tenter des coups de forces afin d'intimider son entourage, mais de contenir cette descente aux enfers que les sondages mettent en évidence chaque mois. Un recoupement de ces manœuvres que Rached Ghannouchi tente chez «nos voisins américains» fait ressortir une grande dose d'inquiétude voire de solitude que le parti islamiste doit gérer désormais sans ses boosters régionaux. Le Qatar est sur la voie d'une réconciliation historique avec l'Egypte, berceau des Frères musulmans, la Turquie est en train d'être déboutée en Libye par la nouvelle feuille de route des Nations Unies, le Soudan n'est plus le refuge qu'il était en 2011. La Syrie s'apprête à regagner son siège à la Ligue des Etats Arabes. Autant de bouleversements de nature à plonger Ghannouchi et son parti dans une période de solitude et d'errance sans perspective claire. Le problème de l'heure à Montplaisir n'est plus de se présenter en «le premier parti» comme ont longtemps claironné ses responsables sur un ton arrogant et follement triomphaliste. Dans la perspective des nouvelles élections que l'actualité rend de plus en plus inéluctables, le parti Ennahdha ne sera plus que l'ombre de lui-même. La leçon est qu'un parti politique peut «acheter» la notoriété momentanée, pourvu que l'argent étranger coule à flot, mais en aucun cas il ne peut prendre racine avec ces modalités, lesquelles relèvent plutôt d'un mercenariat que la situation en Tunisie ne gobera plus. C'est l'idée maitresse qui circule actuellement au sein de l'ARP, auprès des blocs parlementaires, des partis politiques actifs, mais aussi et surtout auprès du Président de la République, de son Conseil National de la Sécurité, avec quelques émanations qu'un œil attentif ne ratera pas...à la Kasbah. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"