Bertrand Marchand était un homme heureux après le derby. Comment ne pas l'être pour un entraîneur comme lui. Il vient de chasser le signe indien en mettant un terme à l'hégémonie espérantiste sur les derbies. Il relègue les « Sang et Or » à six points et accroche à son tableau de chasse l'Espérance aux côtés de l'Etoile, du C.S.S et de l'USMO. Tout simplement le quatuor de tête. Et du coup l'élimination en coupe est oubliée. C'est ça aussi la magie du derby. Le Temps : Samedi, c'était la bonne, c'était le bon derby avec une victoire méritée. Un succès « historique » et pour le club et pour vous ? Marchand : J'avais dit aux joueurs, cela fait un an que je suis au CA et j'en ai marre tous les jours de voir les supporters malheureux me dire M. Marchand, on veut battre l'Espérance. J'ai dit à mes joueurs : Débrouillez mais après le match, je ne veux plus entendre ça et demain je n'entendrai plus ça (éclat de rire de Marchand). -La victoire, elle a été obtenue avec la manière ? - On mérite largement la victoire du fait du mental des joueurs, de leur application, de leur volonté à produire du jeu même si ce n'était pas facile puisque l'opposition était solide. - On s'est créé les meilleures occasions. Je pense qu'on a bien fait dans tous les compartiments. Boumnijel a sauvé deux ballons chauds. La défense a été solide même si en première période on a eu quelques frayeurs. Le milieu de terrain a été consistant. On a retrouvé un Wissam Yahia des grands jours, Sellami s'est bagarré même si ce n'est pas dans ses habitudes. Ouertani, jusqu'à l'expulsion était entrain de disputer un bon match. En attaque, Bidhoudhane nous a apporté toute son expérience et a constitué un point de fixation. Il a permis à l'équipe d'avoir des coups francs à la limite des dix-huit mètres, il a gêné la paire Jabeur- Chaâbani. Tout le monde a été à la hauteur - Le succès a été long à se dessiner. Vous deviez certainement vous sentir frustré avant le but. Un nul ne devait pas vous contenter ? - Nous étions frustrés en première période après avoir manqué deux occasions nettes. Je me disais, j'espère que ça ne sera pas comme ces derniers temps. Plus les minutes s'écoulaient plus, on sentait la force de cette équipe et on la sentait capable de s'imposer. Quand j'ai fait entrer Hicheri à la place de Dhaouadi tout juste avant le but, Njonka m'a dit : « Coach, on reste à trois devant ». Cela démontre bien leur détermination. Le but est venu quelques secondes après... Tout était heureux pour nous. On a fait un bon match et c'est tout à l'honneur des joueurs après l'élimination en coupe face à l'Espérance de Zarzis. - Vous étiez les plus entreprenants et pourtant vous auriez pu attendre votre adversaire surtout que vous comptiez un avantage de trois points au classement général ? - Ce n'est pas trop dans ma nature d'attendre. Je pense qu'une équipe qui veut remporter un titre doit imposer son jeu. Attendre l'adversaire c'est frustrant. On croit pouvoir gagner et à l'arrivée on perd. C'est ma devise et je l'ai toujours dit aux joueurs. Quand on se crée six à sept occasions par match, la réussite est forcément au bout et cela veut dire qu'on a eu main mise sur le jeu. - Le derby de samedi, est - ce un match référence pour vous ? - Je pense que oui pour le résultat et l'histoire du club. Pour nous, le match le mieux accompli a été contre l'Etoile. Ce jour-là, c'était magique et le résultat ne reflète guère la physionomie du match. Beaucoup de réussite dans le jeu, très peu dans la finalité. Généralement, c'est le mental qui faisait la différence et c'était toujours du côté espérantiste. Aujourd'hui (samedi), c'est le contraire. Nous partions battus d'avance avant le derby et cette fois-ci- nous étions plus volontaires que notre adversaire. - Vous avez changé de look après votre défaite face à l'E.S. Zarzis, chemise blanche et Jean's. pour le derby, vous étiez tout en noir. Le serez-vous pour les prochaines sorties ? - J'attendais que l'on perde pour changer. En France, j'étais toujours en noir. Quand j'entraînais Didier Drogba, il me demandait de mettre ma chemise noire parce qu'à chaque fois que je la mettais, il marquait. J'ai remis ma chemise noire, Drogba, n'est pas là mais on a gagné (dernier éclat de rire de Marchand qui était aux anges après le match...). Propos recueillis par