Lorsque les policiers alertés, pénétrèrent dans la maison où le drame eut lieu, ils étaient ahuris et n'en croyaient pas leurs yeux. Le spectacle qu'il découvrirent était en même temps étrange et choquant à plus d'un titre. Une vieille dame inerte, étendue sur le lit dans sa chambre à coucher, alors qu'un quadragénaire, sanglotant se tenait debout près d'elle, le teint blafard, les yeux hagards et l'air totalement perdu. Les agents de police ont constaté que le vieillard avait bel et bien rendu l'âme et tout portait à croire que la vieille dame était victime d'un meurtre. Mais qui avait pu commettre un tel acte ? Personne ne pouvait préjuger de quoi que ce soit avant d'avoir soumis le cadavre de la défunte à une autopsie, afin de déterminer les causes exactes de sa mort. En attendant, le quadragénaire en question qui n'était que le fils de celle-ci, fut mis en garde à vue, sur ordre du procureur de la République. Interrogé il ne put déclarer grand -chose, étant en état de choc total. Il vivait avec sa mère, à laquelle il était très attaché, et il refusa de se marier, afin de s'occuper d'elle comme il se devait. Il la prenait totalement en charge, ayant un travail fixe qui lui permettait de se comporter dignement, et de n'être à la charge de personne. Il n'avait pas beaucoup d'amis, mais ceux qui le connaissaient, tant parmi ses collègues de travail ou ses amis d'enfance, le trouvaient très gentil et très serviable et n'avaient enregistré à son encontre aucune incartade. Il était serviable et aimait rendre service sans demander de contrepartie ou chercher à en tirer profit. Mais aucun ne savait comment il se comportait avec sa mère. En tous les cas, celle-ci ne s'est jamais plainte de lui à personne. Les voisins savaient qu'il la prenait en charge et subvenait à tous ses besoins. Il avait l'habitude de la sortir de temps à autre pour la promener et l'aider à se dégourdir les jambes. Mais les quelque deux ou trois mois avant le drame, on ne l'avait plus aperçue dans les parages comme à l'accoutumée. Elle était en effet devenue grabataire, et son fils continuait à s'occuper d'elle à tout point de vue. Elle avait quelques économies et quelques bijoux et son fils était son seul héritier. Certains voisins avaient pourtant déclaré qu'ils entendaient parfois la vieille dame crier. Etait-ce de douleurs, ou était-elle soumise à une torture par son fils ? Reprenant ses esprits, celui-ci déclara au cours de son interrogatoire, que sa mère était malade, très malade. Mais pourquoi ne voulait-il pas lui appeler de médecin ? A cette question il répondit, qu'il ne voulait pas la faire souffrir davantage, car il savait qu'elle était condamnée. De quoi souffrait-elle au juste ? Là aussi , le fils n'était pas précis dans ses réponses, tantôt déclarant qu'elle était cardiaque, tantôt en avançant qu'elle était gagnée par la vieillesse, étant octogénaire et se sentant de plus en plus faible. Quid de l'autopsie ? Eh bien celle-ci révéla que la bonne dame mourut suite à une hémorragie cérébrale. Son cadavre présentait une ecchymose au niveau de la tempe gauche. A-t-elle été poussée, ou était-elle tombée toute seule ? Le fils était harcelé par toutes ces questions, mais il ne manifesta pas de perturbation outre mesure. Il répondit qu'il avait découvert sa mère par-terre dans sa chambre à coucher, et le sang coulait de son oreille gauche. Ce qui expliquait l'ecchymose, c'était certainement le fait de s'être cognée pendant sa chute. Cela n'empêchait de suspecter le fils d'avoir voulu la tuer, dans un moment de détresse. Mais rien permettait de l'impliquer d'une manière indubitable et certaine. Ce qui amena d'ailleurs les enquêteurs à conclure à une mort naturelle, de l'octogénaire suite à une hémorragie cérébrale. Mais on ne put jamais connaître la vraie vérité sur cette mort, suspecte à plus d'un titre. Et si le fils était atteint d'un dédoublement de la personnalité ? Rien ne permettait en tous les cas de l'avancer d'une manière certaine, d'autant que le procureur, qui seul a l'opportunité des poursuites, n'estima pas utile de le soumettre à un examen psychiatrique. Et puis quand bien même il l'aurait fait, cela ne pouvait que dégager sa responsabilité s'il s'avérait mentalement affecté. Sinon, et à supposer qu'il fût l'auteur du meurtre, pour quel mobile aurait-il pu tuer sa mère qu'il aimait tant et pour laquelle il s'était sacrifié ? En tous les cas en matière de droit pénal on ne peut procéder par supputations ou par suppositions, et en l'occurrence il n'y aucune preuve tangible, ni pour l'inculper ni même pour conclure au meurtre.