Les opportunités offertes à la Tunisie par le programme européen d'aide à la modernisation de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique dénommé ''Tempus'' ont été, hier, au centre d'un séminaire national organisé à l'initiative du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie, à la Cité des sciences de Tunis, avec la participation d'un grand nombre de cadres et responsables du secteur. A la lumière des résultats concluants des précédentes phases du programme engagé en 1990 et dont la dernière s'est achevée en 2006, la Commission européenne a décidé, en effet, de reconduire ce programme sous l'appellation ''Tempus 4 ''et de le prolonger pour couvrir la période 2007 / 2013 , comme instrument de mise en œuvre de sa nouvelle politique de voisinage, accordant une grande importance au partenariat bilatéral et multilatéral, dans ce domaine et ce en conformité totale avec l'esprit du processus de Barcelone et du rôle du secteur dans l'instauration de la société du savoir. Comme l'a souligné le ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie, le professeur Lazhar Bou Ouny, à l'ouverture des travaux, la Tunisie est d'autant plus intéressée par le renouvellement de ce programme qu'elle vient d'adopter, en février dernier, une nouvelle loi d'orientation de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie tendant à renforcer la qualité du secteur à tous les niveaux et l'employabilité des diplômes qu'il délivre à travers la rénovation , la modernisation, la décentralisation et l'internationalisation. Or, selon les exposés faits à cette occasion par MM. Jamil Chaker, conseiller du ministre de l'enseignement supérieur , de la recherche scientifique et de la technologie et coordinateur du programme Tempus 4 pour la Tunisie et Abdelaziz Lyamouri, représentant de la délégation de la Commission européenne, à Tunis, le programme Tempus 4 est un programme européen régional ouvert à tous les partenaires et voisins de l'Union européenne dont la Tunisie et les autres pays maghrébins et qui vise justement , entre autres, à aider au renforcement de l'employabilité des diplômés du supérieur, à la poursuite de la réforme LMD, l'encouragement de la cotutelle des thèses et la création de co-diplômes, parallèlement à la consolidation de la qualité du secteur, l'encouragement de la formation à distance et enfin l'amélioration de la gestion administrative et financière des établissements universitaires. Cette aide est fournie sous forme de subventions financières attribuées à des projets présentés par les institutions universitaires et les formateurs et chercheurs universitaires, après avoir été sélectionnés par les Autorités européennes compétentes, comme étant des projets pertinents et de grande qualité qui méritent d'être financièrement soutenus par la Commission européenne. Une Agence centrale européenne a été crée, récemment, pour assurer la gestion du programme, ayant pour nom ''l'Agence exécutive pour l'Education, l'Audiovisuel, la Culture''. Mais, cette gestion est assurée en étroite collaboration avec les délégations de la Commission européenne dans les pays concernés. Depuis 2002 et jusqu'à 2006, la Tunisie a bénéficié de subventions au profit de 31 projets, se montant, au total, à 8 millions d'Euros. Ils ont permis, notamment, la mise à jour du contenu des cours, la création de nouvelles filières de formation, comme la nanotechnologie et la biotechnologie et une plus grande ouverture de l'enseignement supérieur à la culture de l'entrepreneuriat et au travail en réseaux. Cependant, la participation tunisienne au programme Tempus en général n'a pas été élevée, en comparaison avec d'autres pays, bien que la partie tunisienne ait pu absorber tout le budget qui lui a été alloué, dans ce cadre, en 2006. A cet égard, les participants ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer la formation en matière de montage de projets propres à être soumis à l'Autorité européenne compétente pour bénéficier des subventions du programme Tempus. Les services de relations extérieures des Universités sont dotés de spécialistes, en la matière, mais une formation pointue des universitaires, dans ce domaine reste utile, car les projets peuvent être présentés par les institutions et les universitaires en même temps, comme ils peuvent émaner du ministère. Un autre programme européen appelé '' Erasmus Mundus'' tendant à encourager la mobilité des étudiants en mastère, a été présenté, également, aux participants. Il permet aux étudiants brillants titulaires d'un mastère d'obtenir une bourse européenne pour approfondir leurs études dans des pays européens et il vient remplacer une ancienne composante du programme Tempus, appelée ''bourses de mobilité individuelle'', attribuées auparavant à des particuliers (enseignants, chercheurs et membres du personnel ou fonctionnaires ministériels) pour des stages ponctuels. Certains participants ont soulevé les effets de cette nouvelle formule sur l'encouragement de la fuite des cerveaux vers l'espace européen. Le représentant de la délégation de la Commission européenne, Mr Abdelaziz Lyamouri, a admis l'éventualité, notant que les contrats ne stipulent pas, en effet, une clause relative au retour obligatoire du bénéficiaire. Il a indiqué que les solutions peuvent être envisagées , actuellement, dans le cadre bilatéral, en attendant un examen plus approfondi de la question au niveau communautaire européen. En effet, l'Europe va avoir besoin, ces prochaines années, d'un grand nombre de cadres, de chercheurs et même de main-d'œuvre qualifiée (les besoins en main d'œuvre qualifiée étrangère sont estimés à 20 millions durant les décennies à venir), et il existe déjà un programme européen de migration ciblée. La question de la mobilité se trouve, ainsi, au cœur, de la politique européenne de voisinage.