Après promulgation, récemment par la Chambre des députés, de la loi relative à la création du Village des langues, les premiers contours de ce projet commencent à prendre forme. Le Village des langues prendra la forme d'un établissement public à caractère administratif et constituera un espace à même de permettre aux étudiants de parler la langue étrangère qu'ils apprennent et de bénéficier d'activités culturelles et de loisirs toujours dans la langue concernée.
Le Village des langues a pour principale mission l'organisation des stages au profit des étudiants en langues étrangères et des sessions de formation en langues pour le public. L'objectif est de développer les compétences des diplômés de l'enseignement supérieur dans les différentes spécialités et de répondre aux besoins du marché de l'emploi dans le contexte de l'ouverture du pays sur l'environnement économique régional et international. Il vise, également, à remplacer les stages à l'étranger destinés aux étudiants des langues étrangères étant donné leur inefficacité, sans oublier le coût élevé de ces stages.
Ce Village accueillera, durant toute l'année, des groupes d'étudiants de différents niveaux appartenant à plusieurs établissements universitaires tunisiens ainsi que des étudiants étrangers pour renforcer la communication entre eux. Ce village doit aussi assurer des sessions de formation en langues au profit du public moyennant une contre-partie financière, ce qui contribuera au renforcement des ressources propres de cet établissement. Le nombre des étudiants bénéficiaires de ces stages ne dépasse pas les 10% de la totalité des étudiants. Le stage sera couronné par l'octroi d'un diplôme qui sera pris en compte dans le cursus de formation des étudiants concernés. Des professeurs-visiteurs parlant la langue d'origine et des formateurs tunisiens spécialisés et expérimentés assureront la formation des stagiaires.
2008, année internationale des langues L'année 2008 a été proclamée année internationale des langues par l'Assemblée générale des Nations Unies. C'est l'UNESCO qui a été chargée de coordonner les activités pendant l'année. M. Koïchiro Matsura, directeur général de l'UNESCO, estime qu'il faut "agir maintenant car le temps presse". "Agir en encourageant et en développant les politiques linguistiques qui permettront à chaque communauté linguistique d'utiliser sa langue principale, ou sa langue maternelle, aussi largement et aussi souvent que possible, y compris dans le domaine de l'éducation, tout en maîtrisant également une langue nationale ou régionale et une langue internationale. En outre, en encourageant les locuteurs de langues dominantes à maîtriser une autre langue nationale ou régionale et une ou deux langues internationales". "C'est seulement si le multilinguisme est accepté par tous que toutes les langues trouveront leur place dans notre monde globalisé" estime le directeur.
Six langues officielles des Nations unies parmi 6800 dans le monde Notre planète est souvent comparée à une tour de Babel, avec ses 6800 langues réparties dans plus de 220 pays (ou Etats). Théoriquement, on compterait donc 30 langues par pays. Mais la réalité est toute autre: quelques rares pays (Barbade, Cuba, Corée du Nord, Corée du Sud, Maldives, Islande, Liechtenstein) n'en comptent qu'une seule, alors que certains autres en dénombrent des dizaines, sinon plusieurs centaines, le cas le plus impressionnant demeurant sans doute l'île de la Nouvelle-Guinée (en Papopuasie-Nouvelle-Guinée). Selon les chiffres de l'ONU, le continent européen compte quelque 225 langues différentes - mais 35 langues officielles - représentant environ 3 % des langues du monde. Avec 225 langues pour 982 millions d'habitants, l'Europe reste le continent de l'homogénéité linguistique: une langue par tranche de 4,3 millions d'habitants. En Amérique, les 1000 langues parlées représentent 15 % des langues du monde. En ce sens, l'Amérique paraît beaucoup plus diversifiée que l'Europe sur le plan linguistique avec une langue par tranche de 760 000 habitants S'agissant de l'Asie, il est le continent le plus peuplé de la planète avec ses 2,5 milliards d'habitants. Le total des langues de ce continent est de 2180, ce qui représente 33 % des langues du monde. L'Océanie (ou Pacifique) est le continent de l'émiettement linguistique avec une langue par tranche de 23 000 habitants. Compte tenu de la population relativement faible de ce continent (30 millions d'habitants), le nombre des langues peut paraître déroutant : 1302 langues. Comme l'Océanie, l'Afrique est hétérogène sur le plan linguistique avec une langue par tranche de 360 000 habitants. Les 725 millions d'habitants de ce continent se répartissent 2011 langues, soit 30 % des langues du monde. Il faut souligner d'abord le problème de la distinction des langues parlées par rapport aux langues écrites. Très peu de langues sont écrites dans le monde; de fait, on en dénombre tout au plus 200 sur plus de 6800 langues existantes. Or, il est moins aisé de recenser des langues parlées que des langues écrites ; comme les langues uniquement parlées se diversifient beaucoup plus que les langues écrites, il devient parfois très difficile de les distinguer les unes des autres. La durée de vie moyenne d'une langue serait estimée à environ 2000 à 5000 ans. Or, des langues vivent parfois beaucoup plus longtemps, comme les langues australiennes des aborigènes (durée de 5000 à 6000 ans), tandis que d'autres vivent à peine quelques siècles, comme le roman, le gothique ou le dalmate. Certaines langues connaissent une grande expansion (l'anglais, le français, l'arabe, l'espagnol), alors que des centaines d'autres perdent du terrain ou tendent à disparaître. Les langues ne détiennent pas toutes la même puissance, ni la même force d'attraction, ni la même résistance lorsqu'elles se trouvent en contact. En fait, une langue n'est pas dominante naturellement; elle l'est parce que ses locuteurs sont puissants et importants. Dans cette esquisse des grandes langues du monde, il s'agit des six langues officielles des Nations unies (anglais, français, espagnol, arabe, russe et chinois) auxquelles a été ajouté le portugais. Ces grandes langues méritent le titre de «langues impériales» au sens négatif du mot, car il n'est pas toujours aisé de jouer un véritable rôle international. De fait, l'anglais et le français sont les seules à prétendre jouer un rôle vraiment supra-national. Ces deux langues sont réparties sur les cinq continents et elles sont présentes dans la plupart des instances internationales, ce qui n'est guère le cas ni de l'espagnol, ni du portugais, ni de l'arabe, encore moins du russe et du chinois.