Cette approche ne peut être appréhendée à sa juste valeur que par les parents ayant ou ayant eu un enfant en classe terminale et subissant la terrible épreuve du baccalauréat. Certains, un tantinet blasés , feraient la moue arguant du fait que c'est un examen comme un autre et qu'après tout ce n'est tout de même pas un doctorat d'Etat en médecine ou un master . Un sondage sommaire auprès de certaines familles est des plus édifiants. Toutes les épreuves et tous les examens confondus (passage de classe, 6ème, 9ème, présentation de mémoire, maîtrise, master, doctorat, etc.) ne valent pas en émotion, peur et surtout importance le sacro-saint baccalauréat et pour cause. La tendance générale conçoit que ce diplôme constitue le sésame pour l'avenir de l'élève. Un père d'une famille nombreuse nous précise : « j'ai plusieurs élèves concourant à plusieurs niveaux, primaire, secondaire supérieur, mais toute mon attention est focalisée sur ma fille qui passe son bachot. Certes je me préoccupe des résultats des autres et je m'y intéresse, mais ce serait vous mentir si je nie le pole position occupée par le bac. Car une fois ce diplôme en poche, l'élève est sauvé. Même si par malheur il ne réussit pas dans une branche il peut toujours migrer vers une autre. Avec le bac, les portes de l'embauche sont plus accessibles. Par contre, un trac toujours possible et grandement redouté, peut le jour J paralyser l'élève le plus brillant durant l'année scolaire et lui faire rater son examen. Et les cas des meilleurs éléments du lycée étant passés par cette terrible déconvenue sont nombreux et de légende » Le dilemme pour ces parents est de taille, composer un visage serein, tenir un double langage aux enfants alors qu'au fond d'eux-mêmes ils ont grandement besoin de soutien, de réconfort. Mais ils se doivent de paraître un brin insoucieux, dédramatisant à souhait l'épreuve et prodiguant des conseils qu'ils sont loin d'éprouver. Il va sans dire que l'absentéisme bat son plein durant cette semaine cruciale. Personne n'a le cœur d'aller travailler. Vous les rencontrez livides, faisant le pied de grue devant le centre d'examen un sac gorgeant de provisions à proximité. L'inévitable fiole de ZHAR, des fruits exotiques, un complément vitaminé ( ?), un sandwich spécial à base de viande grillée et dépourvu de harissa ce coup-ci, le coran et le chapelet complétant le tableau. Ils sont là à guetter le moindre mouvement d'un surveillant, d'un enseignant, du chef de centre. Au bout d'une attente interminable, une secrétaire cousine éloignée du voisin de la tante de faire son apparition les rassurant que l'épreuve en cours est abordable et dépourvue de pièges. Le soulagement est instantané et les congratulations de s'échanger avec profusion. Le plus curieux dans l'affaire, c'est que tous ceux que nous avons interrogés ne réclament que le minimum requis, la moyenne autorisant l'accès à la fac. Et les soucis de l'orientation ? Pas de problème, demain il fera jour et à chaque jour sa peine. Que l'enfant décroche d'abord ce prestigieux bachot et on aura tout l'été pour batailler pour trouver où le caser.