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Pour ou contre le redoublement ?
Publié dans Le Temps le 12 - 06 - 2008


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En fait, c'est une notion toute relative. Sauf que les redoublants ne sont pas forcément les plus mauvais...
Certains considèrent que le redoublement vise à donner sa chance à l'élève de refaire sa classe afin de mieux assimiler ce qu'il n'a pu assimiler au cours de l'année précédente et à lui permettre d'améliorer son niveau et de connaître des succès en refaisant l'année.
D'autres pensent que le redoublement n'entraîne pas toujours des effets positifs, et peut même avoir des effets néfastes sur l'élève du fait qu'il n'est pas toujours sûr que ses résultats s'améliorent au cours de l'année redoublée.
C'est que cette question de redoublement est relative dans la mesure où un élève qui a redoublé dans une classe n'aurait peut-être pas redoublé dans une autre ; il aurait réussi s'il avait été dans une autre école, avec d'autres camarades et chez d'autres profs, c'est-à-dire dans d'autres circonstances. L'expérience a montré que les élèves qui redoublent ne progressent que peu, mais ils pourraient mieux faire si quand même ils étaient passés à la classe supérieure. Cette thèse est peut-être la plus acceptable du moment que le niveau de la majorité des redoublants a tendance de stagner en général ou baisser carrément par rapport à l'année précédente. Cela est dû certainement au sentiment d'amertume ressenti par l'élève redoublant en se trouvant parmi des camarades plus jeunes que lui et peut-être plus brillants et aussi un sentiment de culpabilité envers ses parents qui ne cessent de lui rappeler sa paresse, sa négligence et son manque de sérieux. Tout cela déteint sur son rendement scolaire et il y a un risque de tripler ou de quadrupler la même classe, après quoi il risque d'être renvoyé pour dépassement d'âge. Il n'est donc pas toujours évident qu'un redoublant, censé connaître les cours, ait la possibilité de se rattraper et de surpasser ses camarades, vu que le changement des programmes et des manuels est chose fréquente chez nous.
Le redoublement peut avoir d'autres répercussions sur l'élève ou l'étudiant. En effet, pour un étudiant, redoubler sa classe veut dire un an de plus de loyer à payer, une année de plus à faire la queue au resto universitaire, c'est encore une année à supporter les retards des trains et des bus, c'est le risque d'être privé de la bourse d'études en cas d'une moyenne au dessous de 08/20, et c'est surtout le report d'une année de l'obtention du diplôme...
Et que dire s'il y a deux fois redoublement ! Pour un élève du secondaire, un redoublement peut-être pénalisant lors de l'orientation, comparé à un autre élève moins âgé d'un an ou deux ans, il pourrait ainsi être orienté vers une section moins prestigieuse que celle obtenue par cet autre élève. Ajoutons à tout cela le coût que doit supporter l'Etat en gardant encore un certain nombre de redoublants pour une année de plus.
Certains pays, conscients des méfaits du redoublement sur le rendement scolaire des redoublants, ont adopté la règle du passage automatique, surtout à l'école primaire et au collège, et ce n'est pas par hasard que les meilleurs scores scolaires sont enregistrés dans ces pays (La Suède, La Finlande, La Norvège, L'Islande...). D'autres pays se penchent de plus en plus sur ce problème et essayent d'apporter les solutions adéquates pour diminuer le taux du redoublement chez les élèves. Mais dans beaucoup d'autres pays, le redoublement est de rigueur. C'est en effet la sanction des cancres comme la réussite est la récompense des bons élèves. Le système éducatif tunisien a mis en place un vaste programme depuis quelques années pour améliorer les procédés d'évaluation et les pratiques d'apprentissage surtout dans le premier cycle de l'école de base ; un programme visant à la limitation du taux du redoublement dans les petites classes tout en garantissant le minimum requis pour un élève issu d'un niveau précis durant l'enseignement de base.
Chaque année, le taux de réussite est heureusement en hausse, mais des cas de redoublement sont enregistrés à tous les niveaux et ce, malgré les possibilités offertes aux élèves en zone de rachat. Quelles que soient les causes du redoublement, l'événement est souvent vécu par les élèves et par leurs parents comme une injustice et un coup très dur à supporter. Pourtant, il faut plutôt en chercher les causes pour lesquelles le conseil des classes a pris cette décision qui, à la longue, serait d'un grand apport pour l'élève redoublant, appelé à son tour de faire son autocritique et de reprendre l'année suivante du bon pied. Quant à ses parents, ils doivent savoir comment l'aider à bien vivre cette décision !


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