* Un poste d'emploi occupé par un jeune diplômé ne sera libéré que dans 30 ans... L'accès d'un plus grand nombre d'élèves au baccalauréat a entraîné la progression croissante des effectifs de l'enseignement supérieur. L'enseignement supérieur dans notre pays est un cycle d'enseignement succédant à l'enseignement secondaire, il accueille les étudiants ayant obtenu le diplôme du baccalauréat ou un diplôme équivalent. Les établissements d'enseignement supérieur dispensent des formations, incluant des enseignements fondamentaux et des enseignements pratiques, tout en faisant dans certains cas, une large part aux activités de recherche. Une grande majorité d'étudiants choisit d'intégrer un institut universitaire de technologie qui dispense une formation plus courte et directement finalisée. Par contre d'autres, représentant une minorité, s'inscrivent en cycle préparatoire à l'entrée dans une grande école, surtout que certaines écoles affichent une nette ambition de se distinguer nettement des universités obsolètes auxquelles il est reproché de dispenser un enseignement terne. Les débats des futurs étudiants portent essentiellement sur les réformes qui se font et veulent être progressives. La nouvelle réforme tend à harmoniser le cursus universitaire par la mise en place d'un système de trois grands niveaux : La licence, correspondant au niveau baccalauréat plus trois années d'études supérieures ; Le master (bac+5), et le doctorat (bac +8). Cette nouvelle architecture des études universitaires a été appliquée, ailleurs, au début des années 2000 dans le cadre de la construction de l'espace européen de l'enseignement supérieur. Elle vise à faciliter la mobilité des étudiants,des enseignants et des chercheurs en Europe et à assurer la visibilité de cet espace au niveau mondial. Elle tente aussi de répondre à l'un des problèmes essentiels de l'université soit l'insuffisante adaptation de ses formations au monde professionnel et aux besoins de l'entreprise . Chez nous, la boucle est bouclée, la réforme a vu le jour et les bacheliers de cette année sont les premiers à tester l'efficacité de la réforme. Engager un travail de réflexion portant principalement sur la finalité actuelle de la formation et de la recherche universitaires. Des dizaines de milliers d'étudiants viennent s'ajouter chaque année à l'effectif déjà existant. Il y a quelques années, le stress qui était vécu par nos étudiants portait sur un taux de réussite "maigre". A l'époque, l'université tunisienne était réputée pour son"hyper sélectivisme", seule la crème réussissait à s'accrocher, les "cartouchards" se comptaient par milliers, et le comble de l'ironie c'est que ceux qui échouaient sur les bancs de l'université tunisienne se métamorphosaient en génies sur les bancs des universités étrangères et revenaient chargés de diplômes, parfois même, plus approfondis que ceux de leurs ex enseignants. Les raisons étaient objectives : centralisation des établissements universitaires au niveau des trois grandes villes du pays, choix de formation limitée aux seules disciplines classiques, absence de rapport entre l'offre des universités et la demande du marché de l'emploi etc. Aujourd'hui il n'y a pas de gouvernorat qui n'ait son lot d'établissement d'enseignement supérieur avec une riche mosaïque de filières et de spécialités. Mais le petit pays que nous sommes (dans le strict sens géographique),avec des moyens limités est en train de réfléchir sur la manière de rationaliser ce flux tout en maintenant intacte l'ambition de l'excellence. Changer de cap avant que le bateau ne sombre est une alternative plus que prometteuse.
Un poste d'emploi pour trente années Le marché local de l'emploi étant saturé, les perspectives sont à explorer plus en profondeur, sachant qu'un poste d'emploi nouvellement occupé par un jeune diplômé ne sera libéré qu'après trente longues années de services et en prenant comme unité de mesure, les années d'études supérieures , après trente promotions .... Une ouverture sur le marché extérieur de l'emploi serait une solution à beaucoup de nos problèmes futurs et actuels. La copie nationale LMD, serait le leitmotiv dans son environnement géographique et culturel pour constituer la pierre angulaire d'un espace africain et arabe de l'enseignement supérieur. Etudier sérieusement les besoins, en matière d'emploi, des pays africains et arabes et promouvoir une formation conforme à ces besoins, serait une solution qui donnera un souffle nouveau à la formation universitaire dans notre pays. Forts de nos infrastructures, forts aussi de notre expérience et de la qualité de nos formateurs, le pari sera gagné, il n' y a qu'à s'y mettre. La transformation de la formation universitaire en économie de marché, dans le cadre de la mondialisation ,qui offre aux nantis et impose aux moins nantis cette exceptionnelle mobilité des hommes, des marchandises, des capitaux et des idées, serait une réponse à beaucoup de nos problèmes avec tout ce que cela suppose comme dynamisme dans le domaine de l'enseignement supérieur en particulier et dans celui de l'économie nationale en général. Pour cela il faut opérer des réformes profondes dans les programmes de formation, les méthodes de travail mais surtout opérer un changement au niveau de l'outil qui véhicule l'information à savoir la langue de l'enseignement,ne serait-ce que pour les filières qui offrent des perspectives d'offre d'emploi pratique. La francophonie n'est désormais plus qu'un beau souvenir d'amour. Aujourd'hui, la langue la plus utilisée dans l'espace mondialisé, dominé par les trois grandes aires de puissance dans le monde, les Etats Unis, l'Asie Orientale et l'Union Européenne n'est plus la langue de Molière et non plus celle de Shakespeare mais un anglais pratique et souple, un anglais standard. Mais comment faire pour apprendre l'anglais à des étudiants qui, déjà, manipulent mal le français et même l'arabe? Après une petite et courte année passée sur les bancs des universités russes et ukrainiennes, nos étudiants parviennent à maîtriser une langue plus compliquée que le français, l'anglais et l'arabe réunis. Et finiront par s'imposer dans des filières réputées difficiles telles que la chirurgie dentaire et autres ingéniorats de tous genres. Le fait de poser la problématique de la formation universitaire, c'est redonner au cursus des études supérieures tous leurs éclats intellectuels et leurs impacts dans le processus de croissance du pays.