On n'en finira pas encore d'épiloguer sur le match nul enregistré par l'Equipe nationale à Ouagadougou, avec son homologue burkinabé. A ce propos, les avis restent mitigés, selon les interprétations de la bouteille à moitié vide, à moitié pleine. Mais avant d'en arriver là, et avec un peu de recul, il ne faut pas négliger les péripéties interminables inhérentes aux tergiversations de la Fédération, et relatives au départ ou au maintien de l'ex-entraîneur de l'Equipe de Tunisie. Cette question qui, à notre sens, aurait dû être traitée par les gestionnaires des affaires de notre team national, bien avant d'atteindre l'expiration du contrat de Roger Lemerre, a pris beaucoup de temps inutile certes mais fort préjudiciable à l'intérêt de la sélection nationale. C'est du jamais vu. Un sélectionneur assis sur deux chaises. Au moment où les éliminatoires du second tour battaient leur plein. Lemerre continuait à remplir une simple formalité en veillant sur le onze national, au même temps toute son attention était polarisée par les résultats du Maroc, avec lequel il s'était engagé. C'est curieux! Car entretemps, la préparation de notre équipe s'est déroulée dans une terrible froideur, ce qui s'est répercuté sur l'ambiance et aussi sur la concentration des joueurs qui ont fini, semble-t-il par perdre la flamme. La défaite subie à Radès face au même Burkina résumait à elle seule, cette déchéance . Il est facile, aujourd'hui , de faire porter le chapeau à Lemerre. Or, le technicien français s'est comporté quand même en professionnel, en respectant fidèlement les clauses du contrat, même si ses récalcitrants lui reprochent - à raison d'ailleurs - une attitude hermétique en tout ce qui concerne le côté pécunier. A ce propos, la Fédération française avait été fortement soulagée en applaudissant chaleureusement son divorce avec lui, et avait même "motivé" son départ en 2002 pour prendre l'équipe de Tunisie, en main.
Inversion des rôles !! En dépit de cette mésaventure, les responsables de la FTF n'ont pas appris la leçon. Sur ce point, Lemerre était intraitable! Ça , c'est vrai. Et puis, cette un type qui, méthodiquement a su ériger des frontières avec les membres fédéraux, il n'avait qu'un seul interlocuteur, le président de la FTF et pas plus, à telle enseigne qu'on avait l'impression que le directeur technique, qui normalement, devait être son chef dans la hiérarchie, subissait passiblement ses "ordres"!! C'est en abusant de la carte blanche qu'il détenait étrangement, que Lemerre avait largement profité du silence des fédéraux, pour s'immiscer dans tout ce qui le regarde de près et aussi de loin! Ceci pour dire que l'entraîneur français a été quand même encouragé par une certaine "complicité", car, personne n'a osé lui dire, non, Monsieur, stop! Normalement, il aurait dû être ou bien reconduit ou alors remercié bien avant l'entame des éliminatoires. Mais la providence était de notre côté, en nous offrant un successeur hautement qualifié, en la personne d'Humberto Coelho. Dans de telles conditions, il était difficile de tomber sur un technicien d'une telle trempe, qui s'est contenté d'un contrat similaire à celui de son prédécesseur. Loin de nous l'idée de faire le procès de Lemerre, car ce qui est fait, est fait et l'homme était déjà parti sous d'autres cieux, mais nous devons quand même reconnaître nos erreurs, car, nous assumons une part de responsabilité. Normalement, c'est de la FTF qui était, l'employeur de Lemerre et non l'inverse. Pourvu que cette mésaventure nous serve de leçon, désormais. Revenons, à l'entraîneur portugais pour mettre en exergue, surtout, son courage, en acceptant de prendre le train en marche. Pis encore, il prit l'équipe, en plein parcours et avec un passif de trois points. Quelle audace!
Esprit de gagneur "Je suis un gagneur, je suis ici pour gagner" a lancé solennellement Coelho dès la première empoignade avec les mass-médias. Et c'est ce point ramené d'Ouagadougou qui vient récompenser son courage. Et toujours ce même point qui a permis à notre sélection de se racheter pour poursuivre l'aventure mondialiste en se qualifiant pour le troisième tour, dont le tirage au sort est fixé pour début novembre. Peu importe qu'on soit premier ou deuxième du groupe "9", l'essentiel, à savoir la qualification, elle est d'ores et déjà assurée. Le leadership du groupe ne servira que pour être tête de poule dans le prochain tirage. Mais, tout compte fait, toutes les équipes qualifiées et sans exception vont être placées sur la même ligne du départ. Etre tête de poule, est à notre avis, d'une importance très aléatoire, voire insignifiante. Et c'est pourquoi nous considérons justement que la vraie campagne du Mondial africain pour les "Aigles de Carthage" va commencer avec le troisième tour. C'est à partir de là que nous allons découvrir Coelho, l'homme du terrain, après avoir découvert en lui une entière disponibilité dans le dialogue. D'emblée, il a prôné l'ouverture, à tous les niveaux, en s'approchant de plus en plus aussi bien des journalistes, par des contacts directs, que par le dialogue avec les entraîneurs des clubs. C'est l'anti-Lemerre par excellence. D'ailleurs, il a même toléré la présence du public aux entraînements, bien que ce dernier soit appelé à faire preuve de retenue pour éviter un quelconque dépassement, comme ce fut le cas à la Marsa, à la veille du départ à Ouagadougou. Bon, maintenant, deux mois après son débarquement chez nous, l'entraîneur portugais aurait sûrement une idée assez claire sur le paysage footballistique en Tunisie, et plus spécialement en ce qui concerne l'ossature de l'Equipe nationale qu'il a choisie en personne.
L'EN est l'affaire de tous Il lui appartient de "façonner" cette ossature en fonction de ses plans tactiques. A ce propos, l'école portugaise est connue pour sa vocation offensive. Or, en attendant le rétablissement de Chermiti, Santos et Namouchi, le retour en forme de Jomaâ et Chikhaoui et la confirmation de Belaïd et Ben Khalfallah, Coelho aura la possibilité de mener la barque des "Aigles de Carthage" à bon port. En effet, à travers sa réussite, c'est l'intérêt suprême du onze national qui sera servi. Néanmoins, cet intérêt, n'est pas exclusivement l'affaire du sélectionneur, c'est plutôt l'affaire de tous, nous tous. C'est que toutes les parties doivent tirer dans la même direction, car concernées par les mêmes objectifs ciblées. Les critiques destructrices et souvent subjectives, l'animosité et les rapports conflictuels ont obligé notre équipe représentative, dans un passé récent, à payer au prix fort les pots cassés. A la veille de la CAN 98 au Ghana, on a stupidement négligé les méfaits de la campagne qui visait Lemerre, lesquels méfaits ont directement mis en péril la sérénité et la confiance de nos joueurs au moment où ces derniers avaient besoin d'un réconfort moral. Il ne serait jamais tard de faire son mea culpa et de dénoncer, courageusement une certaine attitude de la presse sportive qui, par inadvertance, a oublié de ménager le choux et la chèvre. Finalement, l'Equipe nationale a été la principale victime de la campagne anti-Lemerre. Ce dernier qui a perçu ses émoluments jusqu'au dernier Euro; conformément aux clauses d'un contrat "en béton" est parti, tranquillement au Maroc, sans éprouver le moindre état d'âme. C'est normal, il ne peut être plus tunisien que les Tunisiens! Cette page est désormais tournée et le fait de rester figé à regarder dans le rétroviseur, ne servira à rien. Le plus important est de baliser la voie devant notre team, pour que nos joueurs retrouvent le plus vite possible, la joie de jouer, cette flamme qui leur a permis, il n'y a pas si longtemps, de se hisser assez haut pour tenir fièrement et méritoirement le leadership africain. Bien sûr, un tel ouvrage a été rendu possible grâce au soutien inconditionnel d'un public toujours derrière ses "Aigles", les poussant à voler toujours plus haut. Souvenez-vous des matches disputés à guichets fermés, pour conquérir la couronne africaine, au stade de Radès.
Retrouver la flamme Toutefois, on doit se rendre à l'évidence qu'il n'y a que les résultats qui motivent le public à suivre. Or, les résultats ne s'obtiennent jamais sous effet magique. Ils sont plutôt le fruit des efforts et du travail préalablement fournis, à partir des clubs. Ce qui se fait en Equipe national, c'est juste un complément de ce travail de base. Un sélectionneur n'a pas à prendre son temps pour faire apprendre aux joueurs les A,B,C du jeu (contrôle, placement, replacement, transition défense-attaque) car ceci reste du ressort du travail quotidien dans les clubs. Un sélectionneur a plutôt besoin de joueurs intelligents capables d'assimiler ses idées et ses plans tactiques, le plus vite possible, c'est-à-dire des gars mûrs, responsables, volontaires et hautement rompus aux grandes batailles. Heureusement qu'avec cet amalgame dont il dispose entre joueurs locaux et ceux évoluant à l'étranger, et surtout grâce à la concurrence entre les vieux briscards et la génération montante, Coelho n'a pas , sincèrement, à se plaindre de la qualité . Mais il lui reste d'apporter une touche, sa propre touche à l'équipe , afin que celle-ci renoue avec les années de gloire. Elle en a les moyens, rien ne lui manque. Qu'est ce qui nous empêche donc, de lui faire confiance!