* Le journaliste lanceur de chaussures vu en prison par un juge Le Temps-Agences - La mission des forces britanniques en Irak s'achèvera fin mai 2009, ont annoncé hier les deux pays à l'occasion d'une visite surprise en Irak du Premier ministre britannique Gordon Brown. "Le rôle joué par les forces de combat britanniques touche à sa fin. Ces forces auront achevé leur mission pendant la première moitié de 2009 et quitteront ensuite l'Irak", ont indiqué M. Brown et son homologue irakien Nouri al-Maliki dans un communiqué commun. Le chef du gouvernement britannique a précisé qu'il s'adresserait aujourd'hui à la chambre des Communes. "Notre mission sera finie au 31 mai au plus tard", a déclaré M. Brown au cours d'une conférence de presse à Bagdad. "Et ensuite nos troupes rentreront à la maison dans les deux mois". "La plus importante réduction (de la présence britannique en Irak) se fera à la fin de la période" de retrait, en juillet, a-t-il ajouté. Toutefois, "il y a une clause qui permet au gouvernement irakien de demander une extension de la présence" des troupes britanniques, a indiqué de son côté M. Maliki. M. Brown est arrivé dans la matinée à Bagdad pour une visite surprise, la quatrième depuis qu'il a remplacé Tony Blair au 10 Downing Street le 27 juin 2007. Il a ensuite gagné Bassorah, à 550 km au sud de Bagdad, d'où il s'est rendu également dans le port d'Oum Qasr plus au sud. Bassorah accueille la très grande majorité des 4.100 soldats britanniques déployés dans le pays. Dans cette cité méridionale, M. Brown a assisté à des manœuvres de la Royal Navy et de la marine irakienne. "Je n'aurais pas pu visiter il y a quelques mois la plupart des lieux que j'ai vus aujourd'hui", a-t-il déclaré après avoir fait le tour du port à bord d'une vedette de patrouille irakienne. Au coucher du soleil, il a déposé une gerbe de fleurs à l'aéroport de Bassorah en mémoire des 178 soldats tués depuis 2003. La plaque commémorative sera emportée en Grande-Bretagne au moment du retrait de toutes les troupes. Cette visite survient alors que le gouvernement irakien a adopté un projet de loi sur le retrait d'ici à la fin juillet 2009 de toutes les troupes de la coalition, à l'exception des unités américaines. Ce projet doit encore être ratifié par le Parlement. Depuis le transfert du contrôle de la province de Bassorah aux Irakiens en décembre 2007, les Britanniques sont chargés essentiellement de former l'armée irakienne et de lui prêter main-forte en cas de besoin. Tôt dans la matinée, le gouvernement irakien a confirmé avoir déposé le projet de loi sur le retrait des troupes non américaines. "Le Conseil des ministres a approuvé un projet de loi sur le retrait d'Irak des forces britanniques, nord-irlandaises, australiennes, roumaines, estoniennes, salvadoriennes et celles de l'Otan", a déclaré le porte-parole du gouvernement Ali Al-Dabbagh. "Selon le projet de loi, le gouvernement accepte que les forces britanniques restent en Irak jusqu'au 31 mai 2009 et qu'elles quittent définitivement l'Irak d'ici au 31 juillet 2009", a-t-il ajouté. "Cette loi a pour objectif d'offrir un cadre légal à leur présence pendant une période de transition jusqu'à leur départ définitif de l'Irak". La venue de M. Brown intervient trois jours après la visite d'adieu du président américain George W. Bush, qui avait été visé par les chaussures et les insultes d'un journaliste irakien au cours de sa conférence de presse dimanche à Bagdad. Pendant la conférence de presse de MM. Brown et Maliki, la sécurité a été renforcée, des gardes supplémentaires ayant été déployés dans la salle. Selon un accord de sécurité conclu entre Bagdad et Washington, les 146.000 soldats américains auront quitté l'Irak d'ici à la fin 2011. Le mandat de l'ONU sur la présence des troupes de la coalition en Irak expirant le 31 décembre 2008, une loi était nécessaire pour légaliser la présence de ces troupes au-delà de cette date. ------------------------------ Le journaliste lanceur de chaussures vu en prison par un juge
Le Temps-Agences - Muntadar al-Zeidi, le journaliste irakien qui a lancé dimanche ses chaussures à la tête du président américain George W. Bush, a reçu hier en détention la visite d'un juge, a déclaré le frère du journaliste Dhargham al-Zeidi, qui a fait état de violences contre son parent. Muntadar al-Zeidi, correspondant de la chaîne irakienne Al-Bagdhadia, basée au Caire, a jeté ses chaussures l'une après l'autre en direction du président Bush, qui les a esquivées, dimanche lors d'une conférence de presse à Bagdad. Les membres de sa famille se sont rendus hier au tribunal, espérant pourvoir assister à la comparution, selon le frère du journaliste. Mais, ajoute-t-il, on leur a expliqué que le juge d'instruction chargé de l'enquête a rendu visite à Muntadar al-Zeidi en prison. "Cela signifie que mon frère a été sévèrement battu et qu'ils craignent que son apparition dans le tribunal suscite de la colère" a affirmé Dhargham al-Zeidi. Les autorités irakiennes et un autre frère du journaliste ont démenti que Muntadar al-Zeidi souffre de plusieurs blessures sérieuses, après avoir été plaqué au sol lors de son arrestation. Détenu pour offense à un chef d'Etat étranger, le journaliste est passible d'une peine maximale de deux ans d'emprisonnement. Selon la loi irakienne, le dossier est instruit par un juge qui après examen des faits peut demander, ou non, le renvoi de l'affaire devant un tribunal. Le processus peut s'étaler sur plusieurs mois. La Maison Blanche a estimé mardi qu'il appartenait aux autorités irakiennes de déterminer s'il y a lieu de sanctionner le journaliste. Hier pour la troisième journée consécutive, environ 1.500 manifestants sont descendus dans les rues de Bagdad pour demander la libération de Muntadar al-Zeidi, devenu un héros dans le monde arabe. L'affaire a eu des répercussions jusqu'au Parlement irakien, où les partisans du leader chiite radical Moqtada al-Sadr ont interrompu hier la séance. Ils ont estimé que les députés feraient mieux de se saisir de l'affaire al-Zeidi, plutôt que d'examiner une proposition de loi appelant au retrait de tous les soldats autres qu'Américains d'Irak d'ici fin juin 2009. Le ton est rapidement monté, chacun tentant d'exposer ses arguments en hurlant. Le président du Parlement Khalid al-Attiyah, excédé, a fini par annoncer sa démission. Un responsable de la présidence du Parlement pense que M. Al-Attiyah a agi sous le coup de la colère, laissant entendre qu'il pourrait revenir sur sa décision.