Mohamed Ali : quarante élus ont déposé une proposition de retrait de l'article 24 du décret 54    La société Ciments de Bizerte arrête la production de clinker    Pourquoi | Ça n'arrive pas qu'aux autres…    Mark Zuckerberg : Carthage doit être détruite !    Tunisie: Le t-shirt de Mark Zuckerberg enflamme les réseaux sociaux    À la Galerie Selma-Feriani : Image, récit et représentation    Vient de paraître – «Kef Al Ajayeb » de Bahri Rahali : Le mont des merveilles !    «Revival», nouvel album de Gultrah Sound System : Une authenticité renouvelée    Le pain ou la clé - Une métaphore du quotidien en Tunisie    MDWEB : Classement des sociétés de Leasing sur le web et les médias sociaux (Mai 2024)    Le député Mohamed Ali Fennira appelle au rapatriement des migrants subsahariens (Déclaration)    Aéroport Tunis-Carthage : Un passager arrêté avec un pistolet cachée dans sa valise    Béja: Un accident de la route fait 2 décès et 13 blessés    Le gouvernement présente de nouvelles législations sur les congés parentaux    Aujourd'hui, coupure d'eau dans ces zones    FARK : Ghazi MABROUK    Vient de paraître: Des sardines de Mahdia à la passion des mathématiques de Béchir Mahjoub    Nomination d'un mandataire judiciaire pour Somocer    20 milliards d'amende contre la SFBT    La STB Bank poursuit sa politique prudente tout en améliorant ses fondamentaux    Abdelaziz Kacem: De «Genocide Joe» à Meyer Habib, dit «Le Phacochère»    Interdiction de la pêche aux poulpes    Météo de ce mercredi: Des températures jusqu'à 44°C dans certaines régions    Tunisie : l'AMA retire les sanctions, le sport reprend son souffle    MEMOIRE : Fatma Kilani JRAD    CONDOLEANCES : Feu Ammar ALAIMI    Nizar Ayed : ni Borhen Bssais ni Mourad Zeghidi ne sont coupables de diffamation ou de calomnie    AVIS D'APPEL D'OFFRES N° 06/2024    "Il faut imaginer Sisyphe heureux"    USA : Un milliard de dollars d'armes destinées à Israël en cours d'approbation du Congrès    Explication : Effondrement des bénéfices pour Alibaba malgré une hausse des revenus    Le Drapeau Tunisie de retour à l'intérnational avec la fin de l'affaire Antidopage    L'Agence mondiale antidopage lève les sanctions infligées à la Tunisie    Ouverture du 77e Festival de Cannes    UNRWA: 450 mille personnes déplacées de Rafah en seulement 9 jours    RDC : Après les 4 milliards de dollars lâchés par la Chine Tshisekedi signe une 2e grande victoire    Des artistes Tunisiens au Québec en Tunisie dans une exposition conjointe à Montréal    10 mille billets pour les supporters de l'EST face à Al Ahly    L'IFT défend les artistes tunisiens victimes d'agression verbale et physique    Un joueur du Barça fait jouer son jumeau à sa place    Trophées UNFP : Kylian Mbappé élu meilleur joueur de Ligue 1    Habib Touhami: La politique américaine au Moyen-Orient et le sionisme chrétien    Météo : Temps partiellement nuageux sur la plupart des régions    Tunisie : enquête ouverte sur l'incident du drapeau national    Tout ce qu'il faut savoir sur la tempête solaire    Tournoi KIA Tunis Open du 13 au 18 mai 2024 : Le sponsor officiel UBCI vous fait gagner des places!    Décès du premier patient ayant subi une greffe de rein de porc    De la ligne de but à la ligne de conduite : Entraîneur de gardiens, un poste à part entière    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Enfants livrés à eux-mêmes
Intoxications, chutes, accidents, brûlures, suicides même...
Publié dans Le Temps le 25 - 12 - 2008

Nos enfants sont-ils protégés contre toutes les formes d'accidents ? Le rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé et l'UNICEF a prouvé que le nombre de victimes de cette tranche d'âge est important. Pratiquement 830 000 enfants dans le monde meurent chaque année, selon un rapport publié récemment par ces organisations.
Mais là où le bât blesse c'est que la majorité est originaire des pays pauvres ou en voie de développement. 95% des victimes sont recensées dans ces zones. Les résultats incitent les décideurs à mieux prendre en charge cette population en la protégeant et en sensibilisant les différents partenaires. Actions plutôt limitées mêmes absentes chez nous. Nos enfants sont en fait confrontés aux risques majeurs même au sein de leur famille, à cause de négligence et d'ignorance. Pire ; il y a ceux qui décident de mettre un terme à leurs jours volontairement à l'âge de 10 ans. Si le nombre des cas n'est pas choquant, il y en a quand même, essentiellement dans les familles ayant des problèmes sociaux.
180 experts des différentes régions du monde se sont penchés sur l'étude des causes de décès des enfants. Ils ont établi que les traumatismes involontaires figurent à la tête de la liste. Ces incidents causent, essentiellement la mort de la population âgée de plus de 9 ans. Autre fait inquiétant, le problème se pose plus particulièrement dans les pays en voie de développement. Dans ce contexte, l'étude a révélé que l'Afrique connaît le taux le plus élevé de décès causés par le traumatisme involontaire. Le taux est dix fois plus élevé dans ce continent que dans les pays à revenu élevé comme l'Europe.
Autre constat confirmé par l'étude, les accidents sont la première cause de mortalité à partir de l'âge de 9 ans viennent par la suite les maladies infectieuses, la malnutrition ou les guerres. Toujours dans le même contexte, les experts ont révélé que ces drames ont lieu le plus souvent dans le milieu social défavorisé. D'autres causes de décès ont été énumérées, notamment les accidents de la route, les noyades, les brûlures, les chutes et les intoxications. Les enfants âgés jusqu'à 19 ans meurent le plus souvent suite à cause d'accident. C'est toujours dans notre continent que l'OMS et l'UNICEF enregistrent le plus ces drames. 19,9 par mille enfants africains sont victimes d'accidents de la route.
Les experts dans le domaine signalent que cette question de santé publique est relativement nouvelle pour les décideurs qui sont d'ailleurs mal informés sur la question et ne la prennent pas en considération convenablement. Ce problème se pose également en Tunisie car, cette population est confrontée aux risques d'intoxication, de brûlure, de chute à cause de la négligence et de l'ignorance des parents. Les mesures de prévention et de sensibilisation ont toujours été limitées. Et les solutions nécessitent une vision globale incluant toutes les parties concernées de loin ou de près. C'est la responsabilité du ministère de la Santé publique, mais aussi des autres ministères ainsi que la société de manière générale. Il est essentiel de multiplier les efforts dans le domaine pour épargner à nos enfants les risques d'accidents involontaires à travers notamment les campagnes de sensibilisation.
Sana FARHAT
-----------------------------
Azza Samoud Elgharbi, professeur de Pédiatrie, chef de service de l'hôpital d'enfants de Tunis.

« La plupart des intoxications sont accidentelles, mais il existe aussi des tentatives de suicide, soit 6 % des cas »

Le Temps : L'OMS et l'UNICEF viennent de publier un rapport sur la situation des accidents involontaires chez les enfants. Quel est l'état des lieux en Tunisie ?
-Pr Azza Samoud Elgharbi : Il faut dire que les enfants sont confrontés à plusieurs risques notamment chez eux à cause de l'ignorance et de la négligence des parents. Ils sont notamment victimes de brûlures, de chocs et d'intoxication. Je vais d'ailleurs mettre l'accent sur ce point-là car, il représente 3,25 % de l'incidence hospitalière dans l'hôpital d'enfants de Tunis. Une prévalence quand même importante, d'autant plus que nous enregistrons une prédominance chez la tranche d'âge de moins de trois ans. La quasi-totalité des intoxications surviennent à domicile avec 97 % des cas. C'est dans le milieu urbain que ces drames surviennent pendant les jours ouvrables, en présence de la mère.
Il est vrai que la plupart des intoxications sont accidentelles, soit 89 %, mais il existe aussi des tentatives de suicide, soit 6 % des cas. Nous accueillons des intoxiqués iatrogènes dans 5 % des incidents et ce, à cause de l'ignorance des parents. Il s'agit bel et bien de l'automédication, ou d'erreur de dosage ou de médicaments.
*Quels sont les produits qui sont le plus souvent consommés par les enfants ?
-Il a été constaté que les produits ménagers occupent la première position ; à savoir le pétrole et l'eau de javel, essentiellement vendue en vrac. Les produits caustiques à l'instar de la potasse et de la soude ont également été responsables de 47 % des accidents d'intoxication.
Les médicaments causent 39 % des cas d'intoxication. J'attire l'attention dans ce cadre sur un fait très important, à savoir les psychotropes. Ces substances dangereuses sont en fait les premiers médicaments consommés par les enfants le plus souvent livrés à eux-mêmes. Des parents en détresse, souffrants de problèmes psychologiques, laissent leurs progénitures confrontés à un danger majeur.
Toujours dans le même ordre d'idées, cette tranche d'âge est intoxiquée par les antipyrétiques, les paracétamols et l'aspirine. Ces accidents sont très graves et même mortels. Les doses données par les mères par ignorance risquent de coûter la vie à leurs enfants. Elles doivent éviter l'automédication et se renseigner le maximum auprès du pharmacien lors de l'achat du médicament. Les intoxications par les pesticides, les insecticides et les raticides figurent également sur la liste.
*Combien de cas de décès sont enregistrés ?
-Heureusement que les décès sont limités.
*Vous avez soulevé des cas d'intoxication volontaire en d'autres termes de suicide. Qu'est ce qui pousse ces enfants à être en détresse ?
-Les intoxications volontaires ont souvent lieu hors domicile. Nous avons d'ailleurs enregistré 4 tentatives. Ce sont les garçons âgés de plus de 10 ans vivant dans un milieu familial défavorable, où les parents sont divorcés que ce genre de problèmes se pose. Ces drames se posent quand la mère souffre d'un problème psychologique, ses enfants risqueraient d'atteindre un état de détresse.
*Comment assurez-vous la prise en charge psychosociale de ces enfants ?
-Il s'agit là d'un problème majeur qui se pose à l'hôpital d'enfants de Tunis. Nous ne disposons pas de cadre compétent pour assurer une prise en charge de cette population qui vient soigner suite à ces accidents. Nous intervenons en nous basons essentiellement sur le traitement médical. Certes, l'assistante sociale a un rôle primordial dans ce cadre. Idem pour la psychologue. Toutefois, nous manquons de compétences qualifiées pour gérer parfaitement ce genre de difficultés ainsi que d'autres. Nous accueillons notamment des enfants battus, des mères célibataires...
*Que recommandez-vous pour réduire la prévalence de ces accidents ?
-Il est essentiel d'intervenir sur les différents plans, auprès des parents, des industriels, des pharmaciens...Il faut également réaliser des campagnes de sensibilisation à travers les médias, des spots télévisés pour attirer l'attention quant aux risques d'intoxication. C'est de cette manière que nous pourrons consolider cette culture auprès des parents ignorants et non avertis par rapport aux dangers auxquels sont confrontés leurs progénitures.
Les industriels des produits chimiques sont concernés par cette question. Ils sont appelés à prendre des actions préventives en respectant les règlements de sécurité d'emballage notamment par rapport aux produits chimiques à usage domestique. Autre fait ; il est primordial d'interdire la vente des produits chimiques en vrac (l'eau de javel...) qui ne sont pas contrôlés.
De son côté, le ministère de la Santé publique doit multiplier ses actions de sensibilisation car il s'agit de la vie des enfants qui est en jeu.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.