Il est des accidents « domestiques » d'une telle intensité, d'un mécanisme tellement complexe qu'ils paraissent à priori inconcevables à réaliser. La ville de la Manouba, et particulièrement la résidence Imène située au centre ville furent secouées ce mardi à l'aube par un drame aux conséquences très graves. H.O, un homme d'affaires ingénieur chimiste, la soixantaine et père de deux filles a été gravement électrocuté dans sa baignoire. Nous avons contacté sa femme A.O et son médecin traitant au service Kassab où il est hospitalisé au service de réanimation. Déclarations : La femme de la victime: «le lundi soir, mon époux a voulu prendre son bain, mais s'étant assoupi devant la TV après une journée particulièrement chargée, il a reporté l'affaire au lendemain. Le mardi à son réveil à 6h et se rendant dans la salle de bains, il a constaté que l'eau courante était électrifiée. Je l'ai prié de ne point prendre son bain et j'ai de suite coupé le courant électrique plongeant l'appartement dans les ténèbres. Rassuré par la coupure du courant, et en dépit de l'obscurité, il a tenu quand même à prendre son bain. Comme réponse, je lui ai dit « Rabbi yahdik ». Un cri strident, interminable m'est parvenu de la salle de bains. J'ai tout de suite compris la gravité de la situation. Ne pouvant l'en extraire au risque de subir le même sort que lui, je me suis précipitée sur les compteurs extérieurs de l'immeuble pour les mettre hors service. Ils étaient protégés par des grilles cadenassées, et j'ai du les forcer avec des tenailles. 3-4 minutes se sont écoulées dans cette manœuvre. En regagnant la salle de bain sécurisée, mon mari gisait dans la baignoire inanimé avec une bave écumant ses commissures. Transporté d'urgence à l'hôpital Kassab, il a été gardé en réanimation dans l'unité des soins intensifs. Je regrette amèrement de lui avoir permis de prendre ce maudit bain. J'aurais du être plus ferme avec lui. » Au service de réanimation de l'institut Kassab, l'un de ses médecins nous déclara laconiquement (secret médical oblige) : « Nous avons reçu le patient dans un état grave avec un coma profond. Le bilan radiologique a révélé une multitude de fractures. Pour l'heure, nous nous contentons de soins symptômatiques en attendant une amélioration de son état neurologique. » L'immeuble étant de construction récente et tous les appartements signalant pratiquement le même phénomène « eau courante électrifiée », la question est à qui revient la responsabilité de pareille défaillance? A l'électricien ayant procédé à l'installation des circuits électriques, au promoteur, où à la STEG ? Car présenter des fractures diverses suite à l'exposition aux assauts du courant électrique dans sa baignoire dénote de la violence des nombreux chocs subis par la victime au point de lui causer ces traumatismes graves. Il est urgent de délimiter les responsabilités dans un premier temps tout en sécurisant l'immeuble de pareilles fuites électriques. D'autres accidents similaires pouvant grever une situation déjà suffisamment dramatique.