Elle était bien originale cette affaire qu'a eu à juger dernièrement le tribunal de première instance de la Manouba, et dans laquelle, deux jeunes hommes furent impliqués de violences et d'injures graves à l'égard d'un tiers. Rien d'original, diriez-vous, ne s'agissant pas de la première ou la seule affaire de violence. Mais attendez de connaître la suite, et vous découvrirez que ce sont les deux accusés qui sont des énergumènes d'une trempe bien particulière. En effet, ils circulaient à bord de leur véhicule quand ils eurent subitement, en rencontrant un automobiliste venant en sens inverse, l'idée saugrenue de lui barrer le chemin. Etait-ce pour le saluer, le taquiner, ou plutôt pour le provoquer ? personne ne saura jamais quelle était l'idée qu'ils avaient eu en tête, le jour des faits et à ce moment précis. En tout état de cause, l'automobiliste en question ne resta pas les bras croisés à attendre la suite des directives de ses interlocuteurs, qui ne se contentèrent pas de l'arrêter, mais ils commencèrent, de but en blanc, et sans transition à le couvrir d'injures. Il essaya de se défendre en leur adressant des reproches, sur un ton assez irrité certes mais sans pour autant dépasser les limites de la correction. Toutefois, les deux jeunes hommes se sentirent touchés dans leur dignité et décidèrent de passer à la vitesse supérieure, pour démontrer qu'ils sont les plus forts. L'un d'eux sortant une épée du coffre de la voiture,se dirigea vers l'automobiliste pour le menacer, alors que son acolyte en profita pour le rouer de coups. Ils laissèrent leur victime dans un état pitoyable, avec un visage tuméfié et l'œil au beurre noir, et regagnèrent leur véhicule pour prendre la fuite. L'automobiliste déposa une plainte auprès des agents de la brigade criminelle de la région contre ses agresseurs, en ne manquant pas de donner leurs signalements. Arrêtés, ces derniers nièrent totalement les faits, en faisant semblant de ne se rappeler de rien. Et cette épée, signalée par la victime et trouvée par la police dans le coffre de leur voiture ? A cette question, ils firent part de leur totale ignorance affirmant qu'ils ne savaient pas comment cette épée a échoué dans le coffre de leur voiture. Et si c'était par un effet magique ? Sait-on jamais ! en attendant, cette arme identique à celle de D'Artagnan, mais qui est peut-être plus longue, constitue une pièce à conviction, et une présomption à leur charge. Leur avocat demanda le renvoi de l'affaire afin de réunir les éléments de sa défense.