* Classement négatif de la Tunisie dans les accidents de la route Un nouveau drame de la route. Avant-hier à "Skhira" un accident a fait sept morts dont quatre ont été littéralement calcinés. Une voiture de louage libyenne est entrée en collision avec une Berlingo (en location). La voiture de louage prit feu et ce fut l'explosion. Le chauffeur et quatre passagers périrent sur le coup, leurs corps calcinés, alors que le chauffeur et le passager de la Berlingo mourraient eux aussi sur le coup. Les survivants, quatre blessés ont été conduits aux urgences du CHU de Sfax. Il y a encore une semaine un bus à voitures jumelées se brisait en deux, faisant trois morts et plusieurs blessés. Eté comme hiver, les accidents de la route font des ravages. Du coup, la sempiternelle question ressurgit: pourquoi? Comment? Que faire? Malheureusement une " distinction " affligeante et loin d'être glorieuse à l'endroit des tunisiens et dont nous nous serions passés fort allègrement et de grande bonté de cœur : nous occupons les avant-postes dans la hiérarchie mondiale, volet prévalence des accidents de la voie publique (AVP). Entendre le rapport nombre d'accidents / population. Par le passé, pareille douloureuse réalité avait des éléments tangibles pour la justifier : parc automobile vieillissant avec des corbillards déglingués, bons pour la casse, assurant le trafic et échappant régulièrement aux visites techniques de l'unique vétuste Centre de La Fayette ; routes étroites et dangereuses ; chaussées défoncées avec des ornières largement béantes ; croisements dépourvus de feux de signalisation ; absence de moyens efficaces de contrôle (radars) ; interventionnisme patent avec cette sempiternelle réaction des fautifs, mon permis me serait restitué de suite grâce à telle ou telle connaissance se targuant d'avoir ses entrées dans les hautes sphères ; etc. Pourtant le cadre a changé du tout au tout avec une amélioration sensible de l'infrastructure et des véhicules pouvant encore aspirer nettement à mieux . Les voitures sont rutilantes et, toutes pratiquement neuves, grâce au créneau des véhicules populaires ; les centres de visite technique sont implantés dans tout le territoire et dotés des moyens les plus sophistiqués et à la pointe de la technologie ; la plupart des axes routiers sont larges et sécurisants ; les chaussées ont enregistré un relookage notable quoique encore insuffisant dans certaines régions ; les croisements sont protégés pour la plupart ; et les fautifs ne se prévalent désormais que très rarement de certains parapluies protecteurs... En dépit de tous ces facteurs militant logiquement pour la diminution palpable des (AVP), nous continuons à déplorer quotidiennement un nombre effarant d'accidents de gravité notoire.
Lourdes dépenses superflues On parle de dégâts matériels quand les dommages sont collatéraux et ne concernent que les moyens de transport épargnant leurs occupants. Mais dans pareils cas, la spoliation en devises pour l'économie nationale est énorme car importer les pièces de rechange pour remplacer celles défectueuses grève lourdement le budget. Mais, les préjudices corporels sont malheureusement plus lourds à gérer et sur plusieurs tableaux à la fois. Atteintes à l'intégrité physique pouvant aller jusqu'à compromettre définitivement l'avenir de l'accidenté, le clouant pour la vie soit au lit soit sur un fauteuil roulant ; séjours prolongés dans les hôpitaux pour les plus vernis avec un taux d'absentéisme très élevé ; occupation et blocage des lits dans les institutions sanitaires au détriment de malades " ordinaires " devant prendre leur mal en patience et espérer la libération providentielle d'une place pour se faire soigner d'une pathologie souvent lourde voire urgente à traiter ; des dépenses faramineuses volet médicaments, appareillages, suivis, etc.
Manque de civisme Connaissant parfaitement les conséquences et les risques encourus, on se demande alors pourquoi les fautifs ne prennent pas les précautions d'usage en respectant scrupuleusement le code de la route et les signalisations à leur endroit pour éviter pareilles catastrophes ? Un mot résume la situation à notre sens : manque de maturité voire de civisme ! Il ne pourrait en être autrement quand des gamins écervelés chipent les clés de la berline familiale avec ou sans l'assentiment parental et s'amusent à slalomer avec dans les artères et places très fréquentées au mépris des règles les plus élémentaires de bienséance et faisant fi de toutes les plaques signalétiques implantées. Le rythme infernal faisant désormais corps avec le quotidien, même les personnes censées être mûres enfreignent allègrement la loi et roulent à tombeau ouvert sans le moindre respect de la priorité, des lignes continues, des feux rouges et autres injonctions restrictives. Les conducteurs des gros engins sur les routes dites secondaires et un tantinet étroites foncent sans crier gare et ne tiennent nullement compte des petites cylindrées qui les croisent les contraignant à quitter la chaussée avec des risques énormes de dérapages voire de tonneaux. Les " pilotes " des voitures de louage et dans le dessein d'assurer le plus de navettes entre la capitale et leur ville d'attache roulent non seulement à des vitesses vertigineuses indisposant à tous les coups leurs voyageurs mais finissent aussi par perdre leur concentration et leur vigilance par manque de sommeil contribuant de la sorte à alourdir le bilan terrifiant des victimes endeuillant des familles entières. La conduite nocturne est à hauts risques car peu de conducteurs daignent baisser leurs feux aveuglants et passer aux feux de croisements. Ne parlons pas de la grosse plaie représentée par les camionnettes circulant comme bon leur semble et n'ayant cure de ce qui les entoure. Un kamikaze au crâne pratiquement totalement emmitouflé par l'inévitable turban ne laissant qu'une microscopique fente par laquelle il peut risquer un petit œil, la K7 à fond la caisse au grand bonheur des quatre occupants de la contiguë cabine de pilotage chantant en chœur dans une hilarité contagieuse... Autre facteur contribuant largement à la recrudescence des accidents, la surcharge des véhicules ; en ce sens que toute la smala s'entasse pèle mêle à huit personnes, voire plus des fois, dans des habitacles conçus normalement pour n'en recevoir que cinq ! Le contrôle des pneus ne se fait pas et on n'y pense qu'en cas de crevaison.
Sensibiliser et sévir A l'orée des vacances où le nombre des (AVP) croît sensiblement et ce, en dépit des campagnes de sensibilisation dans les médias, il serait utile de multiplier les spots en montrant surtout des images réelles des sinistres de nature à " choquer " les contrevenants et les sortir de leur conviction d'être au dessus de tout malheur avec cet adage qu'ils ressassent à longueur de journée : "ça n'arrive qu'aux autres". Par ailleurs, la multiplication des patrouilles, les sanctions exemplaires à l'endroit des fautifs donneraient à réfléchir à ces aventuriers en herbe perturbant sans vergogne l'ordre public et la sérénité des citoyens. On sait aujourd'hui que l'obtention d'un permis de conduire est devenu rigoureusement réglementée. Or, une fois le permis obtenu, seules, à l'évidence les jeunes filles appliquent ce que leur moniteur leur a appris. En revanche, bien d'autres jeunes s'en servent comme pour une purgation des passions, une liberté absolue sur la route, une espèce de rébellion même contre les lois, les codes et les normes. Dans une "logique de la désinvolture tout leur est permis, à leur sens. L'excès de vitesse, la conduite en état d'ébriété, voire sous l'effet d'excitants en tout genre: y compris les drogues. Il ne suffit donc plus de sensibiliser à la vieille manière. Les spots sont en effet surannés, sonnent creux et sont carrément dépassés faute de percussion ou parce qu'ils ne choquent pas assez du fait qu'ils se veulent plutôt "pudiques". Non seulement il faut sensibiliser, choquer même, mais les dispositifs sécuritaires et de contrôle doivent sévir sans relâche. Plus de laxisme, en somme. Les lois sont faites pour être appliquées. Prévenir et sévir épargne à la communauté nationale de lourdes factures sociales. Et en plus, la vue des accidentés - innocents ou "coupables" - cloués sur une chaise roulante décuple l'effet de dépendance avec toutes les tortures psychiques, le drame familial et social.