62 % des candidats au baccalauréat dans l'étatique sont des filles. C'est le fruit de décennies d'égalité entre les deux sexes, égalité ayant généré un taux de scolarisation de l'ordre de 99%. En filigrane, cependant, l'échec scolaire des garons prend de l'acuité. Et ceci n'explique pas cela... Le ministre de l'Education et de la Formation, M. Hatem Ben Salem, a précisé dans sa conférence de presse tenue le 4 mai 2009 que 62 % des candidats au baccalauréat dans l'enseignement étatique sont des filles alors que seulement 37 % sont des garçons. Le ministre a également indiqué que ce taux s'inverse dans l'enseignement privé avec 62 % de candidats garçons et 37% de filles. La moyenne globale de la répartition des candidats par sexe donne 57 % de filles et 42 % de garçons. La même tendance est signalée dans l'enseignement supérieur avec, notamment, une féminisation prononcée des Masters et des doctorats. Le phénomène ne touche d'ailleurs pas uniquement les branches médicales et sociales. Même l'engineering commence à se féminiser progressivement. Certes, les écoles d'ingénieurs sont encore à majorité masculine mais, la présence féminine devient fort marquée. Cette situation prouve certes les percées réalisées par les femmes en matière d'acquis sociaux. Mais, elle révèle également un constat d'échec prononcé pour les garçons qui risquerait, s'il persiste (et ça devient désormais une tendance) d'aboutir à un déséquilibre structurel au niveau des diplômés du supérieur et, par récurrence, de l'offre sur le marché de l'emploi.
Les raisons Un regard sur l'évolution des statistiques montre que la tendance de féminisation n'est pas née du néant. Elle est le fruit de décennies d'égalité entre les deux sexes ayant abouti à un taux de scolarisation de 99 %, aussi bien pour les garçons que pour les filles. Il n'empêche que ce sont plutôt les résultats médiocres des garçons soulèvent des interrogations. Des études sont en cours sur le phénomène et les sociologues avancent déjà des explications en rapport avec l'évolution de la société. Les raisons ont été reprises aussi bien par les experts que par le commun des mortels. L'enseignement ne représente plus cet ascenseur social qu'il avait été durant les années soixante, soixante-dix, voire quatre-vingt du siècle dernier. L'obtention d'un diplôme n'équivaut plus, comme auparavant, à la certitude d'acquérir un emploi et de s'intégrer aux sphères productives. Ce constat partagé par toutes les sphères commence à trouver des interprétations auprès des sociologues : " les garçons sont appelés à se positionner plus rapidement que les filles dans les sphères de production et à définir leur statut socio-économique. Ils subissent davantage que les filles le stress du résultat matériel indépendamment de leur réussite dans les études. Du coup, les garçons cherchent plutôt des emplois rémunérateurs que des diplômes. Dans la conscience sociale, le garçon doit impérativement obtenir un emploi pour prétendre à remplir sa vocation sociale. Lorsque le statut du garçon est ainsi réfléchi, le diplôme n'est plus une passerelle obligatoire pour la réussite sociale. Par contre, les jeunes filles trouvent plus opportun de continuer leur parcours universitaire et d'aller vers la quête des diplômes ", ont affirmé des intervenants dans un débat récemment tenu sur les perspectives de la jeunesse en 2030. Mais, ceci n'a-t-il pas d'effets sur les équilibres sociétaux.
L'impact et les perspectives Selon les observateurs, une telle situation n'est pas encore alarmante : "s'il est vrai que les garçons ne remplissent pas autant de places que les filles dans les amphis, ils sont encore présents dans les filières huppées comme les grandes écoles et les filières des sciences fondamentales. En plus, ils sont bien présents dans les sphères de la production. Donc, les garçons ont été plus pragmatiques dans leurs réactions à une situation sociale qui exige d'eux un positionnement effectif et rapide dans les sphères productives. Les chiffres montrent que la durée de chômage d'un garçon est inférieure à celle d'une jeune fille. Il est vrai qu'une telle donnée risquerait de créer un déséquilibre en matière de formation académique et qu'il faudrait y remédier. Mais, pour le moment, on ne saurait demander à un élève (ou un étudiant) ayant un niveau médiocre de persister dans l'enseignement alors qu'il n'entrevoit rien de prometteur. D'ailleurs, tout le chantier en cours dans l'enseignement (la création des écoles préparatoires professionnelles, la perspective d'un bac technologique, les ISET, les licences appliquées dans le cadre de la réforme Licence-Master-Doctorat, etc.) est en synergie avec l'évolution des tendances dans la société de façon à faciliter l'accès à l'emploi. Les garçons y ont déjà réfléchi sous la pression des exigences sociétales " L'un des intervenants a toutefois nuancé ce constat plutôt positif en affirmant qu'il faudrait néanmoins encadrer cette nouvelle tendance. Selon lui, les garçons naviguent actuellement à vue et il faudrait incessamment les intégrer (ainsi que les filles) dans des programmes de formation qui leur permettent d'acquérir des connaissances autant académiques que professionnelles : " Il faudrait secouer l'administration pour mettre cette problématique à l'ordre du jour ". Il propose d'ouvrir un véritable débat national sur cette problématique pour permettre à tous les intervenants (administration, experts et académiciens, société civile, les intéressés eux-mêmes, etc.) de faire part de leurs propositions.