* « Dans notre métier d'entraîneurs, nul n'est prophète en son pays » * « A la veille de la C.A.F. 2008, je ne disposais que de 14 joueur s compétitifs » « Nul n'est prophète dans son pays ». Ainsi, s'exprimait, Ghazi Ghraïri au tout début de l'entretien qu'il nous a accordé au lendemain de la finale en Coupe. Il venait ainsi d'évoquer un bien connu dicton qu'il juge très approprié à sa situation de premier entraîneur du groupe « Noir et Blanc ». Ayant beau remporté au mois de novembre précédent la Coupe de la CAF, la vague de contestations dont il était l'objet de la part d'une large frange du public sfaxien, non seulement ne s'estompa pas mais pis encore, prit les allures d'une véritable campagne de dénigrement après la perte au Caire contre El Ahly de la super-coupe africaine. Cette compagne loin de le déstabiliser, le poussa à redoubler d'efforts avec le soutien du bureau directeur. Bien sûr qu'il y a eu, chemin faisant, des déchets (élimination en Champion's league arabe au stade de la demi-finale, notamment), mais la victoire en finale est venue donner la preuve par neuf de l'efficacité du travail accompli. Ce sacre a-t-il pour autant scellé un nouveau bail entre Ghraïri et le Club Sfaxien ? Rien n'est, cependant, moins sûr puisque Ghraïri laisse à cet égard planer l'incertitude la plus totale.
• Le Temps : Pour ta grande première en tant qu'entraîneur principal d'un groupe appartenant à l'élite, le bilan est positif avec deux titres (Coupe de la CAF et celle du Président de la République). Sincèrement, pareil bilan a-t-il dépassé vos espérances ? -G.Ghraïri : Je tiens à préciser que j'ai exercé en tout et pour tout, pendant cinq saisons, d'abord, comme entraîneur adjoint successivement de M'rad Mahjoub et de Decastel, puis cette année, comme premier entraîneur. Au cours de ces cinq saisons j'ai remporté autant de titres, se répartissant comme suit : Deux Coupes de Tunisie (2004 et 2009), un titre de champion national (2006), la Coupe de la Champion's league arabe (2004) et la Coupe de la CAF (2008). Ce tableau est révélateur de mon parcours avec les « Noir et Blanc ». Pour revenir à ta question, je pourrais vous étonner en affirmant que je tablais sur une moisson plus consistante encore. Mais des circonstances et autres facteurs nous ont valu de nous limiter à deux titres seulement et c'est déjà une moisson exceptionnelle, compte tenu du contexte prévalant. • Et pour être plus explicite ? -Je suis convaincu que nous étions en mesure d'aller en finale en Champion's leargue arabe si nous avions matérialisé notre domination face au WAC au M'hiri. Ce jour-là, nous aurions pu gagner par plus de deux buts d'écart mais nos attaquants étaient à court d'inspiration. • Mais, les carences de la ligne d'attaque a beaucoup duré, s'étant faites ressentir lors des cinq dernières sorties de l'équipe. Celle-ci ne parvenait plus à faire mal aux défenses adverses... - Cela est vrai, malheureusement. Sur toute une saison, nos attaquants ne nous ont pas été d'un grand secours et les chiffres parlent d'eux-mêmes : En 56 matches (finale de la Coupe comprise), nous avons réussi 80 buts dont 40% sur des balles arrêtées inscrits le plus souvent par des défenseurs ou des demis et d'aillelurs, il n'y a pas à être surpris de voir Issam Merdassi occuper le rang de meilleur réalisateur de l'équipe avec 11 buts. Ces chiffres vous donnent une idée sur la valeur approximative de nos attaquants. Un autre facteur qui nous a profondément handicapé , ce sont les blessures sérieuses de Hadj Messaoud, de Gharbi, Guemamdia, les lourdes suspensions écopées par Merdassi, Hamza Younès et d'autres encore. Ceux qui prétendent que notre effectif est riche en joueurs de qualité se trompent. Imaginez un peu l'embarras où je me trouvais vers le mi-juin où je n'avais à ma disposition que 14 joueurs compétitifs, en prévision de la Coupe de la CAF. Les autres éléments de l'effectif étaient hors du coup à l'image de Khalloufi, qui n'a pas joué pendant toute une saison, M'rabet, écarté de l'effectif, Hadj Messaoud qui venait de se rétablir de sa grave blessure, Gharbi, demeuré loin du groupe pour avoir refusé dans un premier temps de renouveler son contrat et Hamza Younès qui venait de reprendre après une suspension de 9 matches. • C'était très compromettante comme situation,donc... - Le qualificatif n'est pas exagéré parce qu'il correspond bien à l'état déplorable du groupe, ayant de surcroît un moral bien entamé par un parcours en championnat catastrophique. Il m'a fallu repartir à zéro et faire surtout vite pour faire face aux échéances de la Coupe de la CAF que nous avons réussie finalement à remporter au prix de beaucoup de travail et de sacrifices. • Cela, cependant, n'a pas été suffisant pour faire taire vos détracteurs... -Dans le métier d'entraîneur, nul n'est prophète dans son pays et il est tout simplement superflu de vous décrire la grande pression sous laquelle j'étais obligé de travailler durant le plus clair du temps. Tout un chacun voulait ma tête... • Vous êtes redevable, quand même, au bureau directeur d'avoir pu tenir jusqu'à la fin de la saison... -Je ne veux pas parler des responsables du club. • Pour quelles raisons ? -Je préfère garder les raisons pour moi. • Le Club Sfaxien a été le premier à entamer la compétition cette saison et il sera le dernier à la clôturer avec le match retour contre Primeiro De Agosto, ce samedi. Après la défaite de l'aller (0-2), la mission s'annonce très dure au M'hiri, n'est-ce pas ? -J'en conviens, mais elle n'est pas pour autant impossible. Il n'est pas facile de gérer l'euphorie de la victoire en Coupe. Aussi, j'ai aussitôt regroupé les joueurs, leur faisant rappeler l'important match contre les Angolais, qu'il y a lieu de bien préparer. Nous sommes entrés en stage et nous espérons nous présenter avec nos meilleures dispositions contre Primeiro De Agosto et pouvoir nous qualifier à la phase des poules de l'épreuve et terminer ainsi la saison en grande beauté. • Cela sera-t-il suffisant pour vous voir rempiler au club ? -C'est peu probable que je reste au CSS. De toutes les façons j'annoncerai ma destination prochaine le 30 du mois après le match contre les Angolais. Des offres ? J'en ai plusieurs entre les mains ayant émané de clubs tunisiens et d'autres des pays du Golfe.