* M.Rachid Kéchiche : « Rien en laisse entrevoir une sortie de crise dans l'immédiat » * M.Rachid Sfar, ancien premier ministre : « Il faut démocratiser la crise » Après les premiers signes de décrispation de la conjoncture internationale annonçant une phase de reprise mise à conditions et mitigée de l'économie mondiale, les doses d'optimisme refont surface de par et d'autre. Tirer les leçons de la crise et réfléchir sur les moyens à même d'éradiquer à long terme les séquelles de la crise, et revoir les fondamentaux du capitalisme sauvage qui a montré son disfonctionnement et essayant ainsi de transformer les menaces de la crise en opportunités. Tel est le thème débattu hier et aujourd'hui par le 11ème Congrès International de l'Ordre des Experts Comptables de Tunisie. Inutile donc de faire une récap sur les origines de la crise et de revenir pour la énième sur les raisons du disfonctionnement, les tares et les imbrications du système bancaire et financier international. Le fait est là, le monde a subi et continue de subir différemment les contrecoups de la crise. Comment affronter les effets de la crise et minimiser ses effets défavorables sur le shéma de croissance et de développement social du pays devient une priorité non seulement nationale mais plutôt régionale voire internationale. La mondialisation impose une interdépendance dans le système bonus malus. Tous les acteurs et partenaires économiques et sociaux de l'entreprise sont concernés par la recherche d'antidotes idoines pour se dépêtrer du carcan de la débâcle économique et financièrequi ébranle le monde. Les experts comptables en tant que partenaires des unités productives font partie des acteurs influents permettant de conserver la pérennité de l'entreprise tunisienne. « Certes l'économie internationale connaît des difficultés, mais des opportunités existent pour les pays émergents dont la Tunisie qui a réussi intelligemment les bouleversements extérieurs. Ainsi et eu égard à leur proximité des entreprises, les experts comptables sont les mieux placés pour déceler les opportunités à saisir », affirme M.Slim Friaa, président du Congrès. De facto ajoute M.Ahmed Mansour, président du Conseil de l'Ordre des Experts Comptables : « L'expert-comptable reste l'interlocuteur le plus concerné ou le plus indiqué au sujet des palliatifs à identifier et à mettre en place une stratégie pour parer aux effets indésirables de la crise et les moyens à adapter pour réduire l'impact sur la pérennité de l'entreprise et sur sa rentabilité » Même si plusieurs observateurs s'accordent à dire qu' il y a peu de visibilité pour l'avenir , la Tunisie est appelée à se préparer pour « post-crise ». Du fait M.Rachid Kéchiche, ministre des Finances a affirmé la volonté affichée à tous les niveaux pour sortir de la crise, pour relever les défis tout en excluant toute sorte de fatalisme. Mise à part cette dose d'optimisme, M.Kéchiche affirme que : « Rien ne prévoit une sortie de crise à terme échu». « Le mal est fait », ajoute-t-il en appelant à trouver les solutions idoines envisagées et ce nonobstant les réflexes de repli sur soi ou de protectionnisme. En ce qui nous concerne, le ministre a affirmé l'engagement de la Tunisie en période de crise dans les cercles de négociations avec l'Union Européenne en matière de libéralisation des services. Et pour sortir de la crise, le ministre des Finances a appelé les unités productives à faire preuve davantage de transparence, de rigueur et de conformité aux normes. « L'exigence d'une bonne gouvernance est de retardements devient un préalable incontournable pour mieux se positionner...il faut tirer force de la crise pour pouvoir renforcer les acquis », ajoute le ministère en affirmant qu'un projet de loi complémentaire au titre de la loi des Finances 2009 apportera des assouplissements fiscaux pour les entreprises tunisiennes. Sur un autre registre et pour sortir de ce marasme, M.Rachid Sfar ancien premier ministre et qui a déjà prédit dans son ouvrage publié en 1999 le déclenchement d'une crise mondiale, a appelé à la démocratisation de la crise. Autrement dit, il plaide à une complémentarité et un consensus entre les différents pays et les différents pôles et déplore les rapports de force pour sortir de la crise. Aujourd'hui et sur fond de crise l'intégration régionale que ce soit au niveau de l'Union Européenne, au niveau de la triade (USA, Japon et UE) ou au niveau arabe et maghrébin s'impose d'elle même. La crise donne ainsi lieu à un nouveau monde multipolitaire et à de nouvelles alliances. Et comme toute fin de crise, il y aura des perdants et des gagnants. De nouvelles alliances et des ruptures vont éventuellement apparaître à l'horizon. M.Moncef Ben Slama, Universitaire parle de la guerre de reprise entre le dragon chinois et les Etats-Unis d'Amérique. Pour la Tunisie, la crise pourrait offrir des opportunités d'investissements directs étrangers. D'ailleurs, l'intérêt des investisseurs étrangers pour le site tunisien se confirme d'un jour à l'autre malgré les retardements annoncés pour certains projets. Les délocalisations de firmes multinationales ne sont pas remises en cause. Et c'est l'exemple d'Aubade :la marque française de lingerie qui vient de délocaliser toute la partie de sa production en Tunisie, question de compresser son coût de production. Outre les aubaines en terme d'attraction de l'investissement, qui demeure l'un des piliers de la croissance, l'économie tunisienne pourrait tirer profit du comportement de l'après crise à condition qu'elle saura se prémunir des effets croisés de la crise.