Premier lieu de villégiature de masses, en été, pour les tunisois et les tunisiens en général, les villes côtières de la banlieue nord de Tunis commencent à se ressentir sérieusement de cette réputation. L'affluence des estivants a confiné, cette année, à la saturation, tellement elle est grande. Que ce soit à la Goulette, à Sidi Bou Saïd, ou à la Marsa, les trois principales destinations des vacanciers, des dizaines de milliers de personnes, venues souvent en famille, prennent d'assaut, chaque jour, le matin, les plages, ou ce qu'il en reste, et le soir, les cafés, restaurants et pâtisseries qui sont restés concentrés dans certaines zones en particulier, malgré leur multiplication.
L'espace, étroit dès le départ, s'en trouve surchargé, avec toutes les distorsions perverses que la surcharge provoque dans tous les cas. La partie de plaisir vire à une partie de pénitence, du moins pour tous ceux qui exigent un minimum de qualité, en contrepartie de leurs dépenses.
Tournure dérangeante Une dame qui a loué à la Goulette, pour cet été, une maison à 1000 dinars par mois, a dit regretter amèrement son choix, au vu de l'ambiance de saturation irrespirable qu'elle s'est vu obligée de vivre jour et nuit. Sortant de leur réserve habituelle pour ne pas être taxés de xénophobes, des habitants de la Goulette se plaignent également de la tournure prise par la villégiature dans cette station : bruit insupportable à longueur de nuit, occupation sauvage des trottoirs par les cafetiers et les restaurateurs, au mépris des règlements, pollution étouffante de l'atmosphère générale et de l'intérieur des habitations par les odeurs et la fumée se dégageant , sans discontinuer, des cuisines et fourneaux des restaurants et mille autres désagréments qui viennent enfler, insidieusement, les soucis ordinaires de la vie quotidienne jusqu'à l'éclatement. Des habitants de Sidi Bou Saïd et de la Marsa se plaignent aussi du bruit incessant qu'ils doivent endurer tout l'été, mais fort heureusement pour eux, les cafés et restaurants de ces villes ne sont pas intimement incrustés aux habitations. En plus de cette surcharge de l'espace, certains ajoutent la surexploitation à outrance des consommateurs de la part des prestataires de services parmi les cafetiers, restaurateurs et pâtissiers dont beaucoup profitent, selon eux, de l'occasion pour soutirer des clients le maximum d'argent par tous les moyens, sans leur offrir en échange des services de qualité correspondants. Quelques-uns adressent leurs reproches aux consommateurs et clients qui acceptent de fréquenter les établissements de ces profiteurs et de les encourager, ainsi, à poursuivre leur exploitation. A vrai dire, cet accroissement de la fréquentation des trois stations balnéaires signalées était prévisible, notamment après la mise en service du pont Radès- la Goulette sur le canal de navigation maritime entre Tunis et la Goulette, au mois de mars dernier, pendant que les villes côtières de la banlieue sud de Tunis, à savoir Radès, Ezzahra et Hammam Lif, tâchent encore, en vain, de retrouver leur ancienne attirance. En dehors de leurs habitants, très peu de vacanciers les inscrivent, aujourd'hui, sur leur agenda. Bien avant le démarrage de la saison estivale, cette année, des parties avisées avaient attiré l'attention sur les risques de débordement que pourrait générer l'écart entre l'accroissement considérable des besoins en loisirs et villégiature de masses, et la saturation de la capacité d'accueil dans les traditionnelles destinations de la banlieue nord de Tunis, dans ce domaine. Nous avons, d'ailleurs, à l'époque, répercuté leur avertissement dans un article précédent. Il appartient, en premier lieu, aux autorités municipales de trouver le moyen de préserver le charme de ces villes de la banlieue, en été, de manière à assurer la pérennité des services éminents qu'elles rendent, depuis longtemps, en matière de démocratisation des loisirs et de l'accès des masses et des différentes couches de la population à la villégiature, dans de bonnes conditions.