Nous sommes à l'orée du mois saint. Mais cette année, l'affaire diffère grandement des années précédentes du moment que dame nature nous offre Ramadan en pleine canicule avec un baromètre atteignant les cimes, des journées interminablement longues et des soirées très courtes. Une recommandation capitale avant de commencer : la médecine n'étant point une science exacte en ce sens que des malades présentant la même pathologie ne peuvent en aucun cas être traités et guéris par le même traitement. On ne peut de ce fait extrapoler une thérapie quelconque des uns vers les autres. Il est donc impératif que chaque malade consulte son médecin traitant pour avoir son avis sur l'opportunité ou non de jeûner ainsi que sur les réajustements idoines à suivre quant au volet traitement. Ce dernier étant le seul juge en connaissance parfaite du dossier de son patient (antécédents, résistances aux médicaments, pathologies associées, accoutumance, réponses aux thérapies, etc.) à trancher et à donner un avis scientifique irrévocable et surtout indiscutable.
Ramadan et canicule Médicalement parlant, il est admis que les pertes en eau par jour dans des conditions climatiques normales tournent aux environs de 1,5 à 2 litres ; pertes sensibles (défécation, urine, salive) et pertes insensibles (sudation, évaporation). Ces déperditions augmentent considérablement en temps chaud. Il est donc logique voire vital de les compenser durant la soirée. Boire régulièrement et suffisamment à partir de la rupture du jeûne même en l'absence de la sensation de la soif ses deux litres d'eau. Le risque de déshydratation avec crampes dans un premier stade est grand avec notamment pertes massives des sels minéraux. Précautions spéciale pour les personnes âgées ne disposant pratiquement pas de réserves en eau, et qui sont donc très facilement " déshydratables " avec des répercussions souvent néfastes, tragiques à l'arrivée. Encore une fois c'est uniquement au médecin traitant de trancher dans cette affaire. Une décision des plus difficiles à prendre par les toubibs durant ce mois saint. Les malades chroniques sont en principe exempts du jeûne. Ce dernier compliquant singulièrement leur équilibre sanitaire déjà précaire. Les cardiaques, les diabétiques type (1) insulinodépendants, traités à l'insuline, les insuffisants rénaux, les ulcéreux en poussée, les asthmatiques en crise, les malades sous chimiothérapie, les atteints d'une hépatite, etc. Ne pas omettre les malades aigus dont l'état de santé nécessite une " pause " de trois petits jours le temps que leur angine, gastroentérite aigue, bronchite dyspnéisante, voire méchante grippe, etc. se tassent.
Fausses croyances Les injections intramusculaires, intraveineuses et sous cutanées pas à base de vitamines ; les suppositoires ; le gargarisme ; l'application des pommades ; les gouttes auriculaires, nasales, oculaires ne sont guère proscrits durant le jeûne. Et là une parenthèse : tous les médecins sont confrontés au refus des patients à se conformer à leurs conseils à ce sujet. Argument massue : les prédicateurs barbus et non moins illuminés des chaînes satellitaires interdisant tout usage de thérapie avec comme épée de Damoclès suspendue sur la tête : l'enfer aux mécréants. Pas étonnant du moment que ces illuminés interdisent même le dentifrice et l'usage du parfum aux jeûneurs !
Repos du guerrier Il est indéniable que la mise au repos des différents viscères de notre organisme durant ce mois saint est des plus rentables et grandement bénéfique. C'est en quelque sorte le repos du guerrier après le marathon lassant d'une année durant. Mais l'affaire devient nocive quant nous constatons que dès la rupture du jeûne, certains se précipitent sur les mets avec une boulimie effarante. Durant toute la soirée, ils ne font que se gaver, s'empiffrer, se délecter, se remplir la panse, manger à tous les râteliers à satiété sans le moindre répit avec un mélange étonnant d'ingrédients salés, sucreries sur friandises ! Dans ces conditions, le jeûne n'est d'aucune utilité pour l'organisme, bien au contraire, il lui serait grandement nocif et porteur de multiples désagréments et complications. Et ce n'est nullement dans l'esprit, la vocation et la finalité de ce mois saint.