Battue à plate couture par le leader cabiste à Kairouan même, la Chabiba a grandement déçu les siens. Hafedh Houarbi, l'adjoint de Mrad Mahjoub trouva rapidement la parade à cette petite correction à la maison en invoquant l'effet néfaste du jeûne sur ses joueurs. Si nous reconnaissons médicalement l'effet néfaste du jeûne sur l'organisme des sportifs, nous ne partageons cependant nullement l'argumentation de Houarbi, car la déroute de la JSK doit être analysée avec beaucoup plus de perspicacité, d'acuité. Incriminer le mois saint serait une fuite en avant occultant les véritables raisons de ce Waterloo ; et Mrad Mahjoub en fin stratège doit déjà avoir en tête le remède idoine à cette déconvenue somme toute pas tellement catastrophique.
Risque majeur de déshydratation Comme nous l'avions souligné dans une approche précédente, Ramadan cette année est arrivé en plein Eté avec des températures trop élevées et une canicule suffocante. Les journées étant par trop longues et les nuits relativement courtes, l'indication voire l'obligation vitale de compenser en soirée les déperditions sensibles (défécation, miction, salive) et insensibles (transpiration, évaporation) en eau deviennent plus que souhaitables. Au minimum deux (2) litres à ingurgiter même en dehors de la sensation de la soif pour les sédentaires. Pour les travailleurs de force et les sportifs, l'affaire se complique davantage ; faut-il signaler que la perte en eau durant l'exercice violent et soutenu peut atteindre jusqu'à 3 litres par heure soit 4 % du poids corporel par heure. Des pertes s'accompagnant d'une déplétion massive en sels minéraux.
Trois complications de gravité croissante Une constante physiologique à mettre en exergue d'emblée : lors de l'effort et dans le cadre de la thermorégulation, la masse sanguine dérive vers les territoires cutanés, la peau (vasodilatation), d'où diminution de l'irrigation des muscles et donc de la performance et de l'effort musculaires. Si on persiste tout de même à solliciter les organismes dans une ambiance chaude et en dehors d'apports hydriques réguliers, des complications de gravité croissante sont inéluctablement à craindre :
1)Les crampes Concernant dans un premier lieu uniquement les muscles sollicités par l'exercice. La perte en sels minéraux et la déshydratation en sont les causes. A juguler facilement par l'extraction du sujet de l'ambiance chaude en lui administrant beaucoup d'eau et des solutions salines.
2) L'Epuisement Stade plus avancé caractérisé par des signes typiques : fatigue extrême, essoufflement, étourdissement, vomissement, peau fraîche et moite ou au contraire chaude et sèche, effondrement de la tension artérielle, avec un pouls rapide et filant. Maintenir le sportif dans une ambiance fraîche avec les membres inférieurs surélevés et l'hydrater soit par la bouche (conscient) soit par une perfusion (inconscient).
2)Le coup de chaleur : Urgence médicale C'est un cas d'une urgence extrême pouvant même mettre en péril la vie de l'athlète. Elévation de la température centrale à 40° et plus, absence de sudation, peau brûlante et rêche, hypertension artérielle, incohérence, perte de connaissance, coma profond. Hydrater massivement et hospitaliser le joueur le cas échéant.
3)Signes avant-coureurs Une sensation paradoxalement de froid, de chair de poule sont des prodromes de l'hyperthermie, du dérèglement de la thermorégulation. Tous les sportifs doivent être « en principe » initiés à ce sujet et reconnaître ces signes avant-coureurs les incitant à l'arrêt immédiat de l'exercice. Chose pas toujours évidente du coté de chez nous !
Les clubs nantis et les autres Durant ce mois saint, deux approches diamétralement opposées ont été adoptées par les directoires en fonction de leurs moyens financiers, infrastructure, logistique. Les grands clubs disposant d'un complexe doté d'un éclairage ont programmé les entraînements des leurs en nocturne à partir de 22h. Soit en respectant les 3 heures préconisées et conseillées entre la dernière prise alimentaire et le début de l'exercice. De facto, ils ont autorisé leurs joueurs à observer le jeûne. Pour les autres, contraints de s'entraîner en pleine canicule faute d'éclairage adéquat, le risque d'accident étant trop grand, ils ont imposé donc aux leurs l'inobservance du carême. Bien sûr, certains joueurs sont passés outre ces « obligations » jugées inappropriées, encourant par la même le courroux de leur staff et leur mise à l'écart pure et simple de l'effectif.
Les petits subterfuges L'on se rappelle tous de cette finale gagnée par les Hammam-Lifois après une interminable série de penalties contre le CA au Ramadan. Pour contourner la difficulté et s'autoriser à ne pas jeûner, le capitaine de l'époque des verts Fayçal Jelassi se coltina le jour de la finale un aller retour Hammam-Lif- Enfidha : distance « légale » selon la chariaa allouée aux voyageurs. D'autres joueurs se présentent au restaurant et font semblant de manger alors qu'au fait toute la pitance est passée discrètement dans un sachet amené pour l'occasion. Le président d'un club ne se fiant point à ses subordonnés pour officier aux repas des siens, y assiste en personne quotidiennement et fait ingurgiter en personne à chaque joueur un grand verre de jus de fruit.