L'élan de spiritualité, de solidarité et de piété de nos concitoyens ne se discute pas. Et particulièrement en ces dernières années, où le culte se recentre vers la modération, et le pragmatisme. Plus encore, les cours religieux sont intensifiés alors que les mosquées et autres lieux de culte sont confortés dans la sacralité du spirituel. S'il est vrai que le mois de Ramadan est d'abord le mois de la piété, de l'élévation vers la transcendance divine et, pour tout dire, l'espace des nourritures spirituelles, en aval, nous autres Tunisiens, réussissons des miracles de boulimie et des prodigues dispendieux et pour le moins exubérants. Hier, la tournée des autorités commerciales du pays, dresse un curieux "R.A.S" dans son rapport de mission. Le marché serait calme; nos concitoyens sages et pondérés; nos commerçants propres et honnêtes. Malheureusement ce n'est là que la face émergée de l'iceberg. Car d'un Ramadan à l'autre, la consommation frénétique s'intensifie. Dire que nos concitoyens vivent au-dessus de leurs moyens est un truisme. Mais ce qui est socialement important, c'est qu'ils ne vivent pas en-dessous. La consommation stimule en effet la production et, donc, la croissance. Et en plus, il ne s'agit pas de se priver et de se vautrer dans une sinistre austérité. Nous disons seulement que les consommateurs doivent faire attention à leurs assiettes et de ne pas se fier à ceux, parmi les commerçants, qui gèrent le métabolisme du marché, à leur convenance et eux seuls.