C'était 19h45 quand nous avons pris la voiture pour nous diriger vers l'une des stations principales de la TRANSTU pour nous informer sur les conditions de travail des agents de cette grande compagnie lors de la rupture du jeûne. Déjà avant d'atteindre notre destination et en parcourant le centre ville de la capitale, nous avons observé des choses bizarres qui étaient comme un prélude à cette aventure, un avant-goût du récit rocambolesque que vous allez lire et des dangers que courent ces agents que vous allez découvrir avec nous. Comme à l'accoutumée, tous les automobilistes étaient pressés, il était donc normal que le feu rouge fût grillé. On a reçu une avalanche d'insultes pour les avoir " retardés " par notre méticulosité en respectant le code de la route, heureusement qu'on n'a pas répliqué, autrement on aurait été corrigés par ces déchaînés, et il ne fallait espérer aucun secours et compter sur soi, car il n'y en avait pas. En plus de cette punition, on a connu de grandes frayeurs à chaque croisement, à chaque fois qu'on s'arrêtait à l'un de ces maudits feux: des voitures ont failli nous rentrer dedans, leurs conducteurs étant persuadés que nous étions aussi pressés qu'eux à cette heure-ci, ils ne ralentissaient pas et maintenaient la même cadence, ils ne savaient pas qu'on était scrupuleux. Alors, un conseil à tous ceux en qui le civisme vit encore, si par hasard vous vous trouvez à la rupture du jeûne sur la route avec ces chauffards, roulez à droite et mettez les feux de détresse pour faire croire à une panne. Une atmosphère dramatique Les rues étaient désertes. Mais ce qui les a rendues encore plus problématiques c'était le noir dans lequel elles plongeaient : les lampadaires n'étaient pas encore allumés. Il est vrai qu'il faut économiser de l'énergie, ce n'est pas pour quelques uns qu'on va la gaspiller, ils n'ont qu'à assumer les conséquences de leur retard. En arrivant à ladite station, notre destination, on était frappé par l'ambiance lugubre qui y régnait : des bus stationnaient dans le noir, quelques passagers en retard attendaient, ils étaient plantés comme des statuts...il n'y avait pas le moindre signe de vie. De loin, on a observé des agents assis autour d'une table installée devant le local du chef de station. On s'est approché d'eux pour nous renseigner sur leur situation, ils ont eu l'amabilité de répondre à notre questionnement après avoir fini de manger. Les risques du métier " On fait venir notre repas de chez nous, nous dit l'un d'eux, nos enfants nous l'envoient par bus. Mais on n'a pas de cuisinière pour le chauffer ni de savon ni de serviettes pour laver les mains et les essuyer, on se débrouille comme on peut. " Pendant que nous étions en train de réaliser les difficultés que vivaient ces gens, un événement dramatique subit en détourna notre attention : un chauffeur se présenta déclarant qu'il venait d'être agressé par des voyageurs : il avait la main gauche enflée et il boitait, on lui a aussi volé son portable. Le chef de station en a informé ses supérieurs et leur a demandé de faire le nécessaire pour le transporter à l'hôpital. Après cette scène malencontreuse, ce dernier nous reçut dans son bureau et répondit à toutes nos questions. "Voilà, vous venez de vivre un épisode de cette série d'actes auxquels nous sommes en butte, nous dit-il. D'ailleurs si nous dînons dehors c'est pour surveiller les bus, qui sont au nombre de 25, et les agents se trouvant dedans, car les chauffeurs et les receveurs prennent leur repas à bord, il est de même pour les contrôleurs de couloirs qui restent dans leurs boxes. Il faut bien ouvrir l'œil à cette heure-ci, les véhicules risquent d'être vandalisés et les agents d'être attaqués, il y a quelques jours, deux des nôtres ont été agressés par un étranger alors qu'ils étaient en train de manger dans le bus. Pour les lignes jugées à risque, on mobilise un nombre important de contrôleurs pour accompagner les chauffeurs et les receveurs, le renfort c'est la seule solution que nous avons trouvée pour nous défendre contre ce fléau. Cependant malgré toute notre bonne volonté et la coordination assurée entre nous, les contrôleurs, les inspecteurs, qui se trouvent sur place dans les stations, et la salle d'opération, on n'arrive pas à y venir à bout, à mettre fin à ces agressions répétées... " Des voyageurs resquilleurs A ce moment de la discussion, intervint un voyageur, il se présenta devant le bureau du chef de station et protesta contre le retard des départs. Celui-ci nous affirma que ce monsieur faisait toujours la même scène et ne payait jamais son ticket. " Il proteste, ajouta-il, tout en sachant que les départs sont à 19h35, puisque c'est un habitué de la station ". " C'est un pickpocket ! s'exclama l'un de ses collègues, il est connu par tout le monde ici, la station est son " lieu de travail ", vous l'y voyez du matin au soir voler les portes monnaies des pauvres voyageurs spécialement les âgés d'entre eux, car c'est un lâche qui n'ose s'attaquer qu'aux gens sans défense. Et sachez que les voyageurs de son espèce sont nombreux au dernier voyage avant la rupture du jeûne et à celui d'après la pause, la plupart sont des resquilleurs. On essaye de les éviter pour ne pas avoir de problèmes. Car ces gens ne respectent personne "