Que vaut le témoignage d'un accusé ? C'est le problème qui se pose dans la présente affaire où les deux personnes accusées de contrefaçons de billets de banque, ont dénoncé une troisième personne pour avoir été leur complice selon leurs dires. Cette personne avait à un moment donné, quitté le territoire, après avoir émis des chèques sans provision. Aussi avait-elle écopé d'un certain nombre de condamnations par défaut. Les deux personnes en question avaient été interpellées par les agents de la brigade criminelle alors qu'elles tentaient d'écouler un certain nombre de faux billets trouvées en leur possession. Ce fut à cette occasion que reconnaissant leur forfait, elles déclarèrent qu'elles avaient un complice qui leur avait promis de les aider à écouler en Tunisie, la quantité de faux billets au moment où elles se trouvaient dans un pays Maghrébin. Il devait les accompagner, ajoutèrent-elles, mais il leur a promis de les rejoindre juste après régularisation de sa situation concernant les condamnations par défaut dont il fit l'objet. Ces deux personnes ont été condamnées à 8 ans de prison pour tentative d'écoulement de faux billets. Quant au complice, le quadragénaire déjà impliqué dans les affaires d'émission de chèques sans provision, il a été condamné dans l'affaire de contrefaçon à une peine de prison par défaut. Rentré au pays, il formula opposition à ladite condamnation et comparut à nouveau devant la chambre criminelle afin de clamer son innocence. Il déclara en effet qu'il s'était expatrié afin de pouvoir travailler et régulariser sa situation en payant les chèques en question. Il n'allait pas aggraver sa situation davantage, précisa-t-il en participant à une tâche qu'il savait lourde de conséquences. Son avocat le soutenant, affirma que les témoignages des deux autres personnes n'étaient pas fondés et que l'accusation à l'égard de son client n'a aucun fondement juridique D'autant plus que le témoignage d'un condamné contre un autre n'est jamais probant. Il sollicita l'acquittement pour absence de l'élément matériel de l'infraction. Cependant on est tenté à se demander, pour quelle raison ces deux personnes voulaient-elles accabler davantage ce quadragénaire ? Il appartient au juge d'apprécier, en fonction des éléments du dossier et en vertu de son intime conviction.