-Des astuces pour instaurer une bonne discipline existent. Pas question de revenir, sur ce plan, à l'école à papa. Mais quitte à faire un pied de nez aux recettes strictement pédagogiques, certaines méthodes légères et méthodiquement dissuasives existent... La discipline est trop controversée et les avis changent de bout en bout selon les pédagogues qui sont partagés entre la manière forte et la souplesse. Récompenser mais aussi sanctionner quand il le faut, tel est l'adage de plusieurs éducateurs Les rapports enseignants élèves, les pratiques courantes et les règlements intérieurs dans nos établissements scolaires ont évolué. De la discipline répressive on est passé à une discipline plus permissive avec l'interdiction des punitions corporelles, des sanctions, des retenues voire même les exclusions des classes. Résultat : les enseignants ne sont plus toujours en mesure d'accomplir correctement leurs tâches. Les élèves vont à la roue libre et à la vitesse grand V vers le laisser aller. Or selon le Pr Eirick Prairat auteur d'un ouvrage intitulé Questions de discipline à l'école « la discipline dans son actualité et dans sa visée est d'abord l'ensemble des dispositifs et des régulations qui sont communément établies en vue de garantir le déroulement normal des activités dans une classe et plus largement dans un établissement d'enseignement. La discipline a une dimension instrumentale, elle autorise, elle permet. Et que vise-t-elle au-delà de ce présent fonctionnel? Elle tend à faire entrer chaque élève dans une culture de la responsabilité, c'est-à-dire à lui faire comprendre que ses actes renferment des conséquences dont il se doit de répondre. Ce sont des perturbations polymorphes: bavardages, interpellations bruyantes, déplacements incessants, désintérêt manifeste pour ce qui est proposé. Si le professeur souhaite remettre de l'ordre, cela peut déclencher des réactions brusques voire violentes de la part des élèves qui se défoulent contre une obligation, un lieu, un discours. L'indiscipline est alors perçue comme une atteinte à l'autorité professorale. Elle est douloureusement vécue parce que vécue comme un danger identitaire».
Dérapages... Or si de nos jours, plusieurs élèves respectent le règlement intérieur de leur établissement, d'autres se soucient peu de la discipline imposée par la direction du lycée ou du collège « La situation va de dérapage en dérapage. L'excès de liberté est nuisible à la société. Nos écoles contrôlent difficilement leurs élèves » Que faire ? Faut-il revenir à l'ancienne discipline ? L'élève d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier. L'autoritarisme de nos grands -parents, plus personne n'en veut. Mais le laxisme n'est pas souhaité lui non plus. La fermeté ici ne sous entend pas répression, châtiment. Elle doit être inspirée par la volonté d'améliorer l'enfant en faisant appel à ses qualités potentielles, en l'incitant à se remettre en question à réfléchir à ses erreurs pour les corriger. Certains établissements essaient de trouver des solutions pour bien gérer leurs élèves. Dans un lycée de Nabeul, le proviseur et le personnel enseignant ont réactualisé et amélioré le règlement intérieur de l'établissement qui suggère que tout élève signalé ou exclu par son professeur soit renvoyé pour trois jours. S'il récidive, il sera traduit devant le conseil de discepline. Deux semaines après l'application de ces mesures, le lycée fonctionne à merveille. Les profs font leurs cours dans de bonnes conditions et les chahuteurs menacés d'exclusion n'ont pas de choix : se conformer au règlement intérieur ou quitter l'école ! Le proviseur satisfait a vu le nombre des avertissements diminuer « C'est antipédagogique mais c'est une bonne méthode pour aider nos enseignants à bien maîtriser leurs élèves » Les enseignants ont poussé un ouf de soulagement. Les parents ont adhéré à cette discipline. Ils restent les interlocuteurs appréciés et désirés dans l'instauration d'une discipline stricte et rigoureuse. Ils ont une responsabilité.
Elèves adultes L'école ne pourra pas fonctionner toute seule. Leur rôle est primordial. Un professeur d'arabe estime que « les élèves ont beaucoup changé. Ils ne sont plus les mêmes qu'autrefois. Ils se sentent adultes et ne veulent pas être mal traités. Et en tant qu'enseignant, nous devons nous adapter à cette nouvelle mentalité. L'éducateur ne doit pas entrer dans les parties de bras de fer. Il doit éviter l'affrontement et le face à face. Une discipline rigide est parfois utile pour bien tenir sa classe »Un autre fléau a été endigué, c'est l'arrivée de certains élèves en retard. « J'ai pu mettre fin à ce fléau qui perturbe le déroulement des cours par la fermeture de la porte du lycée toujours à moins cinq minutes de la rentrée. Et depuis, les élèves viennent à l'heure. » Il est vrai que tenir la classe est aujourd'hui un exercice difficile. C'est la préoccupation majeure des jeunes enseignants. Il n'y a pas d'école sans discipline. Un réel sentiment de culpabilité naît. L'indiscipline, fait mal car elle est vécue et perçue comme une négation de ce qui constitue le cœur de l'exercice du métier du prof. Il y a urgence à réfléchir à cette question. Le système de discipline n'a pas beaucoup évolué dans nos écoles. On maintient depuis les années 90 le même régime malgré les mutations qu'ont connues l'entreprise scolaire et les relations élève, enseignant et administration. Notre système de discipline a fait constamment l'objet de retouches et de modifications. C'est un outil indispensable dans la réussite ou l'échec d'un établissement et l'amélioration de notre système éducatif. Le ministère de l'éducation et de la formation est en train de revoir ce dossier. D'ailleurs une commission s'est constituée pour évaluer le régime de discipline actuel et proposer des recommandations visant à établir de nouvelles mesures de discipline qui s'adaptent à l'évolution actuelle de l'école tunisienne. Ses propositions seront soumises à l'étude et peut être feront l'objet d'une consultation nationale. Le collège ou le lycée a besoin pour bien fonctionner d'une discipline rigoureuse et bien assise. La discipline doit amener l'élève à bien se comporter seul suivant une marche reconnue utile, saine et bienfaisante. Elle est le seul garant de la réussite de l'entreprise scolaire.