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A trop en faire dans le détail...
Grandes surfaces et petits commerces
Publié dans Le Temps le 25 - 11 - 2009


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Paradoxalement, l'épicier du coin a encore de beaux jours devant lui...
Le Forum de Sfax pour l'Investissement, tenu récemment, a mis l'accent sur la multitude d'opportunités d'investissements offertes par le secteur du commerce et, plus particulièrement, les activités de commerce de détail dont la modernisation et la mise à niveau viennent de faire l'objet, en août dernier de la loi 2009-69.
Mais comment rassurer les investisseurs potentiels alors qu'on assiste au phénomène de la montée, en nombre et en dimension, des grandes surfaces qui constituent une menace pour la survie du petit commerce ? C'est justement, l'objectif de ladite loi, ont souligné à maintes reprises, les divers intervenants au dit forum, celui de garantir une coexistence sans heurts et durable entre les deux types de commerces qui seraient dotés d'armes égales.
Autrement dit, la nouvelle loi 2009-69 vient doter le petit commerce de détail de moyens susceptibles d'assurer sa survie voire sa pérennité et ce, en réglementant aussi bien l'implantation des centres commerciaux que le franchisage et la création de centrales d'achat.
Pour sauvegarder le petit commerce, la nouvelle loi est elle venue limiter la prolifération démesurée des grandes surfaces et des hypermarchés en soumettant l'implantation de ces derniers types de commerce- quand leur surface de vente est supérieure à 1500 m2 ou bien quand leur surface de construction est supérieure à 3000 m2- à une autorisation préalable délivrée par le ministère chargé de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. A cet effet, une Commission Nationale d'Urbanisme commercial est mise en place pour examiner les demandes d'autorisation et ce, à la lumière de l'impact prévu, des nouveaux commerces aussi bien sur l'environnement que sur le petit commerce. Il est à rappeler également que l'implantation des grandes surfaces est soumise à une autre condition dans la mesure où elle n'est autorisée qu'au-delà de 05 km de la zone couverte par le plan d'aménagement, distance qui pourrait quand même être ramenée à 02 km par arrêté du ministère du Commerce après avis du ministère de l'Intérieur.

L'adhésion à des centrales d'achat
Sur un autre plan, la sauvegarde du commerce de proximité passe par deux processus : l'adhésion à des centrales d'achat et la franchise.
Les petits commerçants et même les distributeurs en gros ont en effet la possibilité d'adhérer à des centrales d'achats, c'est-à-dire des groupements qui achètent pour, leur compte, des produits à des prix et à des conditions préférentiels à l'instar de ce qui se passe pour les grandes surfaces. La possibilité offerte ainsi aux petits commerçants de négocier les prix avec les fournisseurs, par le biais desdites centrales d'achats, est un moyen idoine pour avoir des prix compétitifs et résister à la concurrence des grands centres commerciaux.
A propos de prix, de nouvelles mesures seront prises pour accroître les marges bénéficiaires concernant certains produits ciblés, en général des produits subventionnés, comme ce qui s'est passé pour le cas du sucre. Certains produits, apprend-on sont appelés à être libéralisés dans des secteurs dits concurrentiels.

Système de « franchise »
Un autre moyen s'offre aux petits commerçants pour tenir bon et assurer leur pérennité : il s'agit de la franchise, c'est-à-dire « un système de convention commerciale par lequel une entreprise met sa méthode commerciale et sa marque ou sa raison sociale à la disposition d'une autre ». C'est par exemple le cas du commerce de volaille où un franchiseur, qui dispose d'un savoir-faire ou d'une méthode spécifique, concède à un franchisé, soit une autre entreprise ou un autre commerçant, le droit d'utiliser sa marque. Si les frais d'aménagement des locaux, les équipements et l'enseigne sont à la charge du franchisé, le franchiseur par contre est tenu d'en assurer la formation et de lui garantir l'approvisionnement en matières premières ou en marchandises. C'est un créneau qui a fait ses preuves dans certains pays d'Europe dont notamment le Portugal où l'adhésion au système de franchise a permis la sauvegarde des petits commerçants, à raison de 4 pour 1000 habitants, qui coexistent normalement avec les 58 hypermarchés et les 1290 grandes surfaces que compte le pays. A noter que certains secteurs se prêtent mieux que d'autres à ce système. Tel est le cas de la restauration, des plats cuisinés, de la coiffure, des produits cosmétiques etc.

« Le progrès » !
Le petit commerce profite également d'autres mesures qui se rapportent à la formation ciblée laquelle va concerner certaines activités commerciales qui nécessitent une mise à niveau. Cette formation concernera une bonne majorité de commerçants dont le niveau d'instruction n'est généralement pas trop modeste. Il s'agit de les initier à l'utilisation des lecteurs optiques, à l'accueil ainsi qu'aux modes d'aménagement de leurs locaux tout en leur inculquant les abc du marketing etc. Il s'agit également de les inciter à moderniser leurs équipements. Le secteur du commerce de détail aura bénéficié de crédits accordés par la BTS selon une courbe ascendante s'élevant à 09 millions DT en 2007, à 06 millions DT, en 2008 et à 03 millions DT au cours des 10 premiers mois de 2009.
De plus, il est prévu incessamment la création d'un fonds pour la modernisation et la mise à niveau du petit commerce, lequel fonds serait alimenté par des fonds publics ainsi que par les redevances et autres taxes acquittées par les grandes surfaces. La gestion dudit fonds serait confiée à l'UTICA ou à un autre organisme à déterminer.
Signalons que le commerce de détail sera astreint à des délais de paiement au profit des producteurs ne dépassant pas les trente jours pour les produits alimentaires, quatre-vingt-dix jours pour les meubles et les articles électroménagers et soixante jours pour les autres produits, par exemple les produits cosmétiques. L'article 12 de la loi 2009-69 vise ainsi à protéger les producteurs contre les retards abusifs de paiement de leurs produits. Même s'il n'est pas spécifié textuellement que les dispositions dudit article concernent uniquement le grand commerce, dans la pratique, il ne peut en être autrement étant donné que dans les faits, le petit commerce n'achète qu'en petites quantités et doit souvent payer cash (exemple du lait).

Rassurant, mais.....
Voilà en principe de quoi réjouir aussi bien les petits commerçants que les citoyens eux-mêmes en raison des appréciables services que leur rend le commerce de proximité, si ce n'est que la réforme visée par le Ministère du Commerce et de l'Artisanat, louable en soi, risque de mettre longtemps à aboutir. En attendant en effet, les hypermarchés et les grandes surfaces auront eu le temps de donner le coup de grâce au petit commerce déjà très affaibli pour ne pas dire moribond, quand il s'agit par exemple de l'alimentation générale, des librairies, des quincailleries et d'autres activités fragilisées par la concurrence et le rapport de force qui ne leur est guère favorable.
En effet, les grandes surfaces qui se comptaient sur les doigts de deux mains, au début de l'indépendance, ont atteint de nos jours le nombre de 150 dont un nombre encore réduit d'hypermarchés. Dans une dizaine d'années, ils seront certainement plus nombreux pour un pays dont la croissance démographique s'effectue un peu au ralenti. Même avec l'amélioration attendue du pouvoir d'achat des citoyens, ce développement potentiel ne se fera qu'aux dépens du petit commerce. Or, le pire, c'est que le commerce de détail, y compris bien sûr, le petit commerce est en train de proliférer. Les nouvelles créations ne cessent en effet de voir le jour d'une année à l'autre, sachant qu'elles ont été de l'ordre de 13771, en 2007, de 15173, en 2008 et de 15104, au cours des dix premiers mois de 2009. Donc plus les nouvelles unités proliféreront moins il sera facile de gérer la situation.
De plus, les délais de paiement non seulement ne gênent pas outre mesure les grands centres commerciaux mais ne profitent presque en rien au commerce de proximité dont l'un des griefs contre les grandes surfaces porte sur les horaires d'ouverture de leurs concurrents. En fixant les heures d'ouverture à 10h du matin et celles de fermeture à 20h, on laissera une marge temporelle assez confortable aux premiers cités pour faire quelques recettes, mais si les grandes surfaces persisteront à ouvrir durant 12 ou 14 heures par jour, les affaires des petits distributeurs continueront à en pâtir.

Lois contournées ?
Concernant les autorisations auxquelles seront soumises les implantations de centres commerciaux dont la surface de vente est supérieure à 1500 m2 ou la surface de construction est supérieure à 3000 m2, il est à craindre que la loi ne soit aisément contournée. A l'instar des usines de vélomoteurs qui détournent la loi stipulant la nécessité d'avoir un permis de conduire pour les véhicules dont la capacité du réservoir est de 50 cm3 et plus, ils limitent la contenance desdits réservoirs à 49 cm3 et le tour est joué : plus besoin de permis donc plus d'obstacles à la vente ! Ainsi, pour éviter les formalités d'autorisation, il suffira de réduire la surface des locaux de quelques dizaines de mètres carrés. Dans ce cas, il sera difficile aux pouvoirs publics de contrôler la prolifération des grands centres commerciaux avec toutes les conséquences qui en découleront.
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La balle est dans le camp de l'UTICA
Le regroupement et l'adhésion des petits commerçants à des centrales d'achat exige une grande mobilisation des structures concernées comme l'UTICA. La balle est le camp de cette institution qui est appelée, dès maintenant et sans plus tarder ni attendre les modalités pratiques d'application de la loi 2009-69, à mener une campagne de sensibilisation tous azimuts. Toute attitude attentiste est à bannir même si cette institution se trouve par la force des choses contrainte de défendre les intérêts contradictoires de ses adhérents à savoir les petits et les grands commerçants. Son devoir est toutefois de protéger le maillon le plus faible.
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Pesanteurs procédurales et escroquerie
Il est difficile quand on évoque la situation problématique des commerçants de détail et à plus forte raison les petits commerçants de ne pas parler de la gangrène de l'escroquerie qui ne cesse de ronger ce secteur et de l'empêcher de s'épanouir. A ce propos, Wahid Fakhfakh, vice-président de la chambre syndicale régionale de l'électroménager en détail, UTICA- Sfax, qualifie ce comportement frauduleux de nombreux clients, qu'ils soient des consommateurs ou des commerçants de « véritable cauchemar pour les commerçants. Ce comportement illégal et immoral a des effets incommensurables sur le développement du commerce et par conséquent sur le développement économique du pays en général. Quand la méfiance est de mise, les transactions diminuent, les recettes aussi et les affaires ne tournent pas convenablement. Le pire, ce sont les lenteurs procédurales. Les procédures de recouvrement des créances sont d'une longueur telle que les auteurs d'escroqueries et les gens malhonnêtes disposent de suffisamment de temps pour vendre leurs biens même immobiliers et prendre la poudre d'escampette, évitant ainsi les saisies. Faute d'adresse déterminée, il est impossible pour les huissiers-notaires d'accomplir leur mission. Le recouvrement des créances est d'autant plus problématique que les escrocs ont plus d'un tour dans leur sac qui leur permettent d'échapper à la sanction et ce au grand dam de leurs créanciers. Même s'il est vrai que nous sommes tenus d'être vigilants et de prendre toutes les précautions nécessaires, nous sommes souvent pris de court par le changement imprévisible de comportement de certains clients. Ce mal porte des coups durs à la profession et au secteur dans son ensemble. Alors vivement une solution juridique ! »


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