Le Temps-Agences - La nouvelle chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a passé hier son premier "grand oral" au Parlement européen, tentant de répondre aux critiques sur son «manque d'expérience» et assurant mettre ses engagements européens avant son passeport britannique. Pendant plusieurs heures, la baronne travailliste s'est efforcée de faire face aux salves de questions des membres de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, évitant soigneusement au passage de s'engager sur les sujets sensibles. "Je pense avoir l'aptitude" requise pour le poste à défaut d'une grande expérience, a-t-elle rétorqué à un député qui remarquait qu'elle n'avait jamais été ministre des Affaires étrangères, contrairement à plusieurs des membres de l'auditoire. Elle a dans le même temps joué la carte de la modestie. "Je viens devant vous avec une page blanche que vous allez m'aider à remplir", a-t-elle lancé. La désignation à ce poste d'une Britannique, venant d'un pays historiquement réticent à tout idée de diplomatie européenne supranationale ou de défense européenne, a suscité de nombreuses critiques en Europe. Mme Ashton s'est voulue rassurante en promettant de ne pas être "une extension du gouvernement britannique. Je suis connue pour être pro-européenne dans mon propre pays, et je suis fière de l'être". Quant à la Charte des droits fondamentaux européens, pour laquelle la Grande-Bretagne a obtenu une exemption, elle a promis de la défendre en prenant "un point de vue européen en tant que Haute représentante". A l'issue de l'audition, de nombreux députés s'avouaient agréablement surpris par sa prestance "rafraîchissante et assurée", à l'instar de la Verte Franziska Brantner. Mais "c'était plutôt mou sur sa volonté de faire avancer l'UE", a ajouté Mme Brantner. "On ne l'attendait pas sur les détails, mais elle n'a pas laissé poindre l'once d'une initiative ou expliqué sa façon de voir les choses" concernant le nouveau service diplomatique de l'UE qu'elle doit mettre en place". Quant au conservateur allemand Elmar Brok, il s'est dit "déçu", jugeant notamment "effrayant" qu'elle comprenne la politique étrangère et de sécurité comme quelque chose de "strictement intergouvernemental". Sommée de prendre position sur des sujets d'actualité comme l'Afghanistan ou l'élection présidentielle controversée au Honduras, Mme Ashton a ainsi préféré renvoyer les députés sur la réunion des ministres des Affaires étrangères prévue la semaine prochaine à Bruxelles. Par rapport à son prédécesseur Javier Solana, ses pouvoirs ont été renforcés par le traité de Lisbonne. Elle est aussi vice-présidente de la Commission européenne et doit à ce titre se soumettre aux questions du Parlement européen qui devra la confirmer mi-janvier.