Le président américain a formellement reçu son prix Nobel de la paix hier à Oslo, quelques jours seulement après avoir décidé d'intensifier l'effort de guerre en Afghanistan d'où il compte partir en juillet 2011 . Le Temps-Agences- Le président américain Barack Obama a accepté hier à Oslo son prix Nobel de la paix avec "une profonde gratitude et humilité". Troisième président américain de l'histoire à recevoir le prestigieux prix, Barack Obama a justifié le recours à la force militaire dans certains cas, neuf jours après sa décision d'envoyer 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan. "Je considère le monde tel qu'il est", a expliqué le chef de la Maison Blanche. "Un mouvement non violent n'aurait pas pu arrêter les armées d'Hitler. Des négociations ne peuvent pas convaincre les chefs d'Al-Qaïda de déposer les armes", a-t-il poursuivi dans un discours de 4.000 mots, deux fois plus long que celui qu'il avait prononcé en janvier pour son investiture. "Dire que la force est parfois nécessaire n'est pas un appel au cynisme, c'est une reconnaissance de l'histoire." Obama a évoqué les circonstances justifiant à ses yeux la guerre: l'auto-défense, le fait de venir en aide à un pays envahi ou des raisons humanitaires, comme le massacre de civils par son propre gouvernement ou une guerre civile menaçant d'embraser une région entière. "La conviction que la paix est désirable suffit rarement à l'atteindre", a-t-il souligné. Il a également parlé sans détour du coût humain de la guerre, disant à propos des soldats qu'il a décidé d'envoyer en renfort en Afghanistan: "certains tueront, certains seront tués." "La guerre, pour justifiée qu'elle soit, est une promesse de tragédie humaine", a-t-il ajouté. Ironie Obama a également évoqué des alternatives à la violence, soulignant l'importance de la diplomatie et des sanctions face par exemple à des pays comme l'Iran ou la Corée du Nord, qui défient les demandes internationales sur leurs programmes nucléaires. Dans son discours, le chef de la Maison Blanche a évoqué la controverse autour de sa récompense, affirmant qu'il n'était qu'au début de "(ses) travaux sur la scène internationale". Il a également souligné l'ironie pour le président d'un pays "au milieu de deux guerres" de recevoir le prix Nobel de la paix. Récompensé en octobre par le comité Nobel pour son apport à la "diplomatie internationale", Barack Obama a dit hier reconnaître "la dure vérité" qui veut que les conflits armés ne seront pas éradiqués "de notre vivant". Il a appelé ses partenaires internationaux à l'aider à "parvenir au monde qui devrait être". S'il s'est réservé le droit d'agir unilatéralement pour défendre les Etats-Unis, le président américain s'est également déclaré convaincu que le respect du droit international renforce les pays qui s'y plient. Même confronté à un adversaire qui ne respecte aucune règle, les Etats-Unis doivent rester la référence en matière de respect du droit dans la conduite de la guerre, a-t-il affirmé. Retrait d'Afghanistan en juillet 2011 C'est ce qu'a affirmé Barack Obama à Oslo. Mais le retrait va dépendre des conditions sur le terrain. "juillet 2011, nous commencerons à transférer les responsabilités au peuple afghan et aux forces de sécurité afghanes", a déclaré Obama, confirmant ainsi le retrait des troupes américaines d'Afghanistan et mettant fin à la controverse au sujet de la nouvelle stratégie en Afghanistan, annoncée le 1er décembre et qui a suscité des interrogations sur le calendrier retenu. Venu récupérer son prix Nobel de la paix, il a affirmé: "Je ne montre aucune ambiguïté à ce sujet et il ne devrait donc pas y avoir matière à débattre. A partir de juillet 2011, nous entamerons la transition". Mais le président américain a mis un bémol à cette déclaration sans appel. Les conditions dans lesquelles les forces se retireront d'Afghanistan sont encore floues, l'administration Obama reste donc prudente. "Le rythme auquel cela se produira (...), la manière dont cela se fera tactiquement, tout cela dépendra de différentes conditions", a tempéré le président, qui n'a en outre pas précisé de date butoir pour le désengagement total des troupes. -------------------------------------- La presse mondiale mitigée
La presse mondiale était divisée hier sur l'attribution du prix Nobel de la Paix au président américain Barack Obama, certains éditorialistes soulignant la victoire des idéaux, d'autres dénonçant une désignation très politisée. Ainsi, le «Washington Post» évoque la stupéfaction générale que le Nobel de la Paix soit décerné "à un président qui n'a pas achevé sa première année de mandat et n'a obtenu aucun résultat majeur sur le plan international". Le « Wall Street » Journal explique de son côté que la réaction du journal à la nouvelle a été "la perplexité". C'est "l'un des plus grands chocs que le comité des Nobels ait jamais provoqué", affirme, pour sa part, le «Daily Telegrah» de Londres, qui juge également ce choix éminemment politique, alors que les nominations ont été closes 12 jours seulement après l'arrivée au pouvoir du 44e président américain. En Inde, la désignation du président américain fait la Une de la plupart des journaux, « The Tribune » titrant "Obama, le pacificateur du Nobel" et le « Times » "Une récompense de son vivant pour un Obama débutant". "Un prix qui donne de l'espoir au monde", estime de son côté à la Une « The Asian Age ». En Chine, le « Beijing News » évoque "un Prix d'encouragement", jugeant la décision du comité Nobel plus "symbolique" qu'autre chose. Pour sa partn une partie du monde musulman a réservé un accueil favorable à ce prix. En Indonésie, plus grand pays musulman au monde, le « Jakarta Glob »e désigne le chef d'Etat américain comme une "personne extraordinaire" :"Il gouverne en projetant des valeurs et des positions partagées par les gens honnêtes dans tous les coins du monde (...) Nous espérons que le prix Nobel de la Paix l'encouragera à continuer à oeuvrer pour la paix, quelles que soient les difficultés qu'il rencontrera", écrit le journal.