L'orientation du gouvernement vers la privatisation de certains secteurs économiques gérés, depuis longtemps, par le secteur public, infléchit une accélération du processus de libéralisation de l'économie tunisiennenne et l'intégration dans l'économie mondiale qui repose essentiellement sur la libéralisation et l'internationalisation des services. l'Etat se désengage incitant le secteur privé à s'y mettre. Les opérations de privatisation dans le secteur des services notamment, ont renforcée ce nouvel élan. Quelques milliards de dinars tels sont les fruits de cette démarche stratégique de privatisation. Mais en dépit du rythme fluctuant, la dette extérieure a quand même, enregistré un repli en 2006 grâce aux privatisations.
La récente opération de privatisation qui se veut être une première dans le secteur du transport aérien jette des éclairages nouveaux sur la croissance soutenue de l'économie libéralisée. L'obtention du grand opérateur international turc dans le domaine de la construction et la gestion des aéroports, TAV, de la concession de l'exploitation des deux aéroports à savoir l'aéroport de Monastir et le projet de la construction de l'aéroport d'Enfidha, afin de les exploiter pour 40 ans, a généré des avantages non indéniables. Sur le plan financier, la Trésorerie Nationale est alimentée par une mise initiale de plus de 650 MD payée par le groupe turc le 15 mars 2007, afin d'obtenir l'appel d'offre des deux aéroports. Mais, il est à signaler que le volume d'investissement ne reflète nullement la valeur totale de la concession. À vrai dire, l'appel d'offres n'a pas été remporté pour 650 MD mais, pour plus que cela. Les 650 millions de dinars sont seulement l'équivalent de l'appel d'offres de la construction du nouvel aéroport d'Enfidha. l'envergure de l'appel d'offre se traduirait absolument par une somme au-delà de 650MD. « Le volume réel de l'investissement dépasserait les 5 milliards de dinars », confirme M. Haluck Bilgi, prochain Directeur Général de TAV en Tunisie.
À l'issue de cette confirmation, d'autres avantages sont à identifier. Un nouvel aéroport sera aménagé et équipé par des technologies de pointe et sera géré par un opérateur international, leader dans le domaine de la gestion des aéroports. Le projet s'étendant sur une surface de 4 milles hectares va absorber des centaines de nouvelles recrues. Se voulant un catalyseur d'emploi, c'est un créneau de formation en matière de nouvelles techniques et spécialisations commerciales. L'opérateur turc aurait mobilisé des compétences tunisiennes en vue d'acquérir un nouveau savoir faire technologique et commercial dans le domaine du transport aérien. Hormis l'avantage tenant à la création d'emplois qu'assurera l'opérateur turc, la promotion de la destination touristique de la Tunisie sera multipliée et impliquée dans la stratégie de communication de TAV. Le nouveau groupe ambitionne la réalisation d'un surplus de passagers et ce, par le renforcement des actions de sponsoring des grands événements à l'échelle internationale tout en profitant de l'existence d'un réseau étendu de la TAV dans le monde entier. "L'image de la Tunisie touristique devrait mieux être connue ", indique M. Bilgi. Le tourisme verra peut-être un nouvel élan à travers cette privatisation. En effet, les avantages que dégage cet appel d'offre touchent inévitablement la composante solide de la pérennité du cadre macroéconomique, qu'est l'attraction des investissements directs étrangers. Le groupe Turc, premier grand investisseur privé dans le transport aérien en Tunisie va appâter en cas de réussite d'autres grands investisseurs pour opérer en Tunisie. « Plusieurs investisseurs turcs sont en train de réfléchir et d'étudier des opportunités d'affaires en Tunisie, plusieurs autres étudient la possibilité de multiplier notre expérience d'investissement en Tunisie. La notoriété de notre groupe peut servir l'attraction d'éventuelles opportunités d'investissements turcs notamment », note M. Bilgi. Il s'avère finalement, que l'appel d'offres concernant la concession des deux aéroports est une opération de privatisation s'inscrivant sur tous les plans dans la logique de gagnant-gagnant. Toutefois, si cette expérience porte ses fruits, elle servira à l'accélération d'autres éventuelles privatisations à l'horizon.