M. Moëz Driss, président de l'Etoile du Sahel est sans doute un brave type. C'est même, selon ses amis, un bon gaillard. A son avènement à la présidence de l'Etoile, notre journal lui réserva de grands espaces, saluant, en lui, le courage d'avoir succédé à un Jenayeh, ce qui n'est pas une mince affaire. Sans doute, comprenons-nous à la limite que la succession ne s'est pas faite sans rupture. L'Etoile ne pouvait plus attendre que Jenayeh se décide à n'être plus « l'éternel Poulidor », c'est-à-dire, le dauphin « chronique » du championnat derrière cette machine à broyer les titres que fut l'Espérance de Chiboub. Nous admettons, dès lors, que Moëz Driss, ait été, d'emblée, mis sous pression : il doit réussir là où son prédécesseur a échoué, c'est-à-dire, la reconquête du titre, même si, malheureusement, on a tendance à taire les réalisations du club, ce gigantesque qui en fait l'un des plus grands clubs d'Afrique et du monde arabe. Nous devons, par ailleurs, à la vérité de dire, que même s'il est moins communicatif que Jenayeh, le président actuel de l'Etoile a toujours été disponible pour éclairer notre lanterne, pour répondre à nos questions. Car, il est le premier à savoir que l'Etoile du Sahel n'appartient pas uniquement à Sousse ou au Sahel mais elle représente un patrimoine national. Elle appartient à la Tunisie tout entière. Malheureusement, M. Moëz Driss a succombé à la pression née des incidents de samedi dernier. Il remettait au goût du jour les vieux fantasmes de la « persécution » sur les ondes de la radio « Jawhara ». Pour lui, des médias seraient manipulés pour déstabiliser l'Etoile. Et, dans la volée, il nous faisait dire, par le truchement de notre correspondant particulier Barhoum, qu'il rompait tout contact avec « Le Temps » et qu'il boycotterait notre journal... Un peu dans le style de la fin de non recevoir opposée par le secrétaire général de l'Espérance, lors de l'AG extraordinaire de la FTF. Nous serions donc coupables d'avoir fait notre travail. Nous aurions provoqué la suspension de Ben Frej, auteur d'un geste pour le moins obscène. N'est-ce pas, par ailleurs, la télévision qui a retransmit en direct le coup de colère de Benzarti ? C'est justement pour ne pas jeter de l'huile sur le feu que nous nous sommes refusés de publier un fleuve de correspondances d'indignations. Nous nous attendions plutôt à ce que ce soit Moëz Driss lui-même qui punisse son propre joueur – qui n'en est pas à un dépassement près -. Un président de club est d'abord un éducateur. Et nous savons que Moëz Driss en est un. Je n'ai pas l'habitude d'utiliser le « je » dans mes articles, mais après un billet consacré au crachat de Chikhaoui, je reçus des insultes dont des menaces de mort. Moëz Driss eut l'extrême amabilité, dans un long entretien téléphonique, de me témoigner toute sa solidarité et toute sa sympathie envers notre journal... Nous sommes sûrs qu'une fois cette mauvaise humeur passée, Moëz Driss se remémorera tout ce que nous avons écrit de bon sur son Etoile, tous les égards que nous lui réservons, loin de toute manipulation et loin de tout calcul. Pour nous, l'Etoile est plus importante que les personnes. Et, c'est tout aussi valable que pour tous les autres clubs.