Avec la prolifération désormais cacophonique des émissions réservées au football, l'impression quasi générale est que la parlote, c'est-à-dire les mots l'emportent sur les choses et qu'à peu de frais le pastiche du verbe supplante la réalité des choses. Sur le plateau d'Al Jazeera, Maâloul ne pouvait se priver d'une hyperbole nostalgique sur l'ère Lemerre, entendez l'ère Lemerre/Maâloul. Tarek Dhiab réfléchit, comme d'habitude, avec ses déterminismes argentins. Quant à l'ami Ben Chikha il paraissait gêné ". Lui qui a vécu la fête et la communion chez nous, le dépit et le désenchantement connaît parfaitement les limites du football tunisien... Et ces limites sont tenaces, chroniques. Elles s'éternisent même. Que Darragi, régisseur controversé, nous ait manqué que Dhaouadi n'ait pas été à son aise sur la droite, que Jomaâ coure dans des espaces inutiles ou que Chermiti perde l'équilibre au moment d'envoyer la balle dans les filets après avoir dribblé le gardien... Eh bien tout cela ce ne sont que des détails. Et d'ailleurs la systématisation des leçons techniques sur les plateaux occultent les problèmes réels et accablent injustement Faouzi Benzarti. Aujourd'hui, la sélection tunisienne a besoin d'autres arguments que des analyses casuelles, et par ailleurs pour la plupart subjectives. Une équipe jeune, " tunisifiée " avec un entraîneur certes assis sur deux chaises, mais tunisien quand même. Ferions-nous preuve de nationalisme intempestif ? Plutôt oui, et surtout après les mois de musarde avec Coelho... pourquoi l'Egypte est-elle ce qu'elle est aujourd'hui ? Sa fédération a fait preuve de bons sens en stabilisant le cadre technique autour de Chehata. Le professionnalisme y est clair et parfaitement cohérent. Et leur championnat est si intensément disputé que les vedettes qui vont jouer à l'étranger sont compétitifs, même si Chehata s'en passe aisément... L'ivresse de la " gloire " retrouvée a transformé le nombrilisme égyptien en chauvinisme décapant sur fond de vindicte à notre endroit. Ils ne nous ont jamais pardonné le 4-1 d'El Menzah, un certain mois de décembre 77... Mais depuis...