La mobilisation sans précédent des Etats-Unis en faveur de Haïti est en soi un geste très positif et à la hauteur d'une catastrophe énorme qui a handicapé ce pays meurtri et lui a causé des pertes humaines et matérielles sans précédent. Soit, mais, en politique, le mot générosité, n'a jamais existé à part dans les dictionnaires de la langue. L'engagement US, aussi important soit-il, n'a pas été, entre autres, du goût de certains pays, tels que la France. Ce pays était l'ancienne puissance colonisatrice de Haïti et ses relations avec l'île, sont anciennes et diversifiées. Mais la France, vu sa taille et ses propres moyens, ne saurait rivaliser, comme sur d'autres dossiers, avec l'Oncle Sam. La distance entre Paris et Port-au-Prince est aussi un élément qui pourrait expliquer cet état des choses. A signaler que les autorités américaines, qui gèrent, désormais, l'aéroport de Port-au-Prince, avec l'aval des autorités haïtiennes, ont interdit, samedi, l'atterrissage d'un avion d'aide français, ce qui a outré Paris. Ceci démontre aisément un fond de rivalité entre l'ancien protecteur et l'hyper puissance US qui de plus, voit en Haïti et toute l'Amérique Latine, d'ailleurs, sa zone " naturelle " d'influence et son " jardin arrière ". Pour cette raison et pour d'autres motifs de politique interne, Obama a " sauté sur l'occasion " pour soigner davantage son image quelques jours avant le 20 janvier, date anniversaire de son arrivée à la Maison Blanche. Il tente de créer un consensus national autour de lui en chargeant ses deux prédécesseurs républicains et démocrates, G.W.Bush et Bill Clinton de coordonner l'aide américaine et de collecter des fonds auprès du secteur privé. Obama n'a pas, non plus, oublié l'image de son pays. A travers cette mobilisation, il rappelle au monde que son pays sait faire autre chose que la guerre, en Afghanistan et ailleurs. Engagement humanitaire pour faire oublier un tant soit peu, l'engagement militaire. L'adage arabe disait : " Le malheur des uns fait le bonheur des autres ", peut-être. Mais, en somme, les Etats-Unis ne sauraient réagir autrement face à une catastrophe de cette ampleur.