Le rapprochement est peut-être osé, voire outrecuidant, mais la vérité est que les films algériens, pour ne pas parler de cinéma algérien, dans leur diversité et la multiplicité des univers qui les habitent - sauf exception -, et s'agit-il du film le plus mineur, portent en eux, comme inscrite dans la chair même de la pellicule, une étrange flamme, sèche ou brûlante, vacillante ou affirmée, qui fait que ces œuvres-là vous assènent à chaque fois comme un coup de boutoir au ventre qui fait très mal. Au point que, d'où que vous soyez, vous vous sentez solidaire de cette humanité qui se déploie sous vos yeux, comme si ces hommes, ces femmes et ces enfants qui traversent l'œuvre faisaient partie de votre famille. Et que votre destin était lié au leur. Et vice-versa. Ce « coup de boutoir » s'il en est, c'est le même que l'on ressent à l'écoute de l'hymne national algérien. Et c'est ce même rythme, poignant et fort, qui semble porter les films algériens, du moins les plus marquants d'entre eux, de sorte qu'ils inspirent aux spectateurs, toutes sensibilités confondus, une émotion indéfinissable, dont ils ne parviennent pas à s'expliquer la véritable teneur, ni les raisons qui font que l'empathie ici, en l'occurrence, fonctionne à fond la caisse. Pourquoi ? La raison en serait sûrement que les cinéastes algériens portent leur pays et le poids de leur Histoire dans leurs films. Et on peut dire qu'ils ont mis longtemps à s'en défaire, d'une certaine manière, pour se préoccuper de l'esthétique des films, de la forme : narrative, discursive…, sans que cet aspect-là, qui relève d'une exigence artistique, ne prenne jamais le pas sur le fond. Nous dirons que c'est tant mieux. Ce n'est pas par hasard que dans la région, à savoir l'aire maghrébine, ce cinéma se démarque et émerge du lot. À la maison de culture Ibn-Rachiq, du 13 au 21 février, la semaine du film algérien est à ne pas rater. Les quelque 17 films proposés aux cinéphiles brassent large, puisqu'ils remontent à l'année 1961, année charnière d'avant l'indépendance de l'Algérie, jusqu'en 2009. Entre une œuvre de Mohamed Lakhdar Hamina, et celle, plus près de nous de Rachid Bouchareb et son dernier opus : « London River », bien de l'eau est passée sous les ponts. Mais le détour vaut toujours la chandelle. Avis aux cinéphiles, et à tous les autres…