Le Temps-Agences- Extradé des Etats-Unis, l'ancien président panaméen Manuel Noriega, a été présenté hier à la justice française qui doit le rejuger pour blanchiment présumé d'argent de la drogue onze ans après sa condamnation par défaut. Arrivé hier matin à Paris dans un avion en provenance de Miami (Etats-Unis) d'où il a été extradé, l'ex-homme fort du Panama, a été aussitôt transféré vers le palais de justice de Paris où il s'est vu notifier le mandat d'arrêt à son encontre. "Le général Noriega s'est vu notifier le mandat d'arrêt international par le procureur de la République", a déclaré à la presse Me Olivier Metzner, soulignant que M. Noriega, "sous traitement médical", était apparu "très affaibli". Agé de 76 ans, il souffre d'hémiplégie, selon son autre avocat. Il doit comparaître dans l'après-midi devant un juge des libertés et de la détention (JLD) qui statuera sur son éventuelle incarcération avant son procès. Ses avocats, ont annoncé qu'ils entendaient "contester la régularité de l'extradition" devant le JLD et demander la publicité des débats. Ils demandent à ce que Manuel Noriega bénéficie du statut de prisonnier de guerre, comptent plaider l'incompétence de la justice française à juger Manuel Noriega en raison notamment de son statut de chef d'Etat à l'époque des faits qui lui reprochés (1988-1989) et de la prescription des faits qui lui sont reprochés. Le général Noriega, homme fort du Panama de 1981 à 1989, a été condamné par défaut par le tribunal correctionnel de Paris le 1er juillet 1999 à 10 ans de prison et 11,4 millions d'euros d'amende pour blanchiment. La justice lui reproche d'avoir transféré 2,3 millions d'euros en France provenant du cartel de la drogue de Medellin (Colombie). Manuel Noriega affirme que ces sommes proviennent de l'héritage de son frère, de la fortune de sa femme et de versements de la CIA. Longtemps allié des Etats-Unis pendant la Guerre froide, ancien informateur de la CIA, Manuel Noriega était tombé en disgrâce à Washington pour son implication dans un trafic de stupéfiants. Il avait été renversé puis capturé en 1989 lors de l'intervention américaine au Panama ordonnée par le président américain George Bush. L'ancien président de ce pays d'Amérique centrale avait ensuite été condamné à 40 ans de prison aux Etats-Unis pour trafic de drogue. Placé en détention en Floride, sa peine avait été réduite à 17 ans pour bonne conduite. Mais quelques jours avant la date prévue pour sa libération, en septembre 2007, un juge fédéral américain avait approuvé son extradition vers Paris. La Cour suprême des Etats-Unis a refusé le 22 mars la demande de l'ex-homme fort du Panama d'être réentendu, éliminant ainsi son ultime recours contre une extradition. De son côté, le gouvernement panaméen a fait savoir qu'il respectait la décision "souveraine" des Etats-Unis d'extrader l'ancien président vers la France, tout en demandant qu'il soit rapatrié pour faire face à la justice dans son pays. Le général Noriega a été condamné au Panama à 54 ans de prison pour son implication dans la disparition et le meurtre d'opposants entre 1968 et 1989.