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Pas d'alternative: soit s'associer soit se retrouver relégués dans les périphéries de la Mondialisation L'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin:
M. Dominique de Villepin ancien Premier ministre français a intervenu au cours de ce forum organisé par Réalités. L'ancien Premier ministre français s'est dit heureux d'être sur cette terre de Tunisie, au confluent des civilisations. « Un pays attaché à sa cohésion qui offre un chemin de développement équilibré et soucieux de modernisation. M. de Villepin a précisé lors de son intervention que «la mondialisation nous impose d'avancer dans la voie d'un nouveau partenariat global entre nos continents. L'Europe, le Maghreb et l'Afrique, partagent un héritage commun nourri par une longue histoire commune et des échanges intenses. Cette relation nous a enseigné une règle : la diversité. Au cours des dernières décennies, ces relations se sont de plus en plus organisées. L'Europe s'est efforcée de construire une relation avec l'Afrique et le Maghreb mais suivant des voies séparées et différentes. Il y a eu d'un côté, avec le Maghreb, le dialogue euro-méditerranéen, au départ avec le processus de Barcelone, en 1995. L'Union Pour la Méditerranée, en 2008, a constitué un pas supplémentaire. La relance de ce dialogue entre les deux rives, à l'approche du sommet de Barcelone de l'Union Pour la Méditerranée en juin prochain, est essentielle. Aujourd'hui face aux bouleversements du monde l'Europe, le Maghreb et l'Afrique subsaharienne sont face à un choix crucial : soit s'associer et devenir l'une des colonnes essentielles du monde demain, soit au contraire se diviser et être relégués au rang de périphérie de la mondialisation. La nouvelle donne de la mondialisation M. De Villepin a ajouté que « la nouvelle donne mondiale s'est traduite par trois glissements. Le premier glissement est lié aux inégalités de la croissance. Le deuxième s'opère du fait du déplacement de la puissance de l'Ouest vers l'Est. Le poids économique appelle le poids politique. La Chine se prépare à son statut de principale puissance mondiale cherchant des ressources pour nourrir sa croissance et des débouchés pour son industrie. Le troisième glissement est dû à un changement d'échelle de la puissance. Pour l'instant a souligné l'ancien Premier ministre français qui sont les laissés pour compte de cette envolée ? L'Europe manque le rendez-vous de l'innovation avec l'échec de la stratégie de Lisbonne. Elle perd ses repères comme le montre le traitement de la crise grecque. Le Maghreb s'en tire mieux avec une croissance élevée tout au long de la dernière décennie alors que l'Afrique noire connaît une forte croissance de 6% l'an. Seule une volonté commune peut permettre à l'Europe, au Maghreb et à l'Afrique d'affronter les défis communs dont notamment les émigrations, l'agriculture, la prospérité partagée, la santé et la sécurité. Il y a donc une volonté lucide et réaliste. Pour progresser ensemble, il faut avancer en trois temps. Tout d'abord, il faut que les trois ensembles avancent sur la voie de leur propre unité. Ensuite, il convient de lier étroitement les destins du Maghreb et de l'Europe en construisant un pôle paneuropéen de sécurité et de prospérité capable de faire le poids au niveau mondial. C'est une question d'échelle, de complémentarité et d'efficacité. C'est l'avenir des relations UE-Maghreb mais à plusieurs conditions : Première condition, une démarche de coopération dépassant le cadre de libre échange, la deuxième consiste à un engagement de l'Europe qui a négligé le monde extérieur. Un engagement politique et financier. La troisième condition, c'est le respect de la diversité. Un partenariat réaliste, c'est un partenariat qui fait place à chaque Etat dans son histoire, dans son identité et dans sa spécificité. Enfin, il faut une ambition plus large et un véritable partenariat global avec l'Afrique. Ce partenariat se justifie par l'avenir africain et l'avenir européen. Cela suppose une politique de co-développement moderne repensant le lien qui constitue les flux migratoires, une politique de développement en termes d'équipements, d'infrastructures et de sources d'emplois formels et une politique en résonance avec les défis globaux. Les conditions de réussite de ce partenariat L'ancien Premier ministre français a posé des conditions pour réussir ce partenariat qui selon lui devra se construire sur trois principes « Il s'agit d'un partenariat entre égaux qui implique l'ensemble des acteurs de l'Europe et du continent africain. Un partenariat entre les peuples d'Afrique, du Maghreb et d'Europe. Et là les femmes africaines auront un grand rôle à jouer dans le développement et le renouveau du continent africain. Enfin un partenariat ouvert aux autres acteurs qui viserait d'autres régions du monde de participer aux efforts pour le développement de l'Afrique comme la Chine, l'Inde et l'Amérique. La clé de réussite, tout le monde le voit, c'est une démarche concrète. Quatre projets peuvent donner corps à cette nouvelle solidarité entre Europe, Maghreb et Afrique noire, à partir des axes définis par le partenariat stratégique de 2007 à savoir l'accès à l'eau, les transports, l'énergie et la santé. La dernière clé du succès, la démarche doit tirer parti de toutes les capacités. La France a un rôle particulier à jouer dans ce partenariat. D'autres pays pourront être impliqués et je pense en particulier au groupe des 5+5. Le Maghreb enfin a aussi un rôle essentiel à jouer, un rôle de passerelle d'abord mais un rôle de carrefour et de coopération et enfin un rôle de laboratoire grâce au renforcement des relations au sein d'un pôle paneuropéen de sécurité et de prospérité. La route est encore longue. Mais chacun pressent aussi que l'enjeu de ce grand partenariat entre Europe, Maghreb et Afrique est immense et doit mobiliser tous nos efforts» -------------------------- M. De Villepin, au “Temps ” : «La Tunisie a un rôle à jouer dans ce rapprochement entre l'Afrique et l'Europe» Comment jugez-vous ce partenariat Afrique-Europe ? C'est une volonté et une nécessité. Nous vivons à l'heure de la mondialisation où l'Europe et l'Afrique ont besoin d'une nouvelle dynamique surtout avec cette concurrence des pays émergents comme l'Asie et le Brésil et d'autres grands pays. Nous avons besoin de resserrer ce partenariat. C'est un intérêt mutuel: 500 millions d'Européens d'un côté et un milliard d'habitants en Afrique c'est dire à quel point il y a une puissance qui peut s'affirmer si nous sommes capables de développer les liens entre nos deux continents. Il faut le faire à travers des structures comme l'Union du Maghreb Arabe, l'Union pour la Méditerranée et les relations entre l'Union Européenne et l'Union Africaine. Mais fédérer autour de trois grands pôles nos capacités et raffermir nos liens me semble une idée susceptible de rendre encore plus crédibles certains grands projets comme l'accès à l'eau, le transport et la santé et l'énergie. Il y a des complémentarités qui existent entre certains pays mais les politiques n'ont pas réussi à mettre en avant ces complémentarités et en faire un atout. Nous avons des perspectives très concrètes et d'actions qu'il faut développer à condition que l'impulsion soit donnée par le haut. La mondialisation nous donne l'obligation de prendre conscience de la nécessité d'agir de nous rapprocher encore. Mais cette mondialisation n'est –elle pas un frein à ce partenariat ? La mondialisation n'a de sens pour nous que si nous sommes capables de nous organiser et c'est bien qu'il se crée davantage de liens à l'intérieur de l'Union du Maghreb Arabe et au sein de l'Union Africaine et l'Union Européenne et davantage de solidarité entre ces trois pôles. Il faudra avancer et fortifier ce lien qui est indispensable pour un partenariat durable. La Tunisie a –t-elle un rôle à jouer dans ce rapprochement Nord-Sud ? La Tunisie a un rôle à jouer de par son expérience très ancienne : une vocation de pont entre l'Afrique Noire avec les autres pays du Maghreb vers l'Europe et également une confiance qui se développe avec de grands partenaires européens qui peuvent lui permettre de jouer ce grand rôle d'impulsion tout à fait essentiel.