Les risques et aléas naturels, la protection et prévention des risques naturels et l'élaboration des cartes des risques naturels, tels sont les principaux thèmes débattus par les Xèmes Journées de la Géologie Tunisienne, organisées les 18 et 19 mai par la Direction du Service Géologique à l'Office national des mines, sous le thème « Les Cartes Géologiques des Risques Naturels : Outil de prévention, de protection et de développement ». Cette manifestation a pour objectif de mieux faire connaître les résultats des études menées par l'office et les établissements de recherche spécialisés dans ce domaine, afin d'optimiser leur exploitation dans des domaines liés aux sciences de la terre, tels que l'aménagement du territoire, l'environnement, l'agriculture et autres. Destinés, surtout, aux géologues, aux scientifiques et aux intervenants dans le domaine des sciences de la terre, les résultats de ces études peuvent servir dans les domaines de l'aménagement du territoire, l'environnement et l'agriculture. Elle vise, également, à aider les acteurs concernés par la géologie à prendre les bonnes décisions, notamment, en matière de gestion des risques naturels et à permettre à l'Office de s'informer des expertises des entreprises tunisiennes et étrangères dans ce domaine. Plusieurs expériences de pays voisins et étrangers sur les aléas naturels et les moyens devant en atténuer l'impact ont été présentées à cette occasion. En effet parmi les grands risques fréquents figurent notamment ceux liés à la qualité du sol, les glissements de terrains, les failles, les séismes, la désertification et l'érosion marine, à la morphologie, à la géologie, aux contextes régionaux, aux facteurs climatiques et à l'action humaine. Subdivisés en quatre domaines Selon des experts tunisiens, les risques naturels en Tunisie sont subdivisés en quatre domaines, ceux liés au littoral et au plateau continental, aux mouvements tectoniques, aux inondations et à la désertification. Face à cette situation, l'Office National des Mines a entamé, au cours des cinq dernières années, l'étude des aléas pouvant engendrer des risques afin d'établir la carte des risques naturels du Grand Tunis pour aider à l'élaboration d'une stratégie de prévention. Dans le cadre de ses recherches, l'ONM élabore, également, une enquête géologique intégrale concernant tout le territoire tunisien dans l'objectif d'en identifier les caractéristiques géologiques et la qualité des roches et du sol. Cette enquête aide à la prise de décision dans plusieurs domaines basé sur les données ayant trait aux sciences de la terre en général. Ouvrant les travaux de cette manifestation, M. Abdelaziz Rassaâ, secrétaire d'Etat chargé de l'Energie renouvelable et des Industries alimentaires, a relevé, à cette occasion, que les travaux de l'enquête géologique élaborée par l'ONM a permis la couverture de 78 % du territoire tunisien avec des cartes à l'échelle 50000/1 pour le Nord et le Centre et de 100000/1 pour le Sud. Il a fait remarquer que le choix du sujet des risques naturels pour cette conférence reflète la volonté de s'adapter aux évolutions scientifiques dans le domaine des études des risques naturels et d'identification de leurs origines et des mesures à prendre pour en atténuer les impacts, rappelant que cette question s'inscrit dans le cadre des orientations du programme présidentiel 2009-2014 notamment celles visant la sauvegarde de l'environnement et la réalisation des objectifs du développement durable. Riche patrimoine géologique D'après les communications présentées à cette occasion, les études géologiques en Tunisie ont débuté avec les premières expéditions scientifiques de Philipe Thomas (1843) qui a découvert les gisements de phosphates de chaux dans le sud de la Tunisie. L. Pervinquière (1903) avec son œuvre " Etude géologique de la Tunisie centrale " a tracé les fondements de la géologie tunisienne. Depuis, les études se sont succédé à un rythme accéléré. A partir des années 80, l'entrée en service de nombreux géologues a permis un développement considérable de la cartographie de base, ce qui a permis, la description des séries stratigraphiques affleurantes, la précision biostratigraphique de leurs âges et l'établissement d'une charte lithostratigraphique pour l'ensemble des formations géologiques de la Tunisie. En 2003, la mise en place du Système d'Informations Géologiques et Minières (SIGM), a offert la possibilité de stocker et de valoriser toutes ces données, afin de les utiliser dans divers domaines de l'activité économique et de les mettre au service du développement durable du pays. D'après un expert de l'ONM, « les projets de développement de l'infrastructure de base du pays exigent la connaissance du sol et du sous-sol et surtout des ressources naturelles: substances minérales, eau ... Pour atteindre cet objectif, des programmes spécifiques sont alors lancés par l'ONM depuis 1990 et visent l'établissement des cartes de substances utiles des gouvernorats, des cartes gravimétriques, des cartes géochimiques et des cartes de risques naturels, rappelant que la Tunisie possède une tradition plus que séculaire dans le domaine de la cartographie géologique ». Jusqu'à la fin 2009, 148 cartes géologiques de base ont été levées sur 183, ce qui représente 80% de la couverture du pays. L'ensemble de ces sites représente le patrimoine géologique, partie intégrante du patrimoine naturel national. A rappeler que la Tunisie est un pays essentiellement sédimentaire. La série stratigraphique s'étale depuis le Primaire jusqu'au Quaternaire. Toutefois des affleurements de roches magmatiques d'âge miocène sont connus dans l'extrême nord du pays. La métallogénie de la Tunisie est intimement liée à la zonation structurale. En effet, les indications minérales répertoriées dans tout le territoire montrent une répartition selon les entités géotectoniques. Il existe en Tunisie des sites géologiques qui présentent un intérêt scientifique, pédagogique ou encore esthétique. Ils constituent parfois des symboles de leur région telles les Aiguilles de Tabarka, les gorges de l'Oued Thelja dans la région de Gafsa et la Table de Jugurtha dans la région du Kef. Une visite au Cap bon est programmée pour les participants à ces journées scientifiques. Cette visite va permettre de prendre connaissance de l'impact des glissements de terrains sur les routes de la région.