Les « célibataires endurcis » sont désormais majoritaires en Tunisie. Nos jeunes se marient-ils de plus en plus tard ? Les quelques données disponibles le confirment malgré l'absence de travaux et de recherches approfondis qui expliquent ce « phénomène » nouveau. Il paraît en fait que la Tunisie ne dispose pas encore de moyens pour diagnostiquer et l'analyser avec pertinence, c'est ce qui a été annoncé vendredi après-midi lors du 9ème cercle de la population et de la santé de la reproduction organisé par l'ONFP autour du thème « le célibat chez les jeunes : choisi ou subi ? ». Manque de moyens pour certains, prolongation de scolarisation et changement de mentalité pour d'autres…sont notamment, les arguments ou prétexte que présentent les jeunes qui ne se sont pas encore mariés. En fait, fonder une famille et avoir un foyer est jugé inutile, d'après quelques témoignages présentés lors du cercle. « Ca sert à rien de se marier alors que les relations hors mariage sont très faciles à nouer », justifie un interviewé. Ce constat interpelle les spécialistes (psychologues, sociologues…) qui considèrent que « le recul de l'âge du mariage est une problématique et non pas un problème », d'après M. Abdelwaheb Mahjoub, Docteur en psychologie. Baisse du nombre de mariages Si nous avons enregistré une évolution du nombre de mariage au début des années 90, les chiffres ont baissé lors des dernières années. 64440 mariages ont été accomplis en 2007 contre 83206 en 2006, soit plus de 18 mille mariages de moins. Ce changement de comportement aura des répercussions sur l'équilibre de la société et le renouvellement des générations de fait que le taux de fécondité risque de diminuer au fil des années. A remarquer qu'il est actuellement de 2,02 enfants par femme alors que la norme nécessaire pour un renouvellement des générations est de 2,1 enfants par femme. Mme Nabiha Gueddana PDG de l'ONFP s'est montrée rassurante par rapport à ce point. Elle a annoncé qu'une légère augmentation a été enregistrée à ce niveau lors des cinq dernières années. Cependant, certains sociologues et autres spécialistes « tirent la sonnette d'alarme » si les indicateurs tendent vers la baisse. « Si cela continue, la configuration démographique du pays pourrait changer considérablement dans les années à venir avec comme toile de fond, un vieillissement de la population », préviennent-ils. « Tendance qui conjuguée à l'amélioration de l'espérance de vie (75 ans pour les femmes et 71 ans pour les hommes) pourrait bien évidemment accroître davantage la pression sur les caisses de sécurité sociale ». Autre résultat du recul de l'âge du mariage, aux conséquences lourdes, l'accroissement du nombre des relations sexuelles hors mariage. Si quelques-uns se protègent et ont une idée sur les risques des rapports sexuels non protégés, d'autres ignorent les dangers de ces pratiques non protégées. Une enquête réalisée par l'ONFP, a démontré que « 64 % des jeunes garçons ne connaissent pas la syphilis contre 71 % des jeunes filles ». Ils connaissent mieux le SIDA que les autres infections sexuellement transmissibles ou le risque de grossesse non désirée. Il faut dire même que ces risques ne sont pas totalement assimilés par les jeunes. L'enquête réalisée par l'Office a démontré que 84 % des filles et 89 % des garçons interviewés « avouent avoir entendu dire que la pratique des rapports sexuels est dangereuse à cause des maladies qui pourraient leur être transmises », reste à savoir s'ils se protègent ? Autre donnée non moins révélatrice est que le nombre des « non mariés » sont désormais majoritaires en Tunisie. C'est ce qu'ont dévoilé plusieurs études réalisées par l'ONFP. Cela s'explique par le coût élevé de l'union sacrée. Un constat comme déjà mentionné alarmant pour les sociologues qui n'ont pas les moyens pour effectuer des analyses profondes et mieux comprendre ce phénomène ou cette problématique. Sana FARHAT