C'est dans une ambiance conviviale qu'a eu lieu jeudi dernier, 3 juin, le vernissage de l'exposition du peintre tunisien Férid Ben Yahia à la maison des Arts du Belvédère. « La qualité d'un artiste dépend de la quantité du passé qu'il porte en lui », disait le peintre espagnol Juan Gris. Une telle citation pourrait s'appliquer à Férid Ben Yahia, notre peintre expatrié depuis belle lurette qui nous revient chaque fois, chargé d'une récolte abondante qu'il a faite de l'expérience des hommes et des bouleversements de son temps. Bouleversements qu'il n'a cessé d'observer et d'en rendre compte dans ses œuvres plastiques. Encore une fois, ses trente huit tableaux (huile sur toile et technique mixte) exposés actuellement à la Maison des Arts du Belvédère, témoignent de cet intérêt qu'il porte pour l'histoire, ses joies et ses malheurs, son présent et son devenir, en posant mille et une interrogations à l'injustice, la cruauté, et la barbarie qui règnent sur notre planète. Les tableaux intitulés «Histoire de l'esclavage I, Histoire de l'esclavage II », « Chemin de la liberté » ou « Paix sur terre » viennent à l'appui d'une démonstration de ces peines rencontrés un peu partout dans le monde. Pourtant, demeure une part d'optimisme et de gaîté qui colorent cette exposition, car le peintre nous renvoie au monde de la littérature classique en peignant quelques fameuses aventures de Don Quichotte de la Manche en cinq tableaux. Les scènes de la vie courante ne manquent pas : le visiteur aura l'opportunité d'admirer des tableaux traitant de sujets familiers, tels que : « Chanti el misiria » (chantier de la misère), « L'homme qui tresse un chapeau en palme », « Malouf », « La pause de thé », « Bédouine en voyage » ; toutes ces images où l'on peut lire une certaine mélancolie, voire de la nostalgie. Farid Ben Yahia est né le 9 avril 1951 à Gabès. Dès 1965, il commença à exposer. Cependant, c'est à Paris (où il étudia l'économie politique) qu'il perfectionna son style, approfondit sa pensée et développa ses thèmes de réflexion. « J'étais plus attiré par l'art plastique que par l'économie politique, nous-a-t-il déclaré. J'ai quitté l'université pour me consacrer totalement à la peinture ». Peintre autodidacte, Farid Ben Yahia expose régulièrement ses oeuvres depuis 1975, tant en Tunisie qu'à l'étranger. Si la peinture reste sans aucun doute son domaine de prédilection, il pratique aussi la sculpture et la céramique. Quant à ses tendances artistiques, le peintre se réclame des symbolistes. « Tout en évoquant une réalité, a-t-il expliqué, les formes et les couleurs sont souvent soumises à un effort de déchiffrement et sont sujettes à diverses interprétations ». Hechmi KHALLADI