Le grand débat sur l'orientation universitaire gagne en intensité en cette période de Bac. Trop de chantiers à la fois, trop de zones d'ombre, trop de malentendus peut-être et, surtout, surtout, les fâcheuses conséquences sur la qualité de l'enseignement supérieur à cause de certaines expériences systématiquement ratées. Pas moins de 140 filières sont éliminées. Elles ne mènent nulle part, dit-on. Il est vrai que ces mesures s'accompagnent de la réorientation des " cobayes " pour atténuer les effets d'un phénomène devenu récurrent : Les déchets universitaires ; phénomènes tout aussi réels que la stérilisation des diplômes. Bien des analystes déplorent - surtout parmi les universitaires - que l'université ait perdu temps et argent, à maintenir des filières artificiellement en vie et de n'avoir pas fait machine arrière plus tôt. Nous ne sommes pas totalement de cet avis. L'université tout comme l'école est par définition un vaste champ d'expérimentation où l'enseignement évolue ; des matières nouvelles s'imposent d'elles-mêmes et la prolifération des besoins économiques, l'émergence constante de nouvelles relations socio-économiques, font que ces réformes deviennent impérieuses. Mais cela dit, cela ne doit pas également générer une tendance réformatrice intempestive et pas suffisamment réfléchie. La Tunisie compte des milliers de diplômés au chômage dont plusieurs, depuis un certain temps. Et de surcroît, l'offre universitaire dépasse la demande du marché. Et c'est à ce niveau que se situe l'imbroglio : est-on sûr que le marché n'est pas demandeur ? Est-on sûr qu'il ne peut pas résorber un plus grand taux de demandes d'emploi... Et maintenant qu'on réforme l'université, n'est-il pas temps de réformer le marché ? Un marché opaque, clientéliste, qui fonctionne aux pistons et qui n'intègre toujours pas la culture de l'égalité des chances.