Le Temps-Agences- Le Premier ministre François Fillon a inauguré hier une mosquée en région parisienne, une première dans l'histoire de la République et un geste fort pour tenter de rassurer la communauté musulmane échaudée par les débats sur l'identité nationale et le voile intégral. Entre dattes et thé à la menthe, plusieurs centaines de personnes, dont les principaux responsables de l'islam de France, avaient été réunis à la grande mosquée Al Ihsan d'Argenteuil, ancien garage Renault de 3.000 mètres carrés qui a conservé ses rampes d'accès automobiles, en plus, désormais, d'un minaret. Absent de taille, le ministre de l'Intérieur et des cultes, Brice Hortefeux, pourtant annoncé. Selon Matignon, c'est à la demande du Premier ministre que ce dernier a préféré plancher sur le dossier des collectivités territoriales, en discussion hier soir au Sénat. Une défection jugée "stupéfiante" par le maire socialiste d'Argenteuil Philippe Doucet, qui y a aussitôt vu la marque du "discrédit" qui touche le ministre de l'Intérieur depuis sa condamnation début juin à 750 euros d'amende pour "injure raciale" après des propos sur les Arabes, un jugement dont il a fait appel. C'est donc sans ministre à ses côtés que François Fillon a répété, à une semaine du début du débat parlementaire sur l'interdiction du niqab, que son gouvernement n'entendait aucunement discriminer la deuxième religion de France. "La réalité de l'islam de France aujourd'hui, c'est celle d'un islam de paix et de dialogue", un "islam de juste milieu où le croyant vit sereinement sa foi" dans le respect de la République, a lancé le Premier ministre. "Tirailleurs, spahis, tabors, moi, je n'oublie jamais tous ces soldats épiques, descendus de l'Atlas et des Aurès pour faire don de leurs vies à la France", a poursuivi François Fillon en référence aux combattants, souvent musulmans, des anciennes colonies qui ont lutté sous l'uniforme français. "Aujourd'hui, les personnes de confession musulmane et leurs lieux de culte sont encore trop souvent l'objet de discriminations, et la cible d'agressions que nous ne pouvons tolérer. Oui, il y a en France des actes anti-musulmans", a-t-il embrayé, promettant d'être "intraitable" contre ces faits. Dans le même temps, il a estimé que "l'ennemi de la cohésion nationale" était "le repli clanique et le communautarisme", dont l'une des formes les plus dangereuses était "l'intégrisme religieux". Un pan du discours accueilli plutôt fraîchement par une partie de l'auditoire.