Sport très populaire, phénomène de société, défouloir par excellence pour des centaines de millions voire de milliards d'êtres humains dans le monde, le football dépasse depuis des années le cadre qui devait être le sien, pour devenir à bien des égards, encombrant, envahissant et même dangereux en ce sens que bien des énergies sont délapidées dans un domaine improductif, voire contre productif. Super-médiatisé ce sport, avec ceux qui le pratiquent – devenus des demi-dieux sur terre – est sorti de son cadre de jeu et de spectacle. Le plus préoccupant est que ce sport tel qu'on le conçoit de nos jours est un gouffre d'argent. Un argent qui ne profite qu'à une minorité de privilégiés. Par ailleurs ce sport, depuis que les enjeux financiers sont devenus très importants, il est souvent associé à la corruption, avec les affaires qui éclatent ça et là dans les compétitions les plus huppées et où souvent des personnalités de la haute société y sont impliquées. L'argent est par essence un facteur de corruption, et le football ne semble pas y échapper, avec des matches arrangés, des arbitres soudoyés, des financements occultes, des transferts aux coûts astronomiques. Tout ceci n'a rien à voir avec le sport qu'on nous présente comme une pratique qui met au devant les qualités athlétiques de ses acteurs dans la saine émulation, et les bienfaits sur ceux qui en sont férus. C'est tout le contraire qu'on vérifie à longueur de semaines avec ce spectacle ahurissant de violence dans et en dehors des enceintes du football, avec la tension qu'il fait régner et l'animosité qu'il génère, l'invective, l'insulte que charient les médias qui font échos des déclarations et de contre déclarations de ceux qu'on appelle – à tort d'ailleurs – des dirigeants, ajoutant ainsi au climat de haine faisant des supporters des clubs de véritables ennemis jurés dressés les uns contre les autres dont certains actes sont tout simplement du vandalisme qui met parfois en danger des vies humaines. Des victimes il y en a eu et partout dans le monde, et pourtant on continue à encenser ce sport dans une fuite en avant qui défie tout bon sens. Ce qui se passe aujourd'hui dépasse tout entendement, au point que l'on se demande si cette planète n'était pas devenue folle pour ainsi tolérer l'intolérable. Conception d'un autre âge dira-t-on ? Possible ! Mais, dans toute activité humaine, de quelque genre qu'elle soit, il y a toujours des fondamentaux desquels on ne peut se départir. Les événements ont toujours existé, mais ils ne peuvent être la règle quels que soient les motifs invoqués. Cela dit, la coupe du monde 2010, qui se déroule actuellement en Afrique du Sud nous a permis de mesurer l'ampleur des dégâts causés par le football dans les esprits notamment. Alors que la crise bat son plein et ses effets touchent des populations entières, alors que des catastrophes naturelles frappent dans plusieurs contrées (inondations dans le Var en France et pas moins de 25 morts, intempéries au Brésil et des centaines de victimes et de disparus) on n'a d'yeux que sur le cuir rond ! Inquiétant ! d'autant que la mauvaise performance d'une sélection peut-être perçue comme une véritable « catastrophe nationale ». L'expression n'est pas de nous, elle est celle d'un ministre dont la sélection de son pays a quitté le mondial sans gloire. Les médias pour leur part n'hésitent pas à user d'un langage guerrier pour remonter le moral de la troupe, mais dès que celle-ci trébuche ou se fait tacler par plus fort, elle est mise au pilori : honte disent les Français chance leur rétorquent les British et on ne sait quels équivalents ont ces expressions dans les multiples dialectes d'Afrique dont la quasi-totalité des équipes ont quitté la joute sur la pointe des pieds. Oubliée, la crise, oubliés, le chômage, les conflits armés, les famines qui menacent, rien ne vaut le foot, pourtant ce n'est qu'un jeu de jambes ! Quant à la tête elle est depuis belle lurette à la folie !