Les femmes, c'est connu, trépignent fort tout au long du mois saint, on peut dire qu'il s'agit d'un véritable calvaire pour elles, essentiellement à cause des demandes souvent bizarres de leur entourage, entendez au sein de la famille. Elles ne font dès lors que s'activer au cours du mois du jeûne, se forçant en parallèle à satisfaire toutes les envies. Il leur arrive cependant de penser de temps à autre à elles-mêmes, surtout lorsqu'il s'agit de leur toilette, leur hygiène, en tout cas de leur apparence. Certaines se font toutefois un plaisir, surtout en cette période caniculaire, de s'engouffrer dans la salle de bain, une fois leurs mets préparés, cependant que d'autres, nombreuses également, préfèrent prendre au contraire le chemin du bain-maure et se laisser longuement masser par les femmes assignées à cette tâche. Aussi, cette bonne dame, habitant une des cités du nord-ouest de la capitale, n'a-t-elle pas hésité récemment à se diriger vers le bain-maure du coin afin de se prélasser et se débarrasser des fatigues occasionnées par son activité débordante depuis l'avènement du mois saint. Elle voulait apparemment fuir l'affluence record des derniers jours avant l'arrivée de l'Aïd. Elle était accompagnée à l'occasion de sa fille mariée, mais qui a pris l'habitude de passer ce mois en famille, ainsi que la fille de cette dernière. A leur arrivée, toutes trois ont été accueillies par la gérante de l'établissement, tant elles étaient bien connues dans les environs, réputées également pour appartenir à une famille plus ou moins aisée. Une voisine, qu'elles ont perdu de vue depuis un certain temps, n'a pas manqué de leur réserver un accueil chaleureux, non plus, allant jusqu'à les inviter auprès d'elle, dans sa loge. Ce fut en quelque sorte une opportunité pour les deux femmes de déterrer certains souvenirs, d'autant qu'elles se connaissaient depuis un bon bout de temps, peut-être même depuis de longues années. La voisine en question les avait cependant précédées ; au moment donc de leur arrivée elle était sur le point de quitter les lieux. Ce qui fut fait juste alors que les nouvelles arrivées eurent rejoint les cabines à l'intérieur de l'établissement. Ce n'est qu'à leur sortie que la fille de la dame s'est rendu compte de la disparition de ses bijoux qu'elle a pris le risque de mettre, sachant pourtant qu'il s'agissait d'une entreprise à hauts risques ! Les soupçons des deux femmes se sont d'ailleurs tout de suite dirigés vers la voisine qui s'est éclipsée, à leur avis, assez rapidement. Logique dans ces conditions qu'elles s'empressent de rejoindre le poste de police de la localité afin de déposer plainte à l'encontre de cette voisine, laquelle voisine fut surprise le lendemain par l'arrivée subite des auxiliaires de la justice venus l'interpeller, avant qu'elle ne puisse écouler son butin. Effectivement, les bijoux ont été récupérés chez ladite voisine qui n'a pu dès lors se dérober, avouant dans la foulée son forfait. Une fois l'interrogatoire d'usage terminé, l'indélicate voisine est passée devant un juge d'instruction qui a ordonné sa mise en détention, en attendant bien entendu de passer en jugement. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'elle passera l'Aïd au frais dans une cellule…