C'est un romancier africain qui a déclaré, l'année dernière, qu'il ne reste aux pays pauvres que… la littérature. Etrange que, ce qui était un privilège de pays émancipés, devienne aujourd'hui de la nourriture bas de gamme pour peuplades torturées par la faim ! Faudrait-il comprendre par là que pour accéder aux chemins tortueux de l'essor, il faudrait aux pays retardataires se débarrasser radicalement de la littérature … en supposant qu'ils en maîtrisent et les techniques et le commerce ? Pour ce faire, il faudrait interdire aux prétendants romanciers d'écrire comme bon leur semble, même si c'est déjà fait dans la majorité des contrées où ils évoluent ou plutôt ils végètent. Dans le cas où ils se révoltent, refusent d'obéir et tentent de prendre des chemins de traverse bannis par leurs maîtres, il faudrait leur couper la main avec laquelle ils écrivent. Ce ne serait là que juste châtiment ! S'ils dépassent ce handicap pour écrire avec les orteils, on fera pareil que pour les doigts. On les sectionnerait. Et si cela n'est pas suffisant, qu'ils arrivent à écrire avec les yeux, on leur crèverait ces organes de la vue qui peuvent communiquer à autrui ce qu'ils veulent écrire. Et si tout cela n'est pas apte à les mater, on les jettera au fond des oubliettes, où ils seront coupés de tout contact et privés du moindre moyen artistique de communication. Ces sortes de châtiments ne sont pas nouvelles et les philosophes, poètes, écrivains et autres semeurs de troubles en ont goûté bien avant… et bien après, le Marquis de Sade. Outre ces sévices physiques, on peut leur infliger des punitions morales ou métaphysiques. Aux poètes arabes actuels, ou à ceux qui se prétendent comme tels, il faut retirer les causes fédératrices… à commencer par la cause palestinienne qui a fait couler tant d'encre et enfoncer tant de mains en transes. Quel sujet pourrait inspirer nos poètes si la paix s'instaurait demain dans cette région du Moyen-Orient qui a oublié le goût de la quiétude et du clame depuis la nuit des temps ? Se remettront-ils à chanter l'amour sous toutes ses formes… galantes, romantiques, - physiques ou maladives ??? Et si les pays où ils crèvent à petit feu accédaient au bien être, au confort et aux libertés civiques et philosophiques, nos romanciers et poètes trouveraient-ils des sujets dignes de leurs écrits ? La richesse serait donc l'ennemie de toute création artistique : Que choisir alors ? L'art ou l'argent ? L'artichaut serait l'idéal, surtout s'il prend la forme de notre cœur, et qu'il demeure accessible à nos petites bourses !