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L'Epargne nationale en question
Le dossier economique de ce mardi
Publié dans Le Temps le 26 - 12 - 2006

Assurer le financement à long terme de l'économie nationale est l'objectif recherché par tout opérateur économique, social et financier. En tenant compte des ambitions de libéralisation des secteurs économique et financier du pays et des contraintes de cloisonnement du marché financier, les autorités s'accordent à diversifier les sources de financement à long terme.
Ainsi la bancassurance, l'épargne salariale, l'épargne retraite, la bourse, les fonds communs de placement et d'autres instruments financiers, ont été développés pour atténuer les faiblesses du marché financier et l'insuffisance de l'épargne nationale dans le financement des investissements.
À l'unanimité, les professionnels déplorent la timidité de l'évolution de la Bourse de Tunis ainsi que le rôle jusque-là dérisoire joué par les instruments d'épanouissement sur le marché des capitaux. Les participants au colloque récemment organisé par l'association des diplômés de l'Institution de Financement du Développement du Maghreb Arabe (ADIFID), ont traité de l'état des lieux et des perspectives de développement de la bancassurance, l'épargne salariale et l'épargne retraite.

L'épargne qui est un élément du financement de l'économie est aussi élément important du dynamisme des entreprises tunisiennes et par essence de la croissance. Néanmoins elle demeure cantonnée à une simple source de recettes fiscales. La mobilisation de l'épargne à long terme se place parmi les premiers défis à relever pour un pays qui a décrété l'ouverture de son économie.
L'épargne nationale demeure insuffisante pour résorber le chômage et le marché financier est encore loin des promesses escomptées. Quels sont les freins et quelles sont les issues de secours ?

Déficit de la Caisse Nationale de Retraite
et de Prévoyance sociale
L'évolution du système de l'épargne retraite a montré ses limites et ses défaillances. Le développement démographique et plusieurs autres facteurs explicites et implicites ont contribué au déséquilibre des régimes.
« La Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) est actuellement déficitaire », a déclaré Lotfi Hadj Kacem, Secrétaire Général, Assurance COMAR lors du colloque de l'ADIFID.
Sans naviguer dans les causes implicites et les déclamations qui tournent autour du déficit ou de la situation de déséquilibre des caisses nationales de sécurité sociale, un effort est sans cesse déployé pour rétablir l'équilibre du système de l'épargne retraite.
Pour retrouver le point d'équilibre, il faut que la somme des cotisations excède celle des pensions. Faut-il au préalable tirer-profit des issues existantes.
L'augmentation des cotisations, la diminution des dépenses, la diversité des produits figurent parmi les solutions qui permettent de résoudre l'inéquation entre les pensions et les cotisations.
Selon les professionnels, l'assurance vie est l'un des moyens sûrs qui permet de compléter la retraite obligatoire, d'alimenter la caisse et par ricochet de mobiliser l'épargne à long terme.

Lotfi Haj Kacem, Secrétaire Général de l 'Assurance COMAR au Temps
Et pourquoi pas des systèmes privés pour la couverture des retraités ?
« Le taux de l'épargne national est faiblee. Il ne dépasse pas 22%. L'épargne longue est insuffisante pour le financement de l'économie.
A titre d'exemple l'épargne retraite a dégringolé. La baisse progressive des niveaux de prestations fournies par les caisses nationales de sécurité sociale revient au déficit de leurs régimes qui fonctionnent par répartition. Le nombre de retraités est supérieur au nombre des actifs. Le développement des systèmes privés pour gérer la couverture des retraités est envisageable.
L'assurance vie se présente comme l'un des des moyens favorisant le développement de l'épargne longue. L'assureur collecte cette forme d'épargne pour ensuite l'injecter dans le financement de l'économie et par conséquent des investissements.
Les clients peuvent aujourd'hui acheter les produits d'assurance auprès des banques, des courtiers, des producteurs vie, de la poste et autres.
Néanmoins, le marché reste timide et pour l'impulser il faut réétablir la confiance avec les clients et ce par le biais des banques, améliorer la culture d'assurance vie et sensibiliser davantage les clients.

Des réponses du côté de l'Assurance-vie ?
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Les professionnels déplorent l'insuffisance d'avantages fiscaux et l'absence de statistiques pertinentes
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Estimations : le secteur a réalisé 60 MDT de CA en 2005
Dans la majorité des pays développés dont l'Italie, la France et les Etats-Unis, la part de l'assurance vie et des fonds de pension dans le patrimoine financier des ménages prend de plus en plus de l'ampleur et ce, au détriment des dépôts à vue et à terme. Il s'est avéré que l'assurance-vie joue un rôle prépondérant dans la mobilisation de l'épargne nationale.
La Tunisie s'est orientée à son tour à développer ce produit afin de promouvoir le marché de titres comme mode alternatif de financement de l'économie, de diversifier les produits financiers et d'accumuler la richesse.
Les contrats individuels, les contrats versements périodiques ou à versements libellés, les sorties en capital ou en rente et les contrats en dinars ou en unités de compte, sont les principaux contrats qui ont été développés ces dernières années en Tunisie. Les contrats en unités de compte, par exemple, sont des contrats qui n'ont pas pour référence une monnaie mais des unités de compte, qui peuvent être des parts ou des actions de valeurs mobilières ou immobilières (SICAV, actions, obligations, parts de fonds communs de placements...). Or, ce genre de contrat d'assurance-vie ne peut évoluer que dans le cadre d'un marché financier animé. De même pour les contrats collectifs, où l'employeur apporte sa contribution.
Les assureurs pensent qu'en raison de la réticence du marché de capitaux, la promotion de certains produits d'assurance est prématurée.
Une palette de mesures d'ordres fiscale et réglementaire ont été prises ces dernières années dont l'exonération des cotisations de l'impôt sur les revenus des personnes physiques, l'exonération du capital-décès du droit d'enregistrement sur les successions et l'exonération des primes d'assurance payées par l'employeur.
Néanmoins, les professionnels de la branche déplorent toujours l'insuffisance des avantages fiscaux. Selon les estimations des professionnels, le chiffre d'affaires réalisé par le secteur n'a pas dépassé les 60 MDT en 2005. En plus des résultats insignifiants, les professionnels se lamentent de l'absence de statistiques et de chiffres clés sur le secteur. Or, pour mieux positionner la branche, il est incontournable de connaître son état d'évolution en chiffres de manière à rectifier les écarts entre les objectifs et les réalisations.
Les réalisations de la branche demeurent en deçà des espérances. Actuellement, l'assurance-vie en Tunisie n'a pas tenu à ses promesses notamment à travers la contribution au développement de l'épargne longue.

Comment développer alors l'assurance vie et l'épargne retraite ? . La bancassurance et la poste assurance sont-elles les issues?
Pour développer l'assurance-vie comme instrument de mobilisation de l'épargne nationale, la Tunisie a promulgué en 2002 la loi et la convention cadre sur la bancassurance et plus récemment encore elle a défini le cadre réglementaire de la poste assurance (2004).
Ces opérateurs ont signé des conventions de partenariats avec les compagnies d'assurance et viennent élargir le champ d'activité du secteur de l'assurance.
Il y a lieu de s'interroger sur les origines de développement de la bancassurance et la poste assurance et sur la nature de la relation qui lie les différentes parties.

Les compagnies d'assurances et les bancassurances : entre concurrence et complémentarité
Les banques tunisiennes se sont lancées dans la vente des contrats d'assurance-vie en vertu de la convention de partenariat signé avec les compagnies d'asasurance. La démarche entreprise vise selon les banquiers le maintien de leurs actifs (dépôts) et l'amélioration de leurs marges en offrant de nouveaux produits financiers. Les banquiers tablent sur la réalisation des économies d'échelle, de compléter la gamme des produits d'épargne, d'accroître leur chiffre d'affaires, de globaliser la présentation des services financiers et surtout l'amélioration de leurs produits nets bancaires (PNB).
On a l'impression qu'à travers les contrats d'assurance, les banques essayent de grignoter ces produits financiers de manière à équilibrer leurs bilans.
A travers l'assurance-vie, l'assurance contre les risques agricoles, l'assurance caution et l'assurance assistance, les banquiers ont cherché à maximiser l'offre des produits financiers.
Du côté des assureurs, ils ont cherché à développer leurs réseaux de distribution, à mieux maîtriser leurs frais de distribution, à augmenter leurs parts de marché et à minimiser leurs risques financiers. Les assureurs ont essayé de profiter de la relation de confiance qui existe entre la banque et son client(-chose qui fait défaut entre les assuraeurs et les clients-), pour l'ultime but de favoriser la vente des produits d'assuarnce.
L'approche de bancassurance vise selon les assureurs une meilleure adaptation aux besoins de la clientèle bancaire et un développement des produits d'épargne par les spécialistes des produits financiers.
Les intérêts partagés entre les banquiers et les assureurs ont contribué à un certain développement des produits d'assurance à travers les réseaux bancaires.
Néanmoins, la bancassurance tarde à décoller en Tunisie et des conflits d'intérêt entre compagnies d'assurance et banquiers ont l'air de se déclencher.
Certains déplorent une concurrence entre les deux parties alors que d'autres affirment la prédominance d'une relation de complémentarité.

Côté assureurs :
Pour les assureurs, les produits commercialisés par les banquiers sont limités et n'ont pas dépassé le caractère obligatoire. De ce fait, ils n'ont pas favorisé le développement de l'épargne longue qui est le but recherché par la promulgation de la loi sur la bancassurance.
Les banquiers n'ont pas l'expérience requise pour vendre les produits d'assurance. Mais, ils offrent des prix compétitifs par rapport aux compagnies d'assurance ce qui est de nature à léser leurs intérêts.
Une relation conflictuelle est née entre les deux parties contractantes et partenaires.

Côté banquiers :
Les banquiers ont une possibilité plus large de communication avec les clients. Les assureurs n'ont pas une très bonne image chez leurs clients. C'est une question de culture et de confiance.
Pour les banquiers, la vente de contrats d'assurance leur permet de fidéliser ou de « conserver » le client. Dans la majorité des cas et après avoir octroyé un emprunt ou un crédit à son client, le banquier profite de l'occasion et lui présente un produit d'assurance. Cette pratique permet au banquier de réduire au maximum le risque de volatilité de sa clientèle.
Le banquier arrive à vendre le produit d'assurance moins cher que l'assureur, d'où une perte de compétitivité chez les compagnies d'assurance. En plus, les banquiers n'ont pas la capacité de gérer certains produits d'assurance en raison de leurs délicatesse et compléxité.
Pour d'autres, le réseau bancaire n'est pas un concurrent pour les compagnies d'assurance. Il agit en industriel afin de réduire les frais de distribution des compagnies d'assurance. Les banquiers sont des actionnaires chez les assurances et vise versa.
A cet égard, Ahmed El Karam ; PDG d'Amen BANK affirme : « Il n' y a pas de concurrence, la banque ajoute un plus avec partage de commissions, mais chacun trouve son compte ».
A côté des banques, la loi des finances pour l'année 2004 a autorisé à la poste tunisienne la commercialisation des contrats d'assurance à travers une convention cadre postassurance. Le premier produit d'assurance vie capitalisation bourse d'étude : « Minha » a été lancé en janvier 2006 et le premier produit d'assurance vie capitalisation complément de retraite « Motmen » a été lancé au mois de juillet 2006.
Malgré les efforts des uns et des autres : l' « assurance-vie s'achète rarement », a affirmé Bernard Collin de NATIXIS, actionnaire d'assurances BIAT.

Clés de succès : convergence d'intérêts, souplesse réglementaire, marketing adapté , dynamisation du marché financier, transparence des tarifs...
Ainsi pour développer les produits d'assurance, notamment, le contrat d'assurance-vie, un mariage entre les banquiers et les assureurs est envisageable. La fusion pourrait être un moyen d'impulsion du marché de l'assurance.
Pour réussir dans le secteur, les banquiers ont besoin d'un système d'apprentissage ou de formation.
Conformément aux propos avancés par Selima Boukhris, responsable Bnacassurance à Attijari Bank, les facteurs clés de succès de la branche réside pour l'essentiel dans la modification de la réglementation en vigueur, le développement de la fiscalité, l'intégration complète de l'assurance dans l'ensemble des services de la banque, l'adaptation des produits d'assurance bancaires aux besoins des clients et l'offre d'un produit à la fois simple et complet.
Traitant des perspectives d'avenir de la bancassurance, la responsable assurance à Attijari Bank s'attend à un développment rapide de la bancassurance en Tunisie pour enregistrer un taux de croissance annuel de 20% et une part de marché excédent de 8%.
Le développement de la bancassurance est tributaire du renforcement de groupe banque-assurance et de la création de nouvelles sociétés de financement.
Ce n'est pas tout, puisque le développement de la branche dépend aussi de la convergence des intérêts entre assureurs et banquiers et la vulgarisation d'une relation de partenariat entre les deux parties.
Les clés de succès de la branche résident donc dans la simplicité du produit, la stratégie marketing adéquate, la transparence de la tarification pour le client final, la dynamisation du marché financier et une plus grande complémentarité entre les banquiers et les compagnies d'assurance.
Pour développer le secteur et pour accomplir les missions qui lui sont assignés, il convient de promouvoir les produits de l'épargne longue et non pas la transformation de l'épargne bancaire en épargne d'assurance comme est c'est le cas actuellement.


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