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La machine à poison
Nouvelle
Publié dans Le Temps le 27 - 02 - 2011

La nouvelle était vraiment de taille. Toute la presse écrite et audio-visuelle du pays (et même étrangère) s'en était saisie. Elle avait fait renaître l'espoir et de la joie dans le cœur de milliers, voire de millions, d'oisifs et de chômeurs longue durée de nos contrées… par ces temps où trouver du travail relevait pour la plupart des damnés de la terre du miracle ou de l'utopie : “La commission Supérieure des Anes“ organise un concours pour le recrutement de 30 professeurs «bourricotiques» (terme nouvellement issu de « Bourricot » synonyme d'âne.
Outre les diplômes de haut standing que nécessitait l'obtention d'un tel poste, l'annonce précisait qu'il fallait avoir le physique de l'emploi.
Pour les diplômes, je n'avais aucun problème -étant un âne né et les ânes ne changent pas avec le temps- j'avais passé toute mon ânesse de vie (comme on dit chienne de vie) à amasser les certificats, les maîtrises, les doctorats et les divers diplômes techniques ou artistiques.
Mais côté physique, il y avait hic. J'avais bien peur de ne pas avoir le profil qu'il fallait.
Qu'à cela ne tienne. J'étais prêt à tout pour obtenir ce poste de professeur ânier et la science ayant heureusement si bien évolué, je n'avais qu'à suivre le même chemin que toute personne pas vraiment gâtée par la nature. Une seule solution avoir recours à la chirurgie esthétique.
Ayant vendu au rabais tout l'héritage que m'ont légué défunts parents au Souk de la Khorda, héritage qui se résumait à mon identité, à ma dignité et à ma grande histoire de laissé-pour-compte, je me pointais chez le chirurgien esthétique de mon quartier… après avoir pris soin de prendre avec moi toutes les économies que j'ai pu sauvegarder durant toute mon ânesse de vie. C'est-à-dire un couffin d'échecs et une multitude de coup de bâtons et de clous enfoncés dans ma chair.
A ma grande stupéfaction, le chirurgien esthétique était vieux et moche. Mais rien qu'à le sentir, on comprenait qu'il était riche. Cela implique qu'il n'avait aucun besoin de recourir à la chirurgie esthétique puisque les riches sont automatiquement beaux même quand ils sont moches.
Oui, la chirurgie esthétique comme la nostalgie n'est plus, hélas, ce qu'elle était. Les riches la dédaignent, elle n'est plus aujourd'hui qu'une méthode leur permettant de dévaliser et d'appauvrir encore plus les pauvres.. ; Surtout ceux qui s'entêtent à vouloir accéder à une fonction à n'importe quel prix. Car sans fonction, on n'existe pas.
-Pour quel métier vas-tu concourir ? me demanda le docteur.
-Celui de la « Commission Supérieure des Anes » ; dis-je avec fierté.
Je voudrais devenir un professeur ânier.
-Comme tous tes semblables, fit-il remarquer avec mépris. J'ai effectué pas moins de deux mille opérations du genre rien que cette semaine… Qu'à cela ne tienne. Vu le budget que vous avez en poche ; la métamorphose de votre physique ridicule ne peut être qu'une caricature ratée de la chirurgie esthétique. Je vais pour ce faire me contenter d'utiliser quelques fruits et légumes avariés.
Il entama son art de jouer du bistouri et de l'aiguille avec la rapidité de l'éclair. Je fus dépouillé de mon illustre physique et métamorphosé en moins d'un quart d'heure en véritable prétendant-perdant à un poste hautement aléatoire de professeur ânier. Faut-il vous signalez que tous les fruits et légumes utilisés par le docteur étaient en plastique ou l'auriez- vous déjà compris?
Je me regardais dans la glace. Je ne me reconnus pas, mais il me semblait que j'avais enfin, le physique de l'emploi. Je remerciais le docteur, lui donnais toutes les économies de mon ânesse de vie, ma dignité, mon identité et mon histoire de perdant et me hâtais de rejoindre le siège de la Commission Supérieure des Anes pour passer mon adorable concours.
Un bataillon de chaouchs se dressa sur mon passage devant l'entrée du dit siège.
- Tu viens sûrement pour le concours de la Commission Supérieure des Anes, me demanda celui qui semblait en être le chef.
- Oui, dis-je avec fierté. C'est bien ici qu'elle siège n'est-ce pas?
- Qu'elle siégeait, précisa-il. Cette commission n'existe plus depuis ce matin. On l'a remplacée par une autre nommée « La Commission Générale des Vipères et des Scorpions Réunis » !
J'étais légèrement déçu, mais ne perdis pas espoir pour autant.
- Et est-ce que l'honorable «Commission générale des Vipères et des Scorpions» va organiser un concours, demandais-je.
- Evidemment, dit-il, et il y a les mêmes conditions que les précédentes : les divers diplômes que tout le monde possède et, surtout, le physique de l'emploi.
Je repartis joyeux. Dès demain je recommencerais, à économiser pour subir ma trente-troisième opération esthétique. J'étais heureux malgré cet étrange sentiment de désarroi provoqué sûrement par l'embarras du choix ; chose à laquelle je n'étais pas habitué : qu'allais-je devenir : Scorpion ou vipère ?
Terrible dilemme !
Mais ne vous inquiétez pas. J'ai plus d'un tour dans mon sac et je vais vite trouver une solution à ce léger obstacle de parcours.
Je pense même avoir une préférence : être scorpion, c'est très cruel et c'est bon ; quoiqu'être vipère, ce n'est pas mal non plus, question cruauté. Ça y est : j'ai la solution qui va me rendre doublement cruel et me faire profiter des bienfaits de ces deux entités. Je métamorphoserais le haut de mon corps en vipère pour sa langue fourchue et vénimeuse et le bas en scorpion pour la virulence de son dard.
Je serais enfin, une formidable machine à produire du poison !


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